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Luxembourg : investir pour devenir plus résilients


Le rapporteur du projet de budget, François Benoy (déi gréng), a livré son analyse mardi (photo : Hervé Montaigu).

Le rapporteur du projet de budget, François Benoy (déi gréng), a construit son discours autour des crises multiples que doit affronter le Luxembourg.

L’année 2021 débutera comme la précédente s’est achevée. Dehors, un virus fait rage et pour le combattre, il faut y mettre les moyens. Le député François Benoy ne s’est pas contenté de la seule crise sanitaire pour expliquer à ses pairs que le pays devait s’équiper pour faire face à d’autres crises, climatiques, environnementales et sociales.

Pour pouvoir les affronter, il faut des finances solides. Le budget 2020 a été fortement impacté par la pandémie en raison de l’écroulement des recettes et de l’augmentation des dépenses. Pour sauver la situation et la maintenir à flots, le gouvernement a décidé de vastes mesures de soutien aux acteurs économiques et aux citoyens (allocation de vie chère doublée, augmentation de la subvention loyer, gel des loyers, etc.).

C’est aussi en pleine pandémie que le gouvernement en a profité pour mettre en place des mesures de relance comme l’augmentation temporaire des primes climatiques (rénovation énergétique, mobilité durable, etc.), au nom de la relance verte de l’économie chère à François Benoy.

Les mêmes ambitions guident selon lui le projet de budget 2021 même si l’exercice 2021 sera aussi marqué par les conséquences de la crise sanitaire, tant au niveau des recettes et dépenses qu’au niveau de la dette publique. Et en ces temps incertains, seul le vaccin permet aujourd’hui d’être un peu plus optimiste car les chiffres restent noirs.

En ce qui concerne le solde des administrations publiques, il atteint un déficit de 4,4 milliards d’euros, et pour l’exercice 2021, en raison d’une augmentation des recettes et d’une diminution des dépenses, il est prévu que le déficit atteigne encore près de 2 milliards d’euros, selon le budget amendé.

Accents écolos

La poursuite des investissements est primordiale pour l’orateur, qui y voit un renforcement de la résilience du pays face aux crises diverses. Les investissements correspondaient à environ 5 % du PIB en 2019 et passent à plus de 6 % en 2024. En 2013, les investissements des administrations publiques s’élevaient à 2,1 milliards d’euros, ce qui correspondait alors à 4,6 % du PIB. En une décennie (de 2013 à 2024), les investissements auront plus que doublé en volume.

Il faut en premier lieu investir dans notre système de santé, selon les priorités du rapporteur. Avec un taux de 62 % de professionnels de santé provenant de l’étranger, le pays a dépassé un seuil critique le rendant extrêmement vulnérable et dépendant des décisions politiques et économiques des pays frontaliers concernant leurs professions de santé.

Ensuite, il y a l’environnement.  Le Luxembourg a une des empreintes écologiques les plus grandes au niveau mondial. François Benoy rappelle que le pays a atteint son jour du dépassement pour 2020 le 16 février déjà. «Si la population de toute la planète avait un niveau de consommation luxembourgeois, elle aurait besoin de 8 planètes pour alimenter sa consommation de manière durable», illustre le député écolo.

Le changement de paradigme que représente la taxe carbone réjouit le rapporteur. Le principe du pollueur-payeur devient une partie intégrante de la fiscalité luxembourgeoise puisque le montant de la nouvelle taxe est lié à la pollution effectivement produite. Le gouvernement a choisi de taxer les émissions de CO2 à 20 euros par tonne en 2021, avant d’augmenter ce taux successivement de 5 euros pour arriver à 30 euros par tonne de CO2 en 2023.

Poursuivant sur l’état des lieux environnemental du pays, le rapporteur souligne que la situation est encore plus alarmante pour la flore et la faune sauvages avec 80 % des espèces (oiseaux exceptés) qui se retrouvent dans un état insuffisant ou mauvais. Un recul substantiel a été observé pour plus d’un quart des oiseaux domestiques, quand ce n’est pas carrément l’extinction.

La lutte contre la précarité et l’accès au logement sont aussi des crises à combattre. Le rapporteur défend la politique du gouvernement qui a augmenté son budget de dépenses pour le logement avec 900 millions d’euros prévus pour la période entre 2020 et 2024.

L’État doit garantir la cohésion sociale, ce qui l’oblige à «offrir un logement décent et abordable à tous les citoyens, à assurer une fiscalité juste et à garantir une société inclusive, où tous les citoyens ont les mêmes chances et peuvent participer à la vie citoyenne et où personne n’est laissé de côté», conclut en substance le rapporteur.

Geneviève Montaigu