Fin janvier 2018, un trentenaire avait été détroussé dans son appartement à Rodange. Trois hommes et une femme se sont retrouvés à la barre de la chambre criminelle. Ils ont été condamnés jeudi après-midi à des peines de réclusion.
«Moi je ne voulais pas les voir. Ils se sont énervés. Ils ont cassé la porte, tapé dans le mur jusqu’à faire un trou…» Ils étaient trois à avoir fait irruption dans l’appartement à Rodange cette nuit du 24 au 25 janvier 2018. À la barre, la victime, âgée alors de 35 ans, avait expliqué comment le trio avait défoncé sa porte pour ensuite la détrousser.
«Hamza m’a arraché le portefeuille, avec 170 euros il me semble. Il voulait aussi que je lui donne ma bagnole et que je signe un papier comme quoi elle lui appartient…» Avec deux haut-parleurs et son ordinateur «comme garantie», les trois hommes avaient finalement quitté l’appartement avec la victime… qu’ils avaient embarquée jusqu’à Differdange en voiture. «Ils voulaient que je signe le contrat de cession dans un truc où il y a des ordinateurs. Mais le truc était fermé. Donc ils m’ont ramené chez moi…»
Il était question d’un règlement de comptes. Apparemment pour quelques grammes de cocaïne. «Hamza voulait récupérer son argent. Mais pour moi, la dette était réglée. Comme je l’avais hébergé chez moi», avait précisé la victime.
Des peines plus lourdes que celles requises
Le trentenaire n’avait pas demandé de dommages intérêts à ses agresseurs. Ces derniers n’échappent toutefois pas aux sanctions pénales. Les peines prononcées, jeudi après-midi, par la 13e chambre criminelle sont plus lourdes que celles requises par le parquet. Contre Hamza, âgé de 21 ans, que le parquet considérait comme «l’instigateur» sept ans de prison avaient été demandés. Il écope de 15 ans de réclusion ferme. Ne s’étant pas présenté au procès fin janvier dernier, il ne peut bénéficier d’aucun aménagement de peine. Les juges ne lui ont pas non plus trouvé de circonstances atténuantes. Contrairement aux coprévenus.
Parmi les infractions retenues, il y a le «vol aggravé» et la «tentative d’extorsion aggravée». Le parquet avait requis cinq ans de prison, soit le minimum légal à l’encontre de Nicolas et Mike, âgés de 24 et 44 ans, qui ont fait «partie du commando». Au final, tous deux écopent de six ans de réclusion. Seul le plus jeune bénéfice d’un sursis intégral. Le quadragénaire a déjà des inscriptions dans son casier judiciaire. Dans sa plaidoirie, son avocat avait expliqué que l’altération de son discernement avait été retenue dans d’autres affaires en raison de ses problèmes psychiatriques. Mais la chambre criminelle a décidé qu’il n’y a pas lieu de faire application de l’article 71-1 du code pénal.
«On va lui casser la baraque…»
Corinne était la quatrième prévenue dans cette affaire. La jeune femme de 23 ans n’était pas montée dans l’appartement. Elle était restée assise dans sa voiture. En les ayant conduits, elle était toutefois «complice», estimait le parquet. Surtout qu’elle avait entendu ce que l’un des hommes avait dit au cours de la soirée : «On va lui casser la baraque…» Elle écope de cinq ans de prison intégralement assortis du sursis. Le parquet avait requis 15 mois de prison sans s’opposer à un sursis.
Les juges se sont également penchés sur un autre incident. Le prélude de l’affaire criminelle? Lors de sa plainte, la victime avait en effet déclaré s’être déjà faite agresser par Hamza le 19 janvier. Cette fois-là, à l’aide d’un pistolet lacrymogène. Le différend aurait aussi tourné autour de la voiture. Pour ce fait, Hamza écope donc de 15 mois de prison ferme et une amende de 1 500 euros. Nicolas, chez qui, une autre arme prohibée avait été saisie dans la cave lors de la perquisition prend une amende de 500 euros.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
Fabienne Armborst
Quatre prévenus pour un règlement de comptes à Rodange : «On va lui casser la baraque…»