Dépoussiérer le mythe d’un personnage moult fois incarné à l’écran en l’adaptant au 21e siècle, c’est le défi relevé par l’acteur français Omar Sy, à l’affiche de la série « Lupin, dans l’ombre d’Arsène », lancée vendredi sur le site américain Netflix, en quête d’un grand succès made in France.
Exit le chapeau haut de forme et le monocle, l’acteur préféré des Français ne campe pas le héros inventé en 1905 par Maurice Leblanc, mais Assane Diop, un admirateur d’Arsène Lupin, ancré dans le Paris d’aujourd’hui.
Fausses identités (agent d’entretien, livreur à vélo, informaticien…), tours de passe-passe, vol de bijoux… ce père de famille s’inspire du gentleman cambrioleur pour tromper les riches et les puissants, et venger son père, mort 25 ans plus tôt après avoir été accusé d’un crime qu’il n’a pas commis.
De quoi réjouir Omar Sy, comme il l’a expliqué lundi sur le plateau de l’émission télévisée Quotidien : « Lupin, c’est tout le monde, c’est personne, il est classe, élégant, malin, avec un coup d’avance, séducteur, chic, actif… tu peux tout jouer, il y a du drame, c’est fun, (…) il y a de l’action », tout ce dont « rêve » un acteur.
»Divertissement familial et rassembleur »
« Ce qui est super avec Omar quand il joue Assane, c’est qu’avec son charisme, son sourire, on a envie de le voir réussir même si c’est pour commettre des délits », relève le scénariste britannique George Kay (Criminal, Killing Eve), aux manettes de Lupin en collaboration avec le Français François Uzan (Family Business).
De fait, la sympathie qu’inspire le comédien et son talent permettent de pardonner quelques grosses ficelles, également compensées par un casting de choix (Ludivine Sagnier, Hervé Pierre – de la Comédie Française -, Nicole Garcia, Clotilde Hesme, Antoine Gouy, Shirine Boutella, Soufiane Guerrab), ainsi qu’une réalisation léchée.
Produite par Gaumont, la série est composée de dix épisodes, dont les cinq premiers, d’une quarantaine de minutes, seront disponibles vendredi. Trois sont réalisés par le Français Louis Leterrier (Insaisissables) et deux par la Chilienne Marcela Said (Mariana).
La série est conçue comme un « divertissement familial » et « rassembleur », à l’heure « où chacun a tendance à s’isoler dans sa chambre avec ses écouteurs pour regarder sa propre série », selon George Kay.
Les lupinophiles comblés
Plus familier de Sherlock Holmes que du bandit français avant d’être sollicité par Netflix, le créateur britannique ne voulait pas simplement transposer Arsène Lupin au 21e siècle comme l’a fait la BBC avec le célèbre détective dans Sherlock.
« Je voulais montrer la France à travers les yeux d’un personnage d’origine ethnique différente (…), qui sans être un Robin des bois pourrait faire éclater la bulle de l’establishment français », explique George Kay, qui évoque dans son scénario les inégalités sociales ou la « Françafrique ».
L’œuvre de Maurice Leblanc devient quant à elle « un personnage à part entière » de la série, parsemée de clins d’œil aux lupinophiles : un policier fan du gentleman cambrioleur ou un pèlerinage d’admirateurs à Étretat, théâtre d’un des romans les plus célèbres, L’aiguille creuse.
Incarné aussi bien au cinéma (dernièrement par Romain Duris en 2004 sous la direction de Jean-Paul Salomé) qu’à la télé (par Georges Descrières et Jean-Claude Brialy dans les années 1970 et 1980), Arsène Lupin a aussi inspiré un manga très populaire.
Une autre série modernisant le gentleman-cambrioleur devait voir le jour en 2020, sous la houlette du réalisateur Jalil Lespert et du scénariste Abdel Raouf Dafri. Mais le projet, annoncé en 2017, un an avant celui de Netflix, a dû être « repensé » face à la concurrence de la plateforme, a indiqué la société de production CinéFrance. Reste à voir si « Lupin » trouvera son public, en France comme à l’étranger, avant une possible saison 2 dont la date n’a pas été annoncée.
LQ/AFP