Le demi-fondeur luxembourgeois, éliminé de justesse après les séries du 1500 m, jeudi soir aux championnats d’Europe de Torun, revient sur sa compétition. Avec une pointe de regrets. Car la forme est là.
Comment analysez-vous votre course, on vous a vu faire beaucoup de chemin, est-ce que ça a pu vous pénaliser?
Charel Grethen : C’est vrai que j’ai fait beaucoup de chemin à l’extérieur. Mais une course comme cela, c’est dur. Soit tu fais l’extérieur, soit tu restes à l’intérieur mais en prenant le risque d’être coincé et de ne pas pouvoir sortir ou de ne pas pouvoir réagir si, par exemple, quelqu’un place une accélération devant. Maintenant, c’est sûr que faire plus de chemin, ça me coûte de l’énergie.
Et vous n’avez pas vraiment eu de chance avec le tirage, en héritant de la première série?
C’est vraiment dommage. Mais bon, en même temps je m’y suis habitué, cela fait trois fois de suite que je me retrouve aux championnats d’Europe à la première série. C’était le cas à Berlin, à Glasgow, il doit y avoir quelqu’un chez European Athletics qui ne m’aime pas (il rit).
Finalement, vous échouez de très peu?
Oui, d’autant plus que suite à une disqualification, je suis le premier non qualifié pour la finale. Mais j’étais dans une série très forte et j’ai réussi à battre des gars très rapides comme Ingebrigtsen, qui n’a fait qu’une seule sortie cet hiver mais qui vaut bien mieux que 3’40 » et le Français Mischler. Devant, les deux étaient très forts mais ma course confirme que je suis en forme. C’est prometteur pour l’outdoor.
On vous sent un brin déçu?
Bien sûr. Sur d’autres séries, des gars que je bats toute la saison se sont qualifiés. Mais dans un championnat, tous les détails comptent : l’entraînement, bien sûr mais également la nutrition ou encore le voyage. Nos adversaires sont tous arrivés mardi ici alors que nous on a fait un trajet super long le mercredi. On était à l’hôtel à seulement 22 h. C’est forcément un désavantage pour nous. Et quand on voit que ça se joue à quelques dixièmes… Il fallait être dans les meilleures conditions pour être performants. Et malheureusement, ce n’était pas le cas.
«Je peux être content de ma saison»
Quel est votre état d’esprit?
Bien sûr, c’est dommage. Mais je peux être content de ma saison. Je revenais d’une longue période sans compétition, j’ai réussi à battre trois fois le record national, j’échoue de pas grand-chose pour la qualification en finale. Ça donne de la motivation pour la saison en outdoor.
C’en est terminé de l’indoor? Pas de championnats nationaux pour vous?
Oui c’est terminé. Je vais prendre un peu de repos. D’ailleurs, je ne sais pas si les championnats nationaux seront maintenant. Mais je préfère me concentrer d’ores et déjà sur la récupération avant la saison en extérieur. Je vise une qualification pour les JO, je ne peux pas trop me disperser, je dois me concentrer sur mes objectifs.
Pouvez-vous nous rappeler les modalités pour aller à Tokyo?
Il y a deux manières de se qualifier. Soit vous réalisez les minima, qui sont de 3’35″00 mais ça c’est pour le Top 15 du monde. Soit vous passez par le World Ranking et dans ce cas, il faut être classé aux alentours de la 45e place mondiale pour aller à Tokyo. Pour l’heure, mon record en outdoor (NDLR : 3’39″02 en 2017) est plus élevé que celui en salle (3’38″65), je sais que je peux l’améliorer, toute la question est de savoir de combien.
Et plus la compétition est forte, plus il y a de points à prendre?
Oui. Pour le World Ranking, c’est plus intéressant de courir sur les gros meetings comme la Diamond League mais c’est dur de rentrer dans ces niveaux. En revanche, Continental Cup, Golden Label, c’est plus réaliste. Je dois voir avec mon manageur mais je pense qu’une rentrée à la mi-mai est quelque chose d’envisageable.
Recueilli par Romain Haas