Les journalistes du service des sports du Quotidien reviennent sur un ou plusieurs faits marquants d’une année 2020 transfigurée par la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, le basket.
Fin février, l’équipe nationale passe tout près d’un succès face au Kosovo. Mais une gâchette visiteuse s’est réveillée au pire moment et a privé les hommes de Ken Diederich d’une victoire qui leur tendait les bras. À peine le temps de se remettre de ses émotions qu’il faut enchaîner avec un championnat passionnant comme rarement. Une pause de deux semaines est ensuite prévue, le temps pour les protagonistes du premier grand rendez-vous de la saison, la finale de la Coupe, de pouvoir se tenir. Sur le papier, l’affiche est alléchante, avec des Musel Pikes revanchards d’un côté et, de l’autre, une formation ettelbruckoise tenante du titre.
Le petit monde du basket luxembourgeois se réjouit d’une telle opposition dans quelques jours à peine… seulement, de-ci delà, on commence à entendre une musique quelque peu désagréable : « On fera ce qu’on nous dira », explique alors Henri Pleimling dans nos colonnes, quand il est interrogé sur l’éventuelle annulation des finales à cause de l’aggravation de la situation sanitaire au Luxembourg : « J’ai entendu que le Relais pour la vie était annulé suite aux recommandations ministérielles (…) Si le ministère nous recommande d’annuler, on n’est pas fous, on annulera. »
On est alors le vendredi 6 mars. On joue la dernière journée d’une deuxième phase un peu bâtarde, qui verra finalement le Basket Esch décrocher la première place à la faveur d’un succès sur le parquet des Musel Pikes. On vient de vivre le dernier week-end d’une saison mémorable. Mais on ne le sait pas encore… Et alors qu’on se penche sur les tenants et les aboutissants de cette première partie de saison, qu’on s’interroge sur le bien-fondé, ou non, de cette fameuse deuxième phase pour déterminer l’ordre final afin d’établir les rencontres de play-offs, une première nouvelle tombe : les finales de Coupe sont annulées.
Après la sanction, les décisions
Pas franchement une surprise. Mais évidemment un tremblement de terre. En effet, à l’époque, on envisage toujours de pouvoir continuer à jouer. Mais se pose évidemment la question de savoir à quand reporter ce rendez-vous majeur de la saison ? Le calendrier est tellement serré qu’il n’est pas évident de trouver un week-end de disponible. Finalement, quelques jours plus tard, une date sera arrêtée : celle du 16 mai, c’est-à-dire au lendemain d’une éventuelle cinquième manche de finale du championnat.
Mais on n’aura même pas le temps de critiquer ou d’approuver ce choix de date. L’épidémie gagne du terrain partout dans le monde, même la prestigieuse NBA doit mettre sa saison sur pause. Et sans surprise, le 15 mars, la sanction tombe : la saison est terminée ! On ne jouera donc plus au basket dans cet exercice 2019/2020. Un vrai crève-cœur car on avait assisté, jusque-là, à un championnat passionnant avec la révélation Heffingen, le faux départ d’Etzella, des débuts tonitruants de Chris Wulff sur le banc des Musel Pikes et un Basket Esch qui en imposait… Dommage que tout s’arrête. Mais il n’y avait de toute façon pas d’autre possibilité.
Une fois le couperet tombé, il fallait parler des détails. Quid des décisions ? Allait-on désigner un champion, y aurait-il des relégations, des promotions… Des réponses auxquelles la FLBB allait rapidement donner suite. Et c’est d’une manière très 2020, à savoir, via une vidéo derrière son ordinateur que Henri Pleimling, président de la FLBB, va trancher, au soir du jeudi 26 mars. Et ça fait mal : en effet, le conseil d’administration valide le classement au moment de l’arrêt de la saison. En clair, cela veut dire que le Basket Esch est désigné champion et que Contern et l’Amicale sont tous les deux relégués en Nationale 2 et remplacés par le Telstar et la Résidence, qui sont promus.
Une décision qui sera très difficilement comprise : « Une des choses les plus stupides que j’ai vues », commentera Gaëtan Bernimont, du Racing. « Dégoûté… n’importe quoi », tels seront les mots du Conternois Mihailo Andjelkovic, promis à la relégation.
Les AGE s’enchaînent
Il ne s’agit là que du premier acte d’un scénario qui va tenir en haleine le monde du basket grand-ducal pendant de longs mois. Et qui va l’aider à avancer. Et à se réformer. Même s’il se défend bec et ongles, assumant tout : « On en prend plein la gueule, mais on est là pour ça », Henri Pleimling fait face à une volée de bois vert. De toutes parts, les clubs expriment leur mécontentement. Et le boss de la fédération va écouter. Tant et si bien qu’alors que la décision devait être validée lors d’une réunion du conseil d’administration fin mars, la FLBB va prendre une autre voie : Samy Picard est missionné pour aller faire une proposition à l’ensemble des clubs. Un moyen pour permettre aux autres clubs de faire également leurs propres propositions.
Voilà donc lancée la course vers la première assemblée générale extraordinaire de l’année. Et pas la dernière. En effet, il n’y a que par le biais d’une AGE que l’on peut modifier les règlements et les statuts. La date du 16 mai est arrêtée. Et pas moins de trois formules seront sur la table. Outre celle de la FLBB, les clubs de N2 défendront le système à 10, alors que Chris Wulff et Christophe Flammang prônent une élite à 14 et un regroupement de la N2 et la N3. Et comme jamais rien n’est simple au Luxembourg, on n’est absolument pas sûr d’aboutir à un résultat. En effet, les statuts ne permettent pas que les propositions soient confrontées l’une à l’autre, chacune est votée individuellement. Si bien qu’on peut très bien avoir plusieurs formules avec la majorité absolue… ou aucune. Et ce qui devait arriver arriva : aucune des propositions n’est passée. Même si ça s’est joué à rien du tout (49,36 % pour celle à 10 et 49,77 % pour celle à 14).
Au lendemain de ce vote, Henri Pleimling parle d’une « bonne nouvelle ». Qui permet à la FLBB de reprendre la main et de repartir pour un tour, puisqu’une nouvelle AGE est programmée un mois plus tard, le 27 juin. Une AGE où la fédé espérait voir une seule proposition sur la table… mais ce seront finalement deux solutions qui seront proposées. D’un côté, une formule à 12 et, de l’autre, une avec une élite à 13.
Reprise en février… au mieux
Sans surprise, c’est la formule à 12 qui est plébiscitée. Comme par hasard, il s’agit d’une solution qui avait déjà été évoquée dans nos colonnes, au moment où on demandait aux coaches de N1 de se prononcer sur la meilleure option pour remplacer la deuxième phase du championnat qui n’avait ni queue ni tête.
En adoptant des play-offs 1-8, 2-7, 3-6, 4-5, il rejoint la très grande majorité des championnats du monde. Dire qu’il aura fallu une terrible pandémie pour que le basket luxembourgeois réalise d’un coup un immense pas en avant…
Après de longs mois d’arrêt, le basket a repris ses droits… en mode Covid, avec distanciation sociale, gestes barrières et généralement pas de spectateurs. Les sneakers ont à nouveau pu crisser sur les parquets grand-ducaux… pendant plusieurs semaines. Mais alors que le foot et le handball avaient eu leur lot de cas positifs et de matches reportés, la balle orange s’en tirait avec les honneurs… avant que tout ne s’accélère. Un cas à l’Amicale, puis plusieurs qui ont contraint à reporter des matches de Coupe, sans oublier le test positif d’un arbitre qui a obligé deux équipes à déclarer forfait. Une fois encore tout s’est accéléré… et fin octobre, tout s’est arrêté. Encore.
La suite ? À l’issue d’une troisième AGE (!!), qui s’est transformée en simple réunion pour raison de statuts, la FLBB a indiqué trois scénarios de reprise possibles, allant de la mi-janvier et s’étalant jusqu’à début mars. À l’heure actuelle, ce qui est acquis, c’est qu’on n’aura pas de basket avant au minimum février. Pour le reste, rien n’est sûr…
Mais il en faut bien plus qu’une pandémie pour empêcher les basketteurs luxembourgeois de briller. La preuve ? Même avec un championnat à l’arrêt, la sélection a terminé l’année en allant chercher une magnifique victoire face à la Slovaquie, en Slovaquie, dans la bulle sanitaire de Bratislava où se déroulait la deuxième fenêtre FIBA pour les préqualifications du Mondial-2023. Une note positive pour conclure une année qui aura marqué l’histoire de la balle orange grand-ducale.
Romain Haas