La Banque centrale allemande a annoncé mercredi un résultat net nul en 2020, une première depuis 1979 sur fond de politique monétaire expansive de la BCE qui a accru la couverture du risque au bilan.
En 2019, la Bundesbank avait enregistré un gain pléthorique de 5,9 milliards d’euros, selon un communiqué.
« Les mesures globales de politique monétaire ont accru les risques liés au bilan, ce qui se reflète également dans nos états financiers annuels », a déclaré le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, lors de la conférence de presse annuelle de l’institut.
En particulier, la dotation de provision pour risques a été augmentée de 2,4 milliards d’euros, pour porter son total à 18,8 milliards au bilan.
Par conséquent, la « Buba » ne reversera pas cette année de dividendes au budget de l’État fédéral, lui-même attendu en large déficit sur fond de pandémie du Covid-19.
La fonte du bénéfice de la banque centrale est en partie la conséquence d’un « risque de défaut » en augmentation du fait de rachats de « gros volumes d’obligations d’entreprises ».
La Banque fédérale allemande aura été le plus gros acheteur net de titres publics et privés en zone euro l’an dernier, avec un total de 221 milliards, principalement via le programme d’urgence « PEPP » lancé en mars 2020 par la BCE pour affronter la crise du Covid.
La Banque centrale européenne veut ainsi garantir de bonnes conditions de financement dans l’économie partout dans la zone euro.
« Il est nécessaire de faire des provisions comptables »
Par ailleurs, les banques, auxquelles ces titres ont été rachetés, ont pour une bonne part laissé leurs liquidités dormir au guichet de la banque centrale, où elles ont été taxées au taux négatif de 0,50%, au lieu de les distribuer dans l’économie.
Si la Bundesbank anticipe qu’elle va continuer de percevoir pendant longtemps des produits d’intérêts faibles sur son portefeuille de titres ramassés sur le marché, les taux négatifs prélevés sur les dépôts finiront eux par se transformer en charges d’intérêts une fois que la BCE aura relevé ses taux directeurs.
« Pour cela, il est nécessaire de faire des provisions comptables », a expliqué Jens Weidmann.
La Bundesbank s’attend pour l’année en cours à « une nouvelle augmentation de la provision pour risques, d’autant plus qu’aucun changement fondamental de la situation de risque n’est attendu », conclut le banquier central.
AFP/LQ