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Aides de l’État à l’Horeca : «La logique du strict minimum»


Yannis Xydias, associé du groupe de restauration Manso, n’est pas convaincu par les annonces gouvernementales. (photo DR)

La rétroactivité des aides pour l’Horeca devient la question centrale. Le point avec Yannis Xydias.

Associé dans le groupe Manso, qui représente douze restaurants dans la capitale et ses alentours, Yannis Xydias se montre très critique par rapport aux décideurs politiques. Après avoir galvanisé la place d’Armes, jeudi dernier, cet orateur hors pair est d’avis que le gouvernement fait fausse route.

«La rétroactivité des aides est fondamentale»

«Certes, ces aides répondent à certaines revendications, justifiées et nécessaires, pour la survie de la plupart des membres du secteur Horeca. Cela étant, nous restons dans une logique du strict minimum apporté par rapport à la crise que connaît le secteur. Je suis d’avis que les mesures récemment décidées ne vont pas assez loin. De plus, nous avons une grande question à poser au gouvernement : si, effectivement, ces mesures sont justifiées et considérées comme telles, pourquoi ne sont-elles pas rétroactives et applicables pour tous les mois durant lesquels le secteur a souffert des conséquences du confinement ? Pour nous, la rétroactivité des aides et la question de la réparation du préjudice subi sont fondamentales ! Or j’ai l’impression que le gouvernement essaye de fuir ses responsabilités… Mais cela dit, on voit qu’il y a tout de même un effort d’écoute de sa part. Par contre, je tiens à rappeler que durant le premier confinement, on a été forcés de s’endetter énormément, sans percevoir d’aides, ou alors en encaissant des aides tout à fait insuffisantes. Ensuite, on entre dans le deuxième confinement, alors que les caisses sont vides. De ce fait, je constate l’existence d’un double problème : le premier concerne la trésorerie des établissements, et le second fait qu’il empêche d’avoir une vision optimiste pour le futur, notamment par rapport aux investissements que nous voulons faire, car la priorité de notre groupe est l’expansion.»

«Un impératif moral et économique»

«N’oublions pas que le secteur est l’un de ceux qui embauchent des personnes pas forcément toujours très qualifiées. Or je pense que mettre ce secteur à terre ne peut pas être le reflet d’une politique intelligente, aussi bien par rapport à la sauvegarde des emplois que vis-à-vis de la santé de l’économie nationale. Le gouvernement doit fléchir sur cette question, car il s’agit d’un impératif aussi bien moral qu’économique.»

«On n’est pas des mendiants !»

«On attend les détails opérationnels des aides. Nous sommes dans une posture de type wait and see. Mais on reste réservé par rapport au futur, tout en gardant néanmoins un esprit entrepreneurial afin de trouver des opportunités dans cette situation vraiment critique. On va essayer d’encourager la vente à emporter. Qu’en est-il de l’état d’esprit général de nos 250 employés ? Nos employés sont jeunes, dynamiques et ils veulent travailler ! Leur moral n’est actuellement pas très bon, mais j’estime que le travail représente plus qu’un salaire : travailler signifie appartenir à une équipe et trouver du sens dans sa vie. Cela fait désormais de nombreux mois qu’ils sont en chômage partiel… et il faudra donc redynamiser ces personnes à l’avenir, ce qui s’avère être un challenge afin de pouvoir avoir un service de qualité comme avant. Mais, globalement, pour moi, le terme « aides » renvoie à un faux débat. On était très bien avant cette crise et nous demandons réparation de l’énorme préjudice subi. On n’est pas des mendiants ! Et il faut arrêter de parler d’aides.»

Recueilli par Claude Damiani

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