Ettelbruck se remet lentement à devenir crédible. Il le doit en partie à son double buteur de dimanche à Rosport, le tout jeune Téo Herr.
C’est peut-être à ce genre de minuscule détail qu’on sait que Neil Pattison est l’entraîneur qui colle le plus justement à l’ADN ettelbruckois, en ce moment : au moment de présenter sa recrue hivernale, l’attaquant Téo Herr, 20 ans depuis 15 jours, il n’a pas cherché à surjouer ce qu’il attendait au niveau statistique. Non, il s’est contenté de balancer, dans un grand sourire, que ce garçon était «totalement dévoué à l’équipe» et qu’il «travaille pour le collectif». On a connu plus sexy comme conférence de presse téléphonique, mais l’idée est là : Herr se définit d’ailleurs lui-même comme un besogneux, même après son très joli doublé à Rosport, dimanche.
«Franchement, pour moi, le foot moderne, c’est défensif, même pour les joueurs offensifs, assène l’ancien pensionnaire du centre de formation du FC Metz. Il y a beaucoup d’attaquants qui ne savent pas défendre ou qui oublient souvent. À ce niveau-là, l’Allemagne m’a fait évoluer : à Sarrebruck, on ne me parlait que de ça, on me demandait tout le temps de presser les défenseurs. Bref, si je ne défendais pas, je ne faisais pas le boulot.» En 3e Bundesliga, malgré toute sa bonne volonté de petit jeune qui s’élance dans le monde pro, il ne réussira pas à faire le pas, malgré le soutien de… Maurice Deville, «un gars très correct», qui lui fait régulièrement les traductions à l’entraînement.
Non mais l’UNFP, c’était juste pour faire assurer mes jambes…
Ce gaillard de 1,85 m pour 75 kilos, a donc «fait un choix de carrière» cet hiver. Courageux puisqu’il disposait d’un contrat d’une saison et demie en Allemagne. Le lâcher pour rejoindre Ettelbruck en D1 luxembourgeoise dans le cadre d’un contrat de six mois seulement, retourner vivre chez ses parents à Florange «qui lui manquaient», démontre une volonté de privilégier le football. Lui qui a côtoyé le néo-Niederkornois Bilal Hend au centre de formation grenat (ainsi que Vincent Thill), mais aussi le… néo-Niederkornois Ryad Habbas à Lille (où il a été transféré en 2017 à l’issue du célèbre tournoi de Montaigu, qu’il avait fini en position de meilleur buteur), a quand même bien apprécié de retrouver la lumière à la Party-Rent Arena. «Cela m’a fait énormément de bien au moral. Je retrouve lentement des sensations. C’est ce que je cherchais : du temps de jeu et je suis content que ce soit là, dans cette équipe de guerriers, qui se bat à chaque match. Et ça, c’est mon style!».
Herr s’est promis de boire «beaucoup d’eau» pour récupérer et enchaîner. Etzella a déjà remis la main sur Mondorf, avec qui il partage les mêmes statistiques et qu’il va recevoir dimanche, après un déplacement à Pétange. Faudrait pas que sa nouvelle pépite offensive se blesse, même si un bref passage dans les rangs de l’UNFP, le syndicat des joueurs professionnels français, lui a servi à prendre des garanties. «Non mais l’UNFP, c’était juste pour assurer mes jambes, en cas de blessure. Beaucoup de pros font ça. Mais je ne crois pas que cela marche encore maintenant que je suis en BGL Ligue». De toute façon, apparemment, ses jambes sont de feu…
Julien Mollereau