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Covid : retour sur 300 jours de crise au Luxembourg


La ministre de la Santé Paulette Lenert et le Premier ministre Xaier Bettel, binôme de la gestion de la crise (photo : Hervé Montaigu).

Tout a commencé le 29 février avec la détection d’un premier cas de coronavirus au Luxembourg. En 10 mois, deux vagues d’infections ont déferlé sur le pays, mettant politique et société à rude épreuve. Rétrospective.

En cette semaine de Noël, le Luxembourg compte près de 7 200 infections actives au coronavirus. Depuis fin février, plus de 45 200 résidents ont contracté le Covid-19. Jusqu’à mercredi soir, 458 personnes sont mortes des suites de leur infection. Malgré une légère accalmie entre mai et août, le virus n’a cessé de faire des ravages. Le Grand-Duché va clôturer cette année de crise sanitaire sans précédent en étant confiné et privé de bon nombre de libertés fondamentales. Inimaginable il y a à peine 10 mois…

24 février, le signal d’alerte

Le coronavirus sévit dans le nord de l’Italie. «Nous sommes prêts, il n’y a pas de raisons de paniquer», indique la nouvelle ministre de la Santé, Paulette Lenert, dans les colonnes du Quotidien. Elle n’a succédé que le 4 février à Étienne Schneider.

29 février, la première infection

La toute première infection au coronavirus est annoncée. L’homme testé positif est hospitalisé au CHL, ses proches sont placés en quarantaine. Dans les jours qui suivent, les cas d’infection tombent au compte-gouttes.

16 mars, le confinement est engagé

Les premières transmissions locales du virus sont identifiées le 12 mars, le lendemain, le premier décès lié au Covid-19 est annoncé. La victime avait 94 ans. La propagation exponentielle du virus forcera le gouvernement à placer le 16 mars l’ensemble du pays en confinement. Les écoles, les commerces non essentiels, l’Horeca et le secteur culturel sont fermés. Les déplacements sont fortement limités. «Les mesures que nous prenons sont sérieuses et vont loin, mais cela est nécessaire et justifié», souligne le Premier ministre, Xavier Bettel.

17 mars, l’état de crise est décrété

Le Premier ministre décrète l’état de crise. Ce dispositif inédit, inscrit dans la Constitution, permet au gouvernement de prendre des décisions dans l’urgence sans devoir passer par le Conseil d’État et la Chambre des députés. «Restez à la maison», implore Xavier Bettel en s’adressant à la population. Le 21 mars, la Chambre valide à l’unanimité la prolongation de l’état de crise pour la durée maximale de 3 mois.

31 mars, la barre des 2 000 cas est atteinte

Le virus continue de se propager à très grande vitesse. En un mois, le Luxembourg est passé de 1 à plus de 2 300 cas positifs. Fin mars, 29 personnes sont décédées des suites de leur infection. «Les personnes qui pensent que le moment d’un déconfinement est venu font fausse route», affirme le Premier ministre début avril.

20 avril, le déconfinement est lancé

Le moment tant attendu intervient au bout de deux mois. Les chantiers ouvrent la voie. «Nous devons continuer à rester disciplinés pour éviter le scénario catastrophe que nous avons su éviter jusqu’à présent», clame le Premier ministre.

11 mai, 25 mai et 29 mai, la vie reprend ses droits

Les commerces et écoles sont rouverts. Sous le soleil printanier de la Pentecôte, les cafés et restaurants peuvent aussi servir les premiers plats et verres postconfinement. «Nous disposons de la meilleure situation possible pour avancer. Mais le virus, ce n’est pas de l’histoire ancienne», note la ministre Paulette Lenert. Le nombre de nouvelles infections est au plus bas.

22 juin, l’état de crise est levé

L’union nationale prônée en mars vole en éclats. Lors du vote de la première loi Covid, censée prolonger une série de restrictions sanitaires, l’opposition lâche la majorité. «Avec la fin de l’état de crise, l’état de grâce du gouvernement a vécu», fustige Claude Wiseler au nom du CSV.

23 juin, le rebond

La levée de toutes les restrictions dans le cercle privé provoque un net rebond des infections dans la foulée de la fête nationale. Entre le 23 juin et le 19 juillet, 1 507 infections sont enregistrées, alors qu’entre le 25 mai et le 21 juin, seules 136 contaminations avaient été comptabilisées. Les 16 et 23 juillet, de nouvelles restrictions sont décidées. L’empressement à faire voter la loi dans un délai de trois jours dérange Marc Baum (déi Lénk) : «Il s’agit d’un travail manquant de sérieux et qui est source d’erreurs.»

22 septembre, la mise en garde

«La rentrée constitue un moment critique. D’ici deux à trois semaines, on pourra mieux évaluer si les mesures prises doivent être renforcées», prédit la ministre de la Santé au moment de la prolongation des mesures anti-Covid jusqu’au 31 décembre.

Le ministre de l’Économie Franz Fayot dans une usine de masque à Luxembourg (photo : Fabrizio Pizzolante).

28 octobre, le couvre-feu entre en vigueur

Depuis la mi-octobre, une deuxième vague d’infections déferle sur le pays avec une moyenne de plus de 800 infections par jour. «Les mesures que nous prenons aujourd’hui sont certes restrictives, mais nous laissent encore une assez grande liberté. Pour maintenir cette liberté, il faudra se battre», avance Mars Di Bartolomeo (LSAP). «Il est absurde de recourir à des mesures si incisives. On n’est pas en état de guerre», dénonce Jeff Engelen (ADR).

25 novembre, un confinement partiel pour Noël

Le pic absolu est atteint le 17 novembre avec 891 infections en 24 heures. Les hôpitaux atteignent leurs limites avec plus de 220 patients, dont plus de 40 en soins intensifs. Résultat des courses : le Luxembourg est contraint d’entrer dans un reconfinement partiel avec une forte réduction des contacts (bulle de 2 personnes) et une fermeture de l’Horeca, des théâtres et des cinémas. Les premières critiques émanent du camp de la majorité. «Nous nous devons de sortir du cercle vicieux des restrictions», martèle Josée Lorsché (déi gréng).

15 et 24 décembre, le durcissement

Les critiques fusent au moment où le gouvernement demande une prolongation du confinement partiel jusqu’au 15 janvier. Sven Clement (Parti pirate) juge que l’«entêtement» du gouvernement se solde par une politique du «laisser-faire». Une petite semaine plus tard, le gouvernement décide un nouveau tour de vis. En ce réveillon de Noël, la fermeture des commerces et un élargissement du couvre-feu (21 h-6 h) seront actés.

David Marques