Au printemps 2017, plusieurs alertes à la bombe avaient secoué le pays. Le cinéma Utopolis et le centre commercial Auchan au Kirchberg, le City Concorde à Bertrange, le magasin Globus à Bettembourg et les CFL avaient été visés. L’auteur des mystérieux coups de fil a été condamné, ce jeudi matin, par le tribunal correctionnel
Outre les 42 mois de prison ferme, le sexagénaire doit payer des dommages et intérêts à quatre parties civiles : 3 000 euros au centre commercial City Concorde, 6 000 euros à la société Utopia et 7 000 euros à Globus. Enfin, le CGDIS se voit allouer 1 500 euros pour les quatre heures d’intervention des pompiers professionnels de la Ville de Luxembourg lors de la première fausse alerte au Kirchberg.
«Est-ce que vous m’entendez bien? Au nom de l’État islamique, je voulais vous dire que j’ai déposé une bombe à Utopolis et Auchan. Je vais la déclencher à 19 h.» Les grands moyens avaient été déployés après cet appel anonyme reçu par le cinéma au Kirchberg le 23 mars 2017, à 17 h 53. Tout le monde avait été évacué et le secteur bouclé. L’opération avait également mobilisé l’unité de garde et de réserve mobile (UGRM), les cadres supérieurs et l’équipe cynophile,… Aucune bombe n’avait été trouvée.
Que l’auteur de cette fausse alerte se trouvait en réalité dans la prison de Nancy-Maxéville (F), les autorités ne l’ont appris que quelques semaines plus tard. Lors de la cinquième fausse alerte, l’auteur avait pu être localisé en collaboration avec les enquêteurs français. C’était le 30 avril, lorsqu’il avait appelé la gare CFL de Luxembourg pour annoncer qu’on «avait placé de l’explosif dans deux trains». Le fameux numéro géolocalisé près de la prison avait entretemps été mis sous écoute. L’accent luxembourgeois de la voix avait mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Étant le seul détenu du Grand-Duché à Nancy à l’époque, Norbert S. (56 ans) avait facilement pu être identifié. Au moment des faits, il était en train de purger une peine.
Le parquet avait requis 5 ans de prison ferme
Selon l’expert neuropsychiatre, l’homme âgé aujourd’hui de 60 ans présente une personnalité dyssociale, un léger trouble dépressif et un trouble de l’adaptation. Mais rien de cela n’aurait altéré ou aboli son discernement. Le représentant du parquet n’avait pas mâché ses mots lors de son réquisitoire : «C’est un menteur pathologique notoire.» Il avait requis cinq ans de prison ferme contre le sexagénaire. À cause de son casier judiciaire, dont la première condamnation remonte à 1979, aucun aménagement de peine n’était envisageable.
Au final, la 18e chambre correctionnelle est restée en dessous des réquisitions du parquet. Pour son procès, le sexagénaire détenu à Schrassig depuis 2019 s’était fait représenter par son avocate. Aussi pour la lecture du prononcé, il était absent. Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
Fabienne Armborst
L’intégralité de cet article à lire dans Le Quotidien du vendredi 22 janvier 2021.