Les critiques ne cessent plus de s’abattre sur le gouvernement. La gestion de la deuxième vague d’infections au coronavirus est qualifiée de «pitoyable», d’«incohérente» et d’«échec retentissant». Les secteurs les plus gravement impactés par les restrictions anti-Covid font part de leur incompréhension en appliquant la devise «Pourquoi moi, mais pas lui ?».
En dépit de la complexité et de l’imprévisibilité qui continuent de caractériser le coronavirus, toute nuance dans les jugements a disparu. Faut-il par conséquent en conclure que seul un confinement strict et généralisé pourrait mettre tout le monde d’accord, comme cela a été le cas au printemps ? Rappelons que cette mesure inédite a été décrétée à un moment où le pays comptait à peine 77 infections et un seul décès liés au Covid-19.
Vendredi, le bilan affichait 449 nouvelles infections et 434 décès au total. Les chiffres bruts sont alarmants. Mais plus que jamais, il faut les remettre dans leur contexte. À la mi-octobre, la ministre de la Santé prônait que «ce n’est pas parce que les routes sont glissantes qu’on les ferme immédiatement. Il faut d’abord se montrer prudent avant de prendre des mesures plus radicales.» Dans un premier temps, la stratégie a été saluée. Les restrictions décidées les 30 octobre, 26 novembre et 15 décembre ont permis de briser la vague et de faire progressivement baisser les infections. D’une moyenne mobile de plus de 700 contaminations par jour début novembre, on est passé à une moyenne de 400 cas. Taux de positivité et taux de reproduction sont en nette baisse. Malheureusement, les victimes sont passées en un peu plus de deux mois de 160 à plus de 430. En soins intensifs, le nombre de patients ne diminue que lentement.
Sachant que l’effet des mesures au niveau des hospitalisations, et donc des décès, est déphasé, le bilan n’est pas si négatif. Il est donc étonnant de voir Paulette Lenert, deux jours à peine après avoir défendu sa stratégie, laisser ouvertement entrevoir le retour à un confinement strict, sans attendre que la prolongation des restrictions en vigueur continue de produire ses effets. La prudence longtemps mise en avant fait place à l’hésitation. La sortie de route est imminente.
David Marques