Entre 2014 et 2017, le jeune homme avait cru bon de montrer son sexe sur le réseau social. Des adolescentes importunées ont fini par porter plainte. Son procès a eu lieu lundi après-midi.
«Normalement dans les enquêtes qui nous occupent, les hommes demandent des photos de filles.» Les enquêteurs de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire ont déjà vu défiler un paquet d’affaires. Celle exposée lundi après-midi à la 7e chambre correctionnelle est «atypique» dans le sens où le jeune homme de 25 ans qui a terminé sur le banc des prévenus ne collectait pas du matériel pédopornographique. Non, c’est lui-même qui photographiait ses parties génitales pour ensuite diffuser ses images par le biais des réseaux sociaux.
C’est d’ailleurs de cette manière que l’affaire a éclaté au grand jour fin 2016. Deux élèves d’un lycée à Ettelbruck, après en avoir parlé au directeur, s’étaient rendues à la police pour porter plainte. Âgées de 14 et 15 ans à l’époque, elles rapportaient également avoir eu des propositions sexuelles.
Sept comptes Snapchat au lieu d’un seul
Saisie de l’enquête, la section de la protection de la jeunesse avait constaté qu’elles n’étaient pas les seules mineures avec lequel l’individu avait communiqué. Grâce aux données de son compte Facebook, elle avait rapidement identifié le jeune homme habitant dans le sud du pays. Ce dernier procédait toujours un peu de la même manière. Après avoir analysé leur photo Facebook et déniché leur nom d’utilisateur Snapchat, il contactait les filles.
Lorsque les enquêteurs ont débarqué chez lui, fin octobre 2017, l’internaute n’a pas caché son petit jeu. Il a reconnu avoir envoyé des photos de son sexe. «Il ne peut dire avec combien de filles il a communiqué. Mais il y en avait beaucoup», récapitule l’enquêteur. Le jeune homme n’avait pas non plus un seul compte Snapchat, mais sept. Une manière pour lui de continuer à converser avec les filles. Certaines l’avaient en effet bloqué après avoir reçu ses photos. Il arrivait qu’il écrive avec un stylo le nom de la fille sur son sexe. Sur d’autres clichés envoyés, il avait coincé son sexe dans l’angle d’une porte ou encore il se masturbait avec une chaussette…
«Exhibitionniste, masochiste et fétichiste»
Pour l’expert neuropsychiatre, le prévenu présente trois troubles sexuels : «Il est exhibitionniste, masochiste et fétichiste.» Lors de la perquisition à son domicile, ce sont également 129 photos de pieds et chaussettes de filles qui avaient été découvertes sur son portable. Des photos qu’il leur avait visiblement demandées. Leur analyse avait d’ailleurs permis de détecter le nom d’utilisateur Snapchat de 25 filles.
Sur l’un de ses ordinateurs, 145 images à caractère pédopornographique avaient également pu être décelées. L’enquête n’a pas permis de déterminer l’origine de ces images litigieuses. Dans l’historique des recherches internet, aucune trace. Il semblerait que l’appareil ait appartenu à l’un des frères par le passé. En tout cas, le prévenu conteste avoir été au courant de l’existence de ce contenu.
Tout ce qu’il concède, c’est d’avoir envoyé des photos de ses parties intimes. D’après ses dires, il n’aurait pas visé une catégorie d’âge bien particulière. «J’ai envoyé cela à n’importe qui. C’était pour me satisfaire sexuellement», a-t-il réaffirmé lundi après-midi à la barre. Il finira par parler d’une «grosse erreur». «Quand je faisais cela, je ne considérais pas cela si grave.»
«Et aujourd’hui, c’est fini?», voulait savoir le tribunal.
– «Oui, j’ai une fiancée. Elle est assise derrière dans la salle.»
TIG ou traitement psychiatrique?
Les premiers faits reprochés au prévenu remontent à l’année 2014. Invoquant le dépassement du délai raisonnable qu’il faudrait prendre en compte dans l’évaluation de la peine, son avocat a plaidé en faveur de travaux d’intérêt général (TIG). Il plaide l’acquittement pour la détention des 145 images pédopornographiques. «S’il avait eu des pensées pédophiles, il aurait profité pour demander des images aux filles», a appuyé Me Brian Hellinckx. Et d’insister que depuis quatre ans, son client ne s’est plus fait remarquer.
Pour le parquet, de simples TIG ne suffisent toutefois pas. «Au vu des conclusions de l’expert, il a besoin d’un suivi psychiatrique», a estimé son représentant avant de requérir 15 mois de prison assortis d’un sursis probatoire et une amende appropriée. Il ne croit pas que le prévenu a écrit par hasard à des adolescentes. «Car pour un bon nombre, l’année de naissance apparaît dans leur nom d’utilisateur. Il savait avec qui il avait affaire : des mineures âgées en partie de moins de 16 ans.»
Prononcé le 4 février.
Fabienne Armborst