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L’heure de fermeture

Il ne manquait plus que ça. Après nous avoir privés de cavalcades, de l’octave, de la «Päischtcroisière» et de la Schueberfouer, ce satané coronavirus va aussi gâcher Noël. Et pourtant, le camp politique a longuement promis que les efforts à consentir allaient finir par sauver les fêtes de fin d’année. Il n’en sera rien. Qui est fautif? Les uns désignent un gouvernement trop laxiste, les autres pointent des citoyens trop irresponsables. La réponse est qu’il est assez triste qu’il faille émettre des restrictions strictes pour que la population prenne conscience que la crise sanitaire est encore loin d’être évacuée.

Tout miser sur Noël était en fin de compte une belle carotte pendue sous le nez de la population pour qu’elle ne baisse pas les bras. Sans vouloir remettre en cause le caractère familial de ce jour de fête, il ne faut pas oublier que seuls 41 % des citoyens interrogés en 2013 par TNS Ilres se disaient être liés à une communauté de foi chrétienne. La proportion de non-chrétiens, pour lesquels Noël n’a pas forcément d’intérêt particulier, est donc importante. Mais est-ce si dramatique de passer un réveillon de Noël (ou du nouvel an) en petit comité ? Vu l’enjeu sanitaire, on est tenté de répondre par la négative.

La seule certitude qui se dégage est que les avis divergent fortement autour des restrictions anti-Covid. La fermeture de l’Horeca, des théâtres et des cinémas n’a pas permis de faire baisser le chiffre des infections? Le coupable serait donc à chercher dans les commerces, les transports publics ou même l’école. Conclusion : faut-il rouvrir les cafés et restaurants mais fermer les centres commerciaux, mettre au dépôt les trains et bus (et le tram) et renvoyer les élèves à la maison? Malheureusement, l’équation n’est pas si simple à résoudre. Mais en consultant de plus près la vox populi (ou au moins une frange), la seule conséquence logique des pensées des uns et des autres est que l’heure est à la fermeture. En d’autres termes : il faut replonger le pays dans un confinement strict.

Il est temps d’admettre que la gestion de la pandémie de coronavirus n’est pas (encore) une science exacte. En attendant, la solidarité, y compris financière, de la part de l’État pour venir en aide aux secteurs les plus punis par le confinement doit pleinement jouer.

David Marques