Déi Lénk a tenu hier son discours de nouvel an. L’occasion de revenir sur une année 2020 tourmentée, où la crise du Covid est venue s’ajouter aux problèmes habituels de logement et d’inégalités sociales.
Sans surprise, c’est bien évidemment avec la crise du coronavirus que déi Lénk a ouvert son discours de nouvel an, hier. Un événement qui s’est tenu dans la Salle du Peuple au Café Streik à Esch-sur-Alzette en nombre limité et a été retransmis en direct sur les réseaux en raison de la pandémie. L’occasion pour le parti de Gauche de rappeler le rôle d’équilibriste qu’il a maintenu face à cette crise sans précédent, dans son rôle de parti d’opposition, mais sans pour autant «se positionner contre les mesures par principe», comme l’a souligné d’emblée Carole Thoma, porte-parole de déi Lénk. Il s’agissait surtout pour la Gauche «d’avoir en tête les gens qui risquaient d’être oubliés». Pour déi Lénk, impossible donc de ne pas dénoncer «la politique d’individualisation de la responsabilité» menée par le gouvernement dans le cadre de cette crise : «Ils ne veulent pas prendre des mesures pour les maisons de soin, les transports, les écoles publiques, et rendent responsable le comportement individuel.» (voir encadré).
La gravité de la crise sanitaire ne doit cependant pas faire oublier les autres problèmes préexistants, a par ailleurs insisté la Gauche, rappelant que la crise écologique était bel et bien «toujours présente». Une crise écologique qui vient creuser davantage les inégalités sociales. Car avec la taxe carbone, le parti d’opposition estime que là encore, le gouvernement individualise la responsabilité : «Au lieu de mener une réforme du fonds de compensation pour que nos pensions ne soient plus investies dans les énergies fossiles ou développer les transports publics – si la gratuité, que nous revendiquions depuis la création de notre parti est une bonne chose, le réseau n’est pas suffisamment développé, explique la porte-parole, ils punissent les gens qui vivent dans des maisons mal isolées en augmentant le prix du chauffage.» Une mesure d’autant plus injuste qu’une étude d’Oxfam, citée par Carole Thoma, «a démontré que les 10 % les plus riches d’Europe ont augmenté leurs émissions de CO2 tandis que le reste de la population les a diminuées. Tout le monde n’a pas la même responsabilité, et en plus, les plus riches ont l’argent pour payer cette taxe».
Une politique libérale inefficace
Véritable serpent de mer, le logement, dont la problématique est loin d’être réglée, a lui aussi été évoqué à l’occasion de ce discours. «Le gouvernement ne semble pas avoir de solution au problème. Les lois sont dans la continuité politique et encore une fois, le gouvernement ne prend pas ses responsabilités pour vraiment agir. Il fait confiance au marché libre», s’est insurgée la porte-parole de déi Lénk. Des problématiques récurrentes rappelées à chaque discours qui «montrent que nous avons raison», estime le parti d’opposition : «La politique libérale n’a pas de réponses aux questions importantes qui se posent maintenant. La logique du marché ne va pas résoudre les problèmes. Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités.»
Plus que jamais, déi Lénk attend donc une «véritable réforme fiscale», comme l’explique Carole Thoma : «Nous aurons besoin de beaucoup d’investissements publics dans la politique écologique mais aussi pour combattre les inégalités sociales.»
Tatiana Salvan
Covid et lieu de travail
Dans un communiqué publié jeudi, le parti d’opposition a fait part de son agacement quant à la «négligence grossière» du gouvernement concernant la protection des salariés sur le lieu de travail au vu du contexte sanitaire actuel. Alors que les dernières études de l’Institut Pasteur démontrent en effet que les contaminations au coronavirus se font principalement en lieu privé mais aussi sur le lieu de travail, celui-ci «ne figure toujours pas dans le catalogue des mesures imposées par le gouvernement», note déi Lénk, qui déplore qu’«on ne parle que de recommandations».
Et ce, d’autant que pas moins de 17 % des contrôles menés par l’ITM ont relevé des violations contre les mesures sanitaires, qui n’ont donné lieu qu’à 13 amendes. «Le comportement individuel de chaque individu est rendu responsable du processus d’infection. Par contre, la responsabilité collective de l’État par rapport à la protection sur les lieux de travail (comme dans les transports publics et les institutions d’enseignement), est négligée malgré les connaissances scientifiques», a dénoncé déi Lénk, accusant le gouvernement de «mal gérer cette deuxième vague» et faisant savoir que la Gauche travaille actuellement avec les syndicats pour trouver des règles claires pour la protection des salariées sur leur lieu de travail.