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Le sens des priorités

L’irruption du coronavirus a provoqué un sentiment d’urgence. Pas seulement dans les hôpitaux ou les cabinets ministériels, mais aussi dans les entreprises. Par exemple, il a fallu s’organiser pour, au début de cette crise, répondre à la demande de masques qui faisaient cruellement défaut il y a maintenant un an de cela. Des entreprises à l’arrêt à cause du confinement se sont alors lancées dans la fabrication de cet objet symbole de la pandémie. D’autres firmes se sont mises à produire du gel hydroalcoolique ou des protections pour préserver le personnel médical de la maladie.

Les grandes firmes du secteur médical ont aussi dû se mobiliser pour répondre à la demande éclair de tous les pays pour plus de respirateurs, plus d’oxygène, plus de blouses de protection, plus de médicaments, plus de produits d’anesthésie pour permettre d’intuber les malades gravement atteints par le coronavirus… La situation a permis de se rendre compte de la dépendance du continent européen concernant certains produits médicaux de base. Le Grand-Duché n’a évidemment pas été épargné par les pénuries et a dû, comme tout le monde, tenter de faire au mieux pour obtenir des marchandises devenues rares au fil de la propagation de la maladie.

Alors que la campagne de vaccination commence à prendre de la vitesse, un autre chantier va donc s’ouvrir ces prochains mois. Comment faire pour répondre à une autre crise du type du coronavirus sans vivre l’angoisse de ces pénuries ? À quoi bon organiser ses hôpitaux si le personnel soignant n’a pas d’armes pour combattre la pandémie ? Une réflexion sur la relocalisation de certaines entreprises fournissant des articles de base au monde médical doit être menée. Cela doit se faire au niveau européen et pas en ordre dispersé pays par pays. Souvenons-nous des beaux discours contre le chacun pour soi des dirigeants du continent… Il en va de même pour des médicaments si précieux qui ne sont plus produits en Europe pour des raisons économiques mais à l’autre bout du monde, en Asie. Le temps est venu de retrouver le sens des priorités et que l’Union européenne prenne ses responsabilités dans ce domaine. Le chantier est immense, mais il est maintenant devenu vital.

Laurent Duraisin