Les clubs de BGL Ligue se voient entre eux ce mercredi. Puis rencontrent la FLF. Et on risque d’enterrer (déjà) le principe des tests avant les journées de championnat.
Facultatif. Le terme, lâché par le ministre des Sports, Dan Kersch, a fait autant de mal au principe d’un protocole sanitaire incluant des tests obligatoires en Division nationale autour de la reprise du championnat, que l’absence évidente d’organisation. Si bien que ce mercredi, à J-72 h du retour à la compétition, les présidents des clubs de l’élite ont un double rendez-vous. Entre eux d’abord. Avec Paul Philipp et son conseil d’administration ensuite, pour entériner l’inévitable : il y a de grandes chances qu’il n’y ait finalement pas de tests.
Merci l’effet d’annonce ! Après que les ministères de la Santé et des Sports ont approuvé la mise à disposition de 50 000 tests antigéniques dont plus d’un tiers auraient pu servir à instiller un sentiment de sécurité un peu plus concret aux trois championnats d’élite du football national (DN, Ligue 1 dames, futsal), après avoir proposé aux clubs de les commander et de venir les collecter eux-mêmes, leur dire qu’ils n’ont pas obligation de le faire a tué dans l’œuf toute volonté de sécuriser la reprise. Et cela en a agacé, des présidents.
«On en est au même point qu’en mars 2020»
Fabrizio Bei, celui de Differdange, au premier chef : «On est à quatre jours de la reprise et cela fait des semaines que mes joueurs me demandent ce qu’on fait, et des semaines que je leur dis „je ne sais pas“. Et maintenant, après nous avoir annoncé des tests, on nous dit que c’est facultatif ? C’est irresponsable, je ne peux pas être d’accord avec ça.» Dans la catégorie des mastodontes de BGL Ligue, il n’est pas le seul à s’agacer ouvertement de l’amateurisme à l’œuvre autour de la sécurité due aux joueurs. «C’est d’une hypocrisie totale, assume Fabio Marochi, le patron du Progrès. On va aller jouer avec potentiellement plein d’asymptomatiques. Finalement, on en est exactement au même point qu’en mars 2020 : nulle part !»
Les clubs hésitent encore. Qui charge ? La FLF ou son ministère de tutelle ? Qui aurait dû prendre ses responsabilités bien plus tôt et bien plus fortement ? Car même s’il subsiste un désaccord profond sur l’intérêt des tests, ce que personne ne supporte à l’heure actuelle, c’est l’évidence de l’impréparation totale. La preuve, ces réunions de rafistolage la semaine même de la reprise et sur lesquelles personne ne se fait d’illusion. «Il y a un tel flou, poursuit Marochi, que cela ne peut se passer que d’une façon : soit tout le monde fait les tests, soit personne ne les fera.» A priori, ce sera personne, estiment la plupart des présidents. Dont Jacques Wolter, celui de Hostert : «Peu de chances, effectivement. Surtout qu’on nous présente ce protocole bien trop tard. En disant que c’est facultatif, il n’y a aucune chance d’obtenir l’unanimité des clubs sur le fait de faire les tests. Et puis en le faisant comme ça, à la dernière minute et sans nous concerter, franchement…»
Faudrait-il sacrifier les séances d’entraînement ?
Il faut dire que Wolter, très actif au sein de la LFL, n’est pas non plus totalement convaincu de l’utilité absolue de procéder à ces tests antigéniques. Il y voit surtout un obstacle matériel majeur : puisqu’il faudra deux à trois heures pour tester toute une équipe et la sienne étant entièrement amateure, il faudra quoi qu’il arrive sacrifier une séance d’entraînement par semaine (deux lors des semaines anglaises), à considérer que chaque club parvienne à trouver un soignant pour venir procéder aux tests… «Nos joueurs, après tout, sont déjà beaucoup contrôlés sur leur lieu de travail, rappelle-t-il. Je pense qu’on pourrait finir la saison comme ça.» Au Fola, Mauro Mariani n’est pas d’accord sur le fond : «On serait quand même en droit d’attendre des règles claires après autant de mois, non ? Eh bien on ne les a toujours pas alors que ce serait le minimum. Selon moi, on ne pourra aller au bout de cette saison que si on a enfin, un jour, des règles claires, notamment sur le nombre de cas à partir duquel on ne joue pas. Mais la FLF, le ministère, ils vivent dans une tour d’ivoire ou quoi? C’est leur rôle de donner une ligne directrice claire. Or là, on ne l’a pas. Pas du tout même.»
En attendant, aucun des clubs que nous avons bien pu contacter n’a jugé utile, à 72 heures de la reprise, de commander des tests mis à leur disposition en pure perte. A priori, on semble parti pour une reprise dans la désorganisation la plus totale, sans tests pratiqués plus par défaut de mesures concrètes que par absence de volonté. Tout ça pour ça. Mardi, la FLF a quand même expédié un communiqué pour indiquer que les clubs de PH et des divisions inférieures espèrent encore, de leur côté, pouvoir reprendre la saison à un moment ou à un autre et, à défaut de pouvoir la terminer sur un mode opératoire normal, trouver une solution pour jouer encore des matches d’ici à fin mai. Eux n’ont pas besoin de tests. Juste d’y croire.
Julien Mollereau