Dernier joueur à avoir inscrit un but avec l’Union Saint-Gilloise en D1 belge, le président de la FLF est un homme heureux : «son» club remonte.
Le week-end dernier, dans les dizaines de messages qu’Anthony Moris, gardien de l’Union Saint-Gilloise, a reçu pour le féliciter de la remontée du club parmi l’élite après 48 ans d’absence, s’en nichait un particulièrement émotif. Le portier des Roud Léiwen l’avait bien repéré, mais il avait aussi avoué, dimanche matin, ne pas avoir «encore eu le temps de regarder». Il l’a trouvé, lundi, au moment de repartir à l’entraînement. Que disait donc Paul Philipp, son président de la FLF ?
«C’était un message long, et sincère», confesse Moris, qui gardera pour lui, par pudeur, les mots du patron de la fédération, mais les synthétiseraient comme ça : «Il était très touché car énormément attaché à ce club. Et très heureux pour moi, des efforts et du travail après mes galères pour me retrouver en D1/A avec son club.» «Son» club.
Paul Philipp l’a d’ailleurs dit un peu comme ça à nos confrères de La Dernière Heure, qui ne s’attendaient sans doute pas à une telle profusion de détails en allant frapper à sa porte, 48 ans après la relégation de ce club mythique. Il faut dire que débarqué en 1969 à l’âge de 18 ans, courtisé par le Standard mais un peu contraint de rejoindre l’Union parce que son père voulait le voir poursuivre ses études dans la capitale belge (et que Louis Pilot lui avait conseillé cette étape avant de rejoindre Sclessin), Paul Philipp fait partie de la famille. «J’ai vécu neuf saisons dans la capitale. Je ne suis pas Bruxellois mais je suis devenu Unioniste avec le temps ! J’ai grandi, j’ai été chouchouté, dorloté pendant plusieurs saisons. C’est mon club de cœur! Pour tout vous dire, dès que je viens à Bruxelles, je passe toujours devant le stade pour voir si tout va bien» a-t-il indiqué à La DH.
Le football à une autre époque
Sous les ordres de Guy Thys, Paul Philipp a vécu le football à une autre époque. Lors des derbys contre Molenbeek (comme celui qui vient de permettre à l’Union de remonter), les supporters allaient à pied d’un stade à l’autre en portant un cercueil recouvert du drapeau de l’adversaire. C’est dans ce genre de contexte que le président de la FLF aura été, en 1973, le tout dernier buteur du club parmi l’élite. Un crève-cœur qu’il raconte encore aujourd’hui avec émotion : «Quel gâchis! Cette dernière saison en D1 était très frustrante car nous avions réellement une équipe pour jouer le top 5. Sportivement, cela se passait mal mais nous étions très unis et le moral était au beau fixe. Il n’y avait pas spécialement la pression du résultat que l’on peut connaître dans des clubs comme le Standard, Bruges voire Anderlecht. On ne se rendait alors pas compte du désastre que l’on avait causé à l’époque. On avait encore notre sort entre les mains à quelques journées de la fin de saison. On se battait avec Diest pour ne pas descendre. L’avant-dernier match de la saison se jouait contre eux et nous avons perdu devant notre public (0-1). C’était fini. Le dernier match de la saison face au Beerschot comptait pour du beurre, mais nous quittions la D1 sur le score de 1-1. Petit lot de consolation, j’avais inscrit, sur coup franc, le dernier but du club dans la division.»
Incapable de quitter le club là-dessus, Philipp restera une année supplémentaire, en D2 («Je ne voulais pas partir comme un voleur»), avant de rejoindre le Standard de Liège de 1974 à 1976… avant de revenir au Parc Duden, attiré irrésistiblement par son ambiance «familiale». Aujourd’hui, c’est avec émotion qu’il espère voir l’Union Saint-Gilloise pérenniser son retour en Jupiler Pro League, histoire de retourner avec stade Marien la larme à l’œil, voir ressusciter une vieille histoire qu’il avait enterrée le 6 mai 1973, à Anvers sur un coup franc dont il se souvient encore comme d’une brûlure plutôt que comme une joie.
Julien Mollereau