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Luxembourg : «Être touriste autrement»


Le ministère du Tourisme revoit actuellement sa stratégie en matière de tourisme, a annoncé Lex Delles lors du débat. (photo Didier Sylvestre)

Écotourisme, slow tourism, des alternatives aux formes actuelles du tourisme dit de masse amenées à devenir la norme pour un tourisme plus durable qui fait du bien à l’environnement.

Voyager oui, mais à quel prix ? La pandémie nous a montré qu’il était possible de passer de bonnes vacances à deux pas de chez soi et de (re)découvrir sa région sans pour autant aller grossir la masse de touristes dans des destinations qui étouffent. De plus en plus, les habitants de ces villes et régions se mobilisent pour sauver leur qualité de vie et leurs écosystèmes. Et si l’avenir du tourisme ne résidait plus dans les charters et le «all inclusive», mais dans des formes de voyage plus responsables inspirées de l’écotourisme et du «slow tourism»? En camping au Luxembourg, en yourte dans la steppe mongole ou dans un hôtel de la jungle new-yorkaise, il y aurait donc moyen de réduire son empreinte carbone sans renoncer à l’aventure. Les invités d’un débat organisé jeudi soir par la Bibliothèque nationale ont débattu de la question du tourisme durable.

«Le tourisme durable a de nombreuses facettes, estime le ministre du Tourisme, Lex Delles. Cela commence par se poser la question du moyen de transport pour effectuer les voyages, mais aussi chercher les moyens d’économiser les ressources sur place et être en harmonie avec l’environnement des lieux. Tout un pan du tourisme durable concerne aussi la conservation de la culture et de l’histoire d’une région.» Nul besoin de faire des milliers de kilomètres pour se rendre compte de ces principes, le Luxembourg en applique certains naturellement depuis longtemps déjà, notamment grâce à des initiatives comme les projets LEADER. 

Un autre aspect du tourisme durable est l’aspect social et ses répercussions sur la population locale. Passer des vacances en club ne profite pas ou peu à la population locale, voire appauvrit son quotidien, sa culture et son environnement. Le tourisme durable est un tourisme responsable et conscient.  

Les chemins de randonnée, comme ici à Manternach, ont connu des fréquentations record cet été. (photo : archives lq/Isabella Finzi)

Authenticité et décontraction

Un tourisme tout à fait praticable au Luxembourg. «La demande pour du slow tourism à la rencontre des locaux est là. On a pu s’en rendre compte cet été, lorsque les gens ont découvert la vie des régions», indique Françoise Bonert du ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural. Ce tourisme est basé sur les rencontres humaines et les échanges sur fond d’écologie. Le tourisme, en tant qu’ouverture sur l’autre, peut également être vécu comme facilitateur d’intégration : les voyages forment la jeunesse et favorisent l’ouverture sur l’autre. Il peut impliquer une grande liberté et de la spontanéité et se pratique dans des lieux d’hébergement aussi variés que les moyens de se déplacer utilisés. Ce qui compte est de réduire son empreinte carbone et de penser global. 

«La tendance pour un tourisme plus alternatif est forte, note Alain Krier de Luxembourg for Tourism. Les gens veulent éviter le tourisme de masse et faire d’autres expériences et découvertes. Ils veulent prendre le temps et avoir de l’authentique.» Au risque que la tendance se standardise et qu’il faille, pour conserver cette qualité de voyage et préserver les lieux et l’environnement, limiter les capacités et augmenter les prix. 

Une des solutions avancées et valable partout, outre l’éducation des touristes et la conscience de leur impact économique et écologique positif ou négatif, est la mise en place de labels, comme l’écolabel. Il est attribué aux hôtels, campings, gîtes ruraux et hébergements de groupe luxembourgeois qui se distinguent par une gestion écologique et des pratiques respectueuses de l’environnement. Tous les acteurs touristiques doivent s’impliquer pour entraîner et accompagner un changement. La manière de pratiquer le tourisme doit être revue, les participants au débat de jeudi soir en sont convaincus. «Il faut de nouveaux indicateurs qui ne se concentrent pas uniquement sur les nuitées et les arrivées, mais sur des critères qualitatifs», indique Alain Krier, persuadé que la pandémie a, malgré elle, donné une impulsion pour repenser le tourisme et son économie.    

Le ministère du Tourisme travaillerait actuellement à une nouvelle stratégie, a précisé le ministre, et il va sans dire que le pays mise sur ce qu’il a amorcé «avant qu’on y appose le tampon de slow tourism». Au lieu de rêver d’aspirer à volonté du rhum dilué au bord d’une piscine standard jusqu’à plus soif comme chaque été, autant aspirer au changement.   

Sophie Kieffer

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