De retour de Linz où elle a atteint la demi-finale de Ligue des Champions avec Saint-Quentin, Sarah De Nutte revient sur cette aventure. Mais pas seulement…
Êtes-vous bien rentrée d’Autriche ?
Oui. Nous sommes partis mardi à 8h de Linz et je suis arrivée à 19h30 à Amnéville où ma mère est venue me chercher. Le trajet a été assez long mais tout s’est bien passé.
Quels sont vos sentiments après cette campagne où Saint-Quentin est parvenu à se hisser en demi-finale avant de s’incliner, finalement, face au hôte de cette compétition, le Linz AG Froschberg (2-3) ?
En étant tête de série n°3 de la compétition, l’objectif était d’atteindre le dernier carré. Plus, ça aurait été du bonus. Je me dis que si Mo (Zhang), qui fut Top 20 mondial (Ndlr : 19e en octobre 2018), était là, on aurait peut-être pu aller plus loin. Malheureusement, une semaine seulement avant le début de la compétition, elle nous a dit que l’un de ses proches venait de mourir des suites du Covid-19 et elle, habituée aux mesures sanitaires prises en Chine, n’était pas rassurée à l’idée de venir…
Malgré cette absence, vous n’êtes pas passée loin de la finale…
Contre Linz, Andreea (Dragoman) perd le premier match à l’issue d’un cinquième set perdu 6-4. Polina (Mikhailova) égalise et c’est à mon tour de jouer face à Liu Jia qui fut quand même Top 10 mondial (Ndlr : 2005). Dans la première manche, je mène 9-4. Tout se passe bien et puis elle revient et, finalement, l’emporte 17-15. Et ce alors que j’ai eu plusieurs balles de set. Je regrette de ne pas avoir pris de temps-mort ! Quand tu joues face à un adversaire qui est bien plus fort que toi, tu dois faire avec les armes dont tu disposes et quand elle est revenue dans le coup, j’aurais dû prendre un temps-mort.
Vous n’y avais pas pensé par manque de lucidité ?
Mais j’y ai pensé, plusieurs fois même ! À 9-7, par exemple, je me pose la question mais je me dis que non, ce n’est pas nécessaire. Pareil sur ma deuxième ou troisième balle de set mais là encore, je n’en vois pas l’intérêt. Dommage…
Pensez-vous que le gain de cette première manche aurait fondamentalement changé la donne ?
Les deux équipes étaient à égalité (1-1). Si j’avais gagné le premier set, Liu Jia se serait peut-être retrouvée un peu sous pression. Et puis, on ne sait jamais, qui sait ce qui se serait passé si j’étais parvenue à la pousser jusqu’à la «belle» ?
Que pensez-vous de cette nouvelle formule qui a vu le 5e set passé de 11 à 6 points…
La fédération européenne a adopté cette nouvelle formule pour cette Ligue des Champions. C’est une manière d’apporter un peu plus de suspense. Pour les spectateurs, c’est forcément plus intense mais ça l’est aussi pour nous (rires). Avant, si tu étais menée 3-0, il n’y avait rien de grave. Tu savais que tu avais le temps de te refaire. D’autant qu’il fallait l’emporter par deux points d’écart. Là, ce n’est plus le cas. Donc, à 3-0, ça devient vraiment très chaud. Et puis, à chaque point, on change de serveur…
Cette formule ne permet-elle pas de niveler l’écart théorique entre deux joueuses ?
Bien sûr ! Déjà qu’il y a une différence entre des matches entre trois ou quatre sets gagnants, cette «belle» favorise les surprises.
La saison dernière, à partir des quarts de finale de la Ligue des Champions, il y avait plus de 1000 spectateurs dans la salle !
En avril dernier, suite à l’annonce officielle de votre arrivée à Saint-Quentin, un journal local avait titré «Une recrue de luxe au TTSQ». Pourquoi avoir choisi ce club ?
(Elle rit) Ah bon ? Je ne savais pas qu’on avait titré ça. Pourquoi Saint-Quentin ? J’avais été approchée par plusieurs clubs. Mais j’avais envie de jouer en France. Alors j’ai choisi Saint-Quentin et, à cause du Covid, je me suis engagée sans même y être allée. J’ai signé mon contrat via Zoom.
Comment s’est déroulée votre adaptation ?
Bien. Je m’y suis rendu la première fois en octobre à l’occasion du premier match de championnat. La plupart des joueuses n’habitent pas à Saint-Quentin et on se retrouve juste pour les matches. Polina (Mikhailova), par exemple, habite à Saint-Petersbourg…
Si cette situation est fréquente, n’est-ce pas étrange de jouer pour une ville où l’on ne réside pas et cela influe-t-il sur votre relation avec les supporters ?
En fait, entre deux matches de championnat, il nous arrive de rester une semaine ensemble à Saint-Quentin. Par exemple, ce dimanche, je m’y rends car on a un match à domicile le lundi et, ensuite, on part à Quimper où l’on joue le 15 décembre. En moyenne, on passe une semaine par mois ensemble. Concernant les spectateurs, les dirigeants m’ont dit que la saison dernière, à partir des quarts de finale de la Ligue des Champions, il y avait plus de 1000 spectateurs dans la salle ! Jusqu’à présent, en raison des mesures sanitaires, ils n’étaient pas plus de 100. Mais on sent que c’est une ville de sport. Il y a un club de basket en Pro B, un club de volley en Ligue B aussi.
Fondé en 2009, Saint-Quentin n’a pas encore inscrit son nom au palmarès du championnat de France. Est-ce son objectif cette saison ?
L’objectif est de faire la meilleure saison régulière possible et de se qualifier pour le play-off. Pour l’instant, on est en tête avec quatre victoires en autant de journées.
Quels sont à vos yeux vos principaux concurrents ?
Metz et Lille qui disputaient également la Ligue des Champions. Metz a même atteint les demi-finales.
Entretien avec Charles Michel
Saint-Quentin perd son titre…
En s’inclinant en demi-finale de la Ligue des Champions, Saint-Quentin a perdu sa couronne européenne. Enfin, une partie de sa couronne. En effet, en raison de la crise liée au Covid-19, la fédération européenne avait annulée l’épreuve la saison dernière juste avant les demi-finales. Dès lors, plutôt que de voir une année blanche au palmarès de la Ligue des Champions, l’ETTU avait désigné le 11 mai dernier les quatre dernières formations encore en lice, championnes d’Europe…