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«Bleift Doheem» : retour sur le choc du confinement au Luxembourg


Du jour au lendemain, les rues et les routes du pays se sont vidées. (archives Editpress)

Trois jours après la Belgique et un jour après la France, le Premier ministre, Xavier Bettel, annonce, le dimanche 15 mars 2020, le confinement du pays en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19.

«Les mesures que nous prenons sont sérieuses et vont loin, mais cela est nécessaire et justifié.» Dimanche 15 mars 2020 en fin d’après-midi, à l’issue d’un conseil de gouvernement extraordinaire qui a joué les prolongations, le Premier ministre, Xavier Bettel, accompagné par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, engage le confinement du pays. Ce jour-là à minuit, les écoles, les commerces non essentiels, les restaurants ou encore les bars ferment leurs portes. Toutes les activités culturelles, festives et sportives restent annulées jusqu’à nouvel ordre. Musées, cinémas, salles de fitness, stades, piscines et halls sportifs restent aussi fermés. En parallèle, le gouvernement impose une limitation des déplacements. Seules les sorties pour aller faire ses courses, se rendre chez le médecin, aller à la pharmacie et aller au travail resteront autorisées. Le recours au télétravail est fortement recommandé.

À partir du lundi 16 mars, le pays commence à tourner au ralenti. Les rues et les routes sont (quasiment) vides. La lutte contre le Covid-19 commence alors que le premier cas est apparu dans le pays le 29 février 2020 et le premier décès lié au Covid-19 a été annoncé le 13 mars 2020 (la victime avait 94 ans). 

Le mardi 17 mars 2020, le gouvernement se présente à la Chambre des députés. Le Premier ministre, Xavier Bettel, décrète l’état d’urgence. Ce dispositif inédit, inscrit dans la Constitution, permet au gouvernement de prendre des décisions dans l’urgence sans devoir passer par le Conseil d’État et la Chambre des députés. «Restez à la maison», implore Xavier Bettel en s’adressant à la population. Le 21 mars, la Chambre valide à l’unanimité la prolongation de l’état de crise pour la durée maximale de 3 mois.

Dans les jours qui suivent, les membres du gouvernement se succèdent pour présenter et détailler la stratégie de lutte contre le Covid-19. Par exemple, le 25 mars, le gouvernement annonce que 8,8 milliards d’euros vont être débloqués pour aider les entreprises. Fin mars, 29 personnes sont décédées des suites de leur infection au coronavirus et un mois après l’apparition du premier cas sur le territoire, le pays dénombre plus de 2 300 cas positifs.

«Le virus n’est pas de l’histoire ancienne»

Le gouvernement n’est pas seul à agir. De nombreuses communes mettent en place des services de livraisons à domicile pour les plus vulnérables. Dans la société civile, la solidarité s’organise aussi pour venir en aide aux plus vulnérables et de nombreuses initiatives sont lancées dès le début du confinement. 

Le 8 avril, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, fait passer un règlement «portant autorisation du port de masques d’hygiène et masques de protection respiratoire dans l’espace public». Et au fil des jours, les mesures prises semblent porter leurs fruits : le nombre d’infections baisse petit à petit.

Le déconfinement se met en place. Il se fera par étapes. Les chantiers sont les premiers à reprendre le 20 avril. Et tour à tour, les écoles, les commerces, les cafés, les restaurants… rouvrent leurs portes tout au long du mois de mai. Et en juin, les restrictions s’assouplissent les unes après les autres quand l’état de crise prend fin le 22 juin. Mais la ministre de la Santé, Paulette Lenert, prévient : «Nous disposons de la meilleure situation possible pour avancer. Mais le virus, ce n’est pas de l’histoire ancienne.»

Oui, le Covid-19 est toujours là. Et au début de l’été, le nombre d’infections augmente et des mesures sont à nouveau prises. Et  puis, une deuxième vague a déferlé sur le pays, comme ailleurs en Europe, au courant des mois d’octobre et novembre – plus violent que la première vague comme en témoigne le graphique ci-dessous. Un nouveau confinement total n’est pas décrété, mais de nombreuses mesures restrictives sont prises dans le cadre de la loi Covid. Par exemple, le couvre-feu (de 21h à 6h) entre en vigueur le 28 octobre : jamais pareille mesure n’avait été prise depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Le pic absolu est atteint le 17 novembre avec 891 infections en 24 heures. Les hôpitaux atteignent leurs limites avec plus de 220 patients, dont plus de 40 en soins intensifs. Ils entrent en phase 4 : du jamais vu. Résultat des courses : le Luxembourg est contraint d’entrer dans un reconfinement partiel avec une forte réduction des contacts (bulle de 2 personnes) et une fermeture de l’Horeca, des théâtres et des cinémas.

Alors que les craintes d’un rebond au cours des fêtes de fin d’année ne sont pas devenues une réalité, il y a des cas positifs chaque jour. Et même si la campagne de vaccination a débuté fin décembre, la menace d’une troisième vague est toujours d’actualité. Résultat : aujourd’hui on ne parle plus de confinement, mais la population doit toujours respecter un certain nombre de restrictions. 

Guillaume Chassaing

Les restrictions jusqu’au 2 avril

COUVRE-FEU. Il est interdit de circuler sur la voie publique entre 23h et 6h.

EN PRIVÉ. Le nombre d’invités par ménage est limité à 2 convives maximum issus d’un même foyer.

ÉCOLES. Les écoles et structures d’accueil sont ouvertes. Dans les lycées (classes supérieures), l’enseignement se fait en alternance.

COMMERCES. La limitation «1 client par 10 m²» et l’interdiction de consommer boissons et mets dans les galeries marchandes sont confirmées.

HORECA. La fermeture des cafés et restaurants est prolongée jusqu’au 2 avril. La livraison de repas et le service à emporter sont autorisés. La consommation d’alcool sur la voie publique reste interdite.

CULTURE. Les établissements culturels (théâtres, cinémas…) sont ouverts sous condition de respecter des conditions strictes : maximum de 100 personnes, port du masque et places assises avec deux mètres de distance.

SPORT. Les infrastructures sportives (piscines, salles de fitness et écoles de danse incluses) sont ouvertes à la condition de respecter des restrictions strictes.

MASQUE ET RASSEMBLEMENTS. Le port du masque à l’intérieur (transports publics compris) est obligatoire. Lors de tout rassemblement de plus de 4 personnes, le masque et la distanciation sont obligatoires. Entre 10 et un maximum de 100, les personnes doivent en plus être assises.