Le gouvernement a tranché : la DN va pouvoir rejouer. Mais Paul Philipp, tout en précisant les modalités de la reprise, répond à plein de questions qui fâchent.
Dans sa conférence de presse de mardi, le Premier ministre, Xavier Bettel, a donné le coup d’envoi du retour du football sur les terrains, ainsi que de tous les autres sports collectifs du pays dès lors qu’il s’agit des premières divisions. La date du 7 février, initialement retenue par la FLF pour un retour à la compétition, reste donc d’actualité et elle s’est engagée sur ce chemin dès mardi : elle va produire, comme en fin d’année dernière, des attestations que les clubs pourront procurer, par exemple, à leurs joueurs frontaliers, les résidents français étant par exemple tenus à un strict couvre-feu fixé à 18h qui les empêcheraient de venir s’entraîner. Paul Philipp a déjà prévenu : il espère que cela suffira lors d’éventuels contrôles de police, mais il est «hors de question d’entraver la marche du championnat» si certains clubs se retrouvent confrontés à un problème avec ses frontaliers. Preuve de l’urgence du moment.
Ça y est ? On reprend dans un mois ?
Pour le moment, oui. Le projet de loi doit encore être voté à la Chambre. Même si cela ne concerne que les divisions les plus élevées, au moins, la BGL Ligue pourra reprendre l’entraînement et même la compétition. Alors oui, on a eu un peu peur que cet empêchement de jouer soit prolongé mais finalement, ces assouplissements ne concernent que la DN. Il y a encore cinq divisions (sic) qui ne sont pas encore sorties de l’auberge, mais c’est déjà ça.
Dans ces conditions, quelles sont les chances de finir la saison, selon vous ? Totales ou vous restez dans l’incertitude ?
On a toujours un peu peur. On pensait qu’on avait passé le cap le plus dur après l’été dernier mais en fait non, personne ne sait. Parce qu’il y a un autre facteur désormais à prendre en compte : la météo. J’espère que la neige va rester là où elle est parce que j’ai fait le calcul, en 2020, on a joué en moyenne un match par mois seulement. C’est terrible…
Cela ne vous a pas fait du mal, du coup, d’avoir à rayer la Coupe et les matches de barrages du calendrier ?
On a analysé la situation, c’était la seule façon de trouver des dates et de garder nos chances intactes de finir les championnats. Alors que la Coupe, c’est un des piliers de notre football… Comme pour les barrages, qui ont un succès énorme. Mais voilà, on doit avoir fini fin mai.
Justement : même si dans un communiqué, la FLF a indiqué le mode opératoire qu’elle compte retenir, il reste des points d’ombre sur cette fin de saison. Premier point : si à un moment, vous vous rendez compte que l’on ne pourra pas aller au bout des 30 journées de championnat, vous arrêterez-vous, pour rendre le verdict de la saison, à la 15e journée – soit la fin des matches aller –, histoire de conserver une certaine équité ?
Non, nous jouerons le maximum de matches possibles et tous compteront, nous respecterons chaque résultat, quitte à introduire un coefficient (NDLR : une indication déjà fournie par la FLF, au cas où à l’arrêt de la compétition, tous les clubs n’ont pas joué le même nombre de matches). Le calendrier de reprise devrait sortir d’ici à la fin de semaine et il n’y aura pas tant de semaines anglaises que ça, en l’état. Pas plus de trois, je crois (NDLR : hormis pour les clubs à qui il reste encore des matches en retard).
Les équipes finissant à une place qui aurait dû être celle d’un barragiste restent dans leur division
Si le virus nous force encore à arrêter durablement la pratique du football et qu’on n’arrive pas à boucler la phase aller, vous avez déjà indiqué que la saison serait annulée. Qui enverrez-vous en Coupes d’Europe ? Les qualifiés de la saison passée ?
Bonne question et pour le moment, on n’a pas la réponse. On n’en a même pas encore parlé parce qu’on fera tout pour que cela n’arrive pas. On n’a même pas encore approché l’UEFA pour ça et j’espère qu’on n’aura pas à le faire. Surtout que ce ne serait pas le même cas de figure que la saison passée, en mars. Là, on n’était pas les seuls à avoir stoppé les compétitions. Mais aujourd’hui, oui. Alors on nous répondra sûrement qu’on doit prendre nos responsabilités.
Enfin, si vous avez décidé de supprimer les barrages, vous n’avez pas indiqué précisément ce qui arriverait aux clubs finissant à l’une de ces places.
Les équipes finissant à une place qui aurait dû être celle d’un barragiste restent dans leur division. Elles ne descendront pas ni ne monteront.
Donc les équipes classées aux 13e et 14e places de BGL Ligue…
… resteront en DN tandis que les 15e et 16e descendront.
Certains clubs de DN continuent de pousser pour que soit adoptée une réglementation permettant de finir la saison avec cinq remplacements, pour minimiser les risques de blessures, pour gérer les organismes. D’autres ne semblent pas être d’accord. La LFL vous a-t-elle démarchée en ce début d’année ?
Ils ne sont pas encore venus, non, et je crois savoir qu’effectivement, certains clubs ne sont pas d’accord. Mais de toute façon, quelle serait l’excuse ? La fatigue ? En ce moment, on est surtout en sous-régime, pas en sur-régime. Ce n’est viable ni au niveau du fair-play ni au niveau de la solidarité et ce genre de choses, c’est toujours au bénéfice des plus forts, ceux qui, justement, ont un effectif large. Donc, non.
En fin d’année dernière, la FIFA avait indiqué vouloir débloquer une aide de 1,5 milliard d’euros pour toutes les fédérations de la planète. Avez-vous eu des précisions et souhaitez-vous avoir recours à ce fonds ?
(Il sourit) Oui, on a déjà entendu ça plusieurs fois et c’est très bien mais en fait, ils ne débloquent rien du tout. Il s’agit juste de pouvoir bénéficier des subsides habituels de manière anticipée de deux ou trois ans en sachant que si on le reçoit maintenant, dans deux ou trois ans, on ne reçoit rien. Ce serait juste recevoir de l’argent par anticipation, mais il n’y a pas plus à manger dans l’assiette. Donc pour le moment, non, cela ne nous intéresse pas, pas tant qu’on arrive à gérer le « daily business ». On n’en voit pas la nécessité. En plus, ce n’est pas vraiment un fonds, ils continuent de soumettre ça à des projets, des programmes. Ce n’est pas un fonds pour sauver le football mondial.
Les supporters, je crois qu’il faut faire une croix dessus
Cette saison 2020/2021, faut-il se résoudre à la finir sans spectateurs, alors que le huis-clos est proclamé pour l’instant ?
Là, je crois bien que oui. On verra en fonction des vaccins mais sur le sujet, il y a toujours beaucoup de questions et peu de réponses. Non, les supporters, je crois qu’il faut faire une croix dessus.
Dans quel état le football luxembourgeois sera-t-il cet été ?
Je me demande comment nous nous remettrons de ce virus. On constate une certaine lassitude chez tout le monde et on se pose une question simple : les gens vont-ils revenir au football ? Donc il faut que ça bouge, qu’on se remette au travail, que nos commissions se réunissent de nouveau, qu’on donne l’impression que rien n’a changé, que l’on crée une dynamique, qu’on montre que ça repart. Parce qu’après cette terrible année, qui ne semble pas encore terminée, le fatalisme s’installe.
Entretien avec Julien Mollereau
Le Portugal se jouera-t-il à huis clos ?
Fin mars, les Roud Léiwen ont au programme leurs premiers rendez-vous de l’année et les trois rencontres prévues posent toutes de sérieux problèmes d’organisation.
À commencer par le match contre le Qatar, qui s’échauffera en vue de son Mondial, au contact de nations européennes et sous les auspices de l’UEFA. Le Luxembourg doit rencontrer les hommes de Felix Sanchez le 24 mars. Mais où ? Les instances fédérales doivent se rapprocher de leur homologue qatarien, qui a indiqué vouloir évoluer sur le continent européen pour les matches qu’il doit théoriquement jouer à domicile. Mais il n’a pas encore dit si cette localisation serait évolutive. Paris ? Là où l’Émirat du Golfe investit depuis un bout de temps dans le PSG ? Paul Philipp ne serait pas contre l’idée de jouer au Parc, ce qui permettrait d’aller facilement à Dublin, où attend le premier match officiel des éliminatoires, contre l’Irlande, le 27.
C’est le second souci : le Royaume-Uni reconfine tout le monde pour un mois depuis mardi. L’Irlande n’en fait pas partie, mais d’un point de vue géographique, elle appartient à cet épicentre du variant qui inquiète le monde entier. Pourra-t-on jouer là-bas, fin mars ?
Dernier souci : la FLF n’a toujours pas l’assurance absolue qu’elle recevra le Portugal et Cristiano Ronaldo dans son nouveau stade, le 30. Elle part de ce principe mais il n’empêche : impossible de vendre le moindre billet ni le moindre abonnement à l’heure actuelle. Paul Philipp a la certitude que pour la rencontre face à la Seleção, tout partirait très vite mais que dira le gouvernement? Et l’UEFA ? Cette dernière souhaitait autoriser 30% de capacité lors de la dernière Nations League mais Xavier Bettel et ses ministres avaient dit «niet». Pas sûr, donc, que quiconque puisse voir ce match d’ouverture…
J.M