La section de futsal du FCD03, qui a franchi son tour de C1 dimanche, commence lentement à se faire sa place dans le club. Au point de le faire changer de visage ?
Ce week-end, le FCD03 a pulvérisé l’Helvecia London (6-0), se qualifiant pour les 16es de finale de la Ligue des champions, faisant du club dirigé par Fabrizio Bei le premier du pays à franchir un tour européen sur le pré et en salle. Au point que le futsal est en train de rattraper tout doucement son retard, comme le confie le président.
Que cela vous inspire-t-il de repenser à ce succès, en se disant que, dimanche, Differdange a battu Londres ?
Fabrizio Bei : Oui, on a battu le champion d’Angleterre et on a écrit l’histoire. Ça vaut ce que ça vaut, mais vu le match qu’ils ont livré, c’est une sacrée équipe que le futsal a bâtie là (parce que même si je suis très proche de cette section, je ne me mêle pas de son recrutement). C’était du très haut niveau et aujourd’hui, ce que je vois, c’est que le FCD03 fait quand même partie des 32 dernières équipes du continent.
Cela fait prendre une dimension différente au futsal au sein de ce club, non ?
Ils vont intégrer le comité exécutif du club et ils sont déjà deux, Humberto Da Cruz et Filipe Costa, à faire partie du conseil d’administration. Ils étaient déjà là, hein! Ce n’est pas parce qu’ils se mettent à gagner qu’on les intègre. Ils ont aussi développé beaucoup de contacts au Portugal dont la section football pourrait profiter. Je les ai déjà accompagnés là-bas, j’ai vu le niveau du futsal sur place. Il n’y a pas beaucoup mieux hormis l’Espagne, voire la France et l’Italie.
Vous commencez à être séduit ?
Le coach des Anglais était un Espagnol. Il nous disait qu’on avait de sacrés joueurs. Et qui pourraient d’ailleurs jouer au football. Bocum, derrière, c’est une bête. Si Paolo (Amodio) a besoin de joueurs, un jour… Devant, Masic pourrait aussi faire une belle carrière sur un terrain. Fred aussi. Il arrive, comme avec Sanel Ibrahimovic (NDLR : Wiltz) qui a commencé au futsal, ou Ramiro Valente (NDLR : Rosport) qui a fait des allers-retours entre les deux disciplines, que ça tourne…. En attendant, j’ai déjà prévenu : si au prochain tirage on hérite du Barça ou du Benfica, je vais avec eux. Mais pourquoi pas un plus petit club et espérer passer ?
Si Differdange doit encore recevoir au tour suivant, la suite se fera-t-elle encore en France ?
Oui. Dimanche soir, après le match, j’ai encore parlé au maire de Cosnes-et-Romain (NDLR : Cédric Aceti) et il a mis sa salle à notre disposition pour qu’on s’entraîne. Alors si effectivement on doit jouer à domicile, oui, on jouera en France. Comme ça, pas de risque. En tout cas, c’est cette salle qu’on a indiquée auprès de l’UEFA.
Pas de nouvelles du ministère des Sports, donc ?
Pas de nouvelles, rien. La seule chose qu’on ait reçue, c’est une lettre, jeudi dernier. Cela disait qu’ils ne peuvent pas changer la loi. Selon moi, ils auraient dû faire une parenthèse. Pour moi, c’est un sport d’élite. Mais bon, c’est fait, c’est fait…
Si je fais les comptes, ça me rappelle plus ce que doivent faire nos handballeurs pour avoir le droit de jouer une Coupe d’Europe
Il vous faudra repartir sur le même protocole et donc cette semaine d’isolement qui force les joueurs à prendre une semaine de congés ?
Rien n’a changé. Il faudra repartir sur le même système avec une semaine d’isolement, sans contact, sans rien, à Lasauvage. Enfin voilà, Lasauvage, c’est très joli, mais de là à y rester une semaine sans voir personne…
Pour un homme qui aime l’engagement comme vous l’êtes, cela doit vous plaire : ils font ça pour l’amour de leur sport. D’ailleurs, le club ne doit pas gagner énormément d’argent dans cette opération. Moins que la section football…
Un tour de Coupe d’Europe passé permet effectivement de gagner beaucoup moins d’argent. En fait, c’est juste pour payer les frais. L’hébergement, les déplacements… dont on s’acquitte aussi pour l’adversaire. En fait, il faut presque même mettre un peu d’argent de sa poche, à la fin. Si je fais les comptes, ça me rappelle plus ce que doivent faire nos handballeurs pour avoir le droit de jouer une Coupe d’Europe.
Pourtant, votre enthousiasme semble sans borne à l’heure actuelle.
La popularité qu’ils sont en train de gagner est invraisemblable. Quelle euphorie : Il y avait plus de 1 200 personnes pour suivre le match sur internet. On veut apporter cette euphorie vers le football. De nombreux supporters du futsal viennent déjà nous voir au stade. On les intègre doucement, comme les dirigeants. De deux bulles, on est en train de faire une seule bulle. Rémy Manzo (NDLR : propriétaire de plusieurs restaurants au Kirchberg), qui est très actif dans le futsal, commence à faire déborder son sponsoring chez nous, alors que moi je fais l’inverse. Rémy, c’est une bête de scène. Il me rappelle moi quand j’étais plus jeune. Et il m’a dit dimanche soir, après en avoir pleuré : « tu verras, on va refaire la même chose avec le football »…
Entretien avec Julien Mollereau