Britanniques et Européens poursuivent lundi d’âpres négociations pour tenter de trouver un accord post-Brexit, des heures décisives après des mois d’impasse afin d’éviter un échec aux lourdes conséquences économiques.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen tireront dans la soirée le bilan de ces deux jours supplémentaires de discussions entamées dimanche, un « nouvel effort » qui s’apparente à une dernière chance.
L’issue des pourparlers, jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi, reste incertaine.
« Il serait prématuré » de parler d’avancées à ce stade, a dit dimanche soir une source européenne. « Il est impossible de prédire le résultat. Le chemin est très étroit », a confié une autre source proche des discussions.
« Mon instinct me dit que c’est 50/50, je ne pense pas qu’on puisse être trop optimiste », a estimé le Premier ministre irlandais Micheal Martin sur la chaîne RTE.
Le négociateur européen Michel Barnier doit faire un point des discussions tôt lundi aux ambassadeurs des Vingt-Sept, puis auprès du groupe des eurodéputés qui suivent le dossier.
Il s’était montré très prudent au début de cette nouvelle séquence en raison de l’impossibilité depuis mars de trouver un compromis entre Londres et l’UE. « Nous verrons si nous pouvons avancer », avait-il lâché.
« Nous allons travailler très dur pour obtenir un accord », a pour sa part promis son homologue David Frost, en arrivant dimanche à Bruxelles.
Les négociateurs travaillent sous la pression inexorable du calendrier puisqu’un éventuel accord commercial – de plus de 700 pages – devra encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant d’entrer en vigueur le 1er janvier.
Sans oublier l’extrême vigilance des Etats membres qui espèrent un accord, mais s’inquiètent de concessions trop importantes aux Britanniques.
Nouveau choc économique
Le Premier ministre irlandais, dont le pays sera en première ligne en cas d’échec, a appelé les négociateurs à faire preuve de « toute la créativité possible ».
Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a répété dimanche qu’en cas d’accord « non conforme » aux intérêts de la France, en particulier pour ses pêcheurs, Paris pourrait mettre son « veto ».
En cas de « no deal », « il vaut mieux le savoir maintenant qu’à Noël », a-t-il dit au Journal du Dimanche.
L’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, un sujet hypersensible pour certains Etats membres, fait partie des trois points qui bloquent les discussions, avec la façon de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées par l’UE en matière de concurrence en échange d’un accès britannique sans quota ni tarif à son grand marché.
Des rumeurs faisant état d’avancées sur la pêche dimanche soir ont été sèchement démenties par des sources gouvernementales britanniques: « Il n’y a pas eu de percée ».
Sur les conditions de concurrence équitable, destinées à garantir une convergence en matière d’aides publiques, de normes sociales ou environnementales, la difficulté est de trouver un mécanisme qui respecte la souveraineté retrouvée du Royaume-Uni après son divorce tout en protégeant les intérêts européens.
L’Allemagne, qui occupe actuellement la présidence de l’Union, a rappelé qu’elle n’accepterait pas un accord « à n’importe quel prix ».
Quel que soit le résultat des négociations lundi soir, la future relation avec Londres devrait de toute façon être l’un des sujets chauds du sommet européen jeudi et vendredi à Bruxelles.
Depuis son départ officiel de l’UE, le 31 janvier dernier, le Royaume-Uni continue d’appliquer les règles européennes. Ce n’est qu’à la fin de cette période de transition, le 31 décembre, qu’interviendra sa sortie du marché unique et de l’union douanière.
Faute d’accord, les échanges entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par la pandémie de coronavirus.
AFP