Barcelone a fait une « grosse erreur » en cédant Luis Suarez à l’Atlético Madrid, a déclaré son compatriote uruguayen Diego Forlan. Et pour l’ex-attaquant des « Colchoneros », ces derniers ont désormais « complètement effacé » leur statut d’éternels deuxièmes avant le derby madrilène Atlético-Real dimanche en Liga.
Le Barça a-t-il fait une erreur en transférant votre compatriote Luis Suarez (34 ans) à l’Atlético, un adversaire direct sur plusieurs tableaux ?
Diego Forlan : Bien sûr que c’était une erreur. Dès que Barcelone a dit qu’il était sur la liste des transferts, j’ai su que c’était une erreur. C’était juste évident que c’était encore un joueur très important de cette équipe, ça se voyait. Il marque, fait des passes, et c’est aussi joueur avec un gros impact en dehors du terrain aussi. Ça se voit qu’il leur manque. C’est comme quand Cristiano Ronaldo avait quitté le Real Madrid. Ce n’était pas juste Cristiano Ronaldo qui partait, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football… C’était aussi 50 buts par an. 50 buts !
Suarez cherche-t-il désormais à prouver au Barça qu’ils ont eu tort de le vendre ?
Je crois que quiconque aimerait prouver aux gens qu’ils ont eu tort dans cette situation. Quand tu es puni pour quelque chose que tu n’as pas fait, quand tu es toujours au top physiquement, que tu joues bien, bien sûr que ton objectif c’est de prouver que tu peux toujours être performant. Désormais, il joue bien, dans un club qui lutte pour le titre, et avec l’Uruguay il va disputer la Coupe du monde (en 2022), qui sera peut-être sa dernière. Il a encore beaucoup d’objectifs à accomplir. Luis a encore beaucoup de choses à donner.
Maintenant que Suarez a quitté la Catalogne, pensez-vous que Lionel Messi pourrait aussi quitter le Barça ?
Dans la vie, personne n’est indispensable. Personne. Pas même Messi. Je sais que c’est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football, mais un autre joueur viendra. (S’il part), la Liga s’adaptera. Peut-être que (Kylian) Mbappé viendra. Peut-être que (Erling) Haaland viendra. Barcelone a profité de Messi pendant très longtemps, il a gagné tant de titres et battu tant de records… mais le FC Barcelone existait avant Messi. Ils ont eu Cruyff, Ronaldo, Ronaldinho… Et il continuera à vivre après.
Suarez profite-t-il du fait que la pression des résultats est moins pesante à l’Atlético qu’à Barcelone ?
Si le Barça ou le Real Madrid ont une année de transition et qu’ils ne gagnent rien, ce sera considéré comme un échec. L’Atlético a cet avantage : il y a plus de patience, il n’y a pas la même pression qu’à Barcelone ou au Real Madrid, qui doivent gagner tous les ans.
Personne n’aime affronter l’Atlético
Votre arrivée à l’Atlético en 2007 a coïncidé avec le retour au premier plan continental du club… Les « Colchoneros » ont-ils cessé d’être des éternels deuxièmes ?
Il y avait toujours cette impression que « tout pourrait aller bien, mais tout le monde s’attend au pire ». Quand je suis arrivé, on a voulu changer cette mentalité plus que tout. Et quand (l’entraîneur Diego) Simeone est arrivé (en 2011), je crois qu’ils ont complètement effacé ça. L’Atlético est une équipe forte, un grand club, avec un très beau stade. Ils se battent pour un deuxième titre en Liga sous l’ère Simeone. Personne n’aime affronter l’Atlético, que ce soit en Liga ou en Ligue des champions. Ils ont gagné ce respect, par tout ce qu’ils ont bâti. Cet esprit pessimiste doit être oublié. Ils perdent deux finales de Ligues des champions de justesse (NDLR : en 2014 et 2016). Ils ont gagné la Coupe du Roi, la Ligue Europa, la Liga, la Supercoupe d’Espagne… Cette équipe sait gagner. Parfois, bien sûr, il t’arrive de perdre. Mais pour eux, ce serait une erreur désormais de toujours penser au pire.
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l’Atlético (2007-2011) ?
Que du bonheur. On a eu de bons et de mauvais moments. On est arrivés après une période sombre, où tout était négatif. On a fait de bons matches, de moins bons matches, et ça a été difficile de changer cette culture. On s’est qualifié pour la Ligue des champions deux fois de rang (2008 et 2009), puis on a gagné la Ligue Europa (2010), et à ce moment-là on a changé le destin du club. Ça a été une grosse étape pour nous et pour le club. Ça a été le début de quelque chose.
AFP/LQ