[PRÉQUALIFICATIONS DU MONDIAL-2023] L’équipe nationale luxembourgeoise a réalisé un superbe exploit en s’imposant face à la Slovaquie (73-77), samedi soir à Bratislava.
Quarante-huit heures plus tôt, la sélection avait soufflé le chaud et le froid face à l’ogre islandais, à l’occasion de son premier match dans la bulle de Bratislava, où se déroule la deuxième phase des préqualifications pour le Mondial-2023.
Le chaud, avec une prestation de très haut niveau pendant un peu plus d’une mi-temps, période décrite par Ken Diederich comme «notre meilleure mi-temps» depuis qu’il est aux commandes. Et le froid avec une disette de quelques minutes qui a scellé le sort d’une rencontre finalement largement remportée par les Islandais (90-76), il faut le dire, largement supérieurs au Luxembourg sur le papier.
Ce qu’on retenait de cette soirée, c’était beaucoup d’envie, de mouvement et de solidarité côté grand-ducal, mais également énormément de tirs ouverts ratés, un pourcentage aux lancers indigent, de gros problèmes de fautes d’Alex Laurent et l’impression d’être passé à côté de quelque chose de grand : «On est déçus, mais c’est bien. Cela veut dire qu’on a fait quelque chose de bien», confiait le technicien à l’issue de la rencontre.
Sur le strict plan comptable, il s’agissait de la troisième défaite en trois rencontres depuis le début de cette phase de préqualifications. Même s’il y avait du bon dans chacune de ces rencontres, le résultat final était toujours le même : la défaite.
Samedi, il leur restait une dernière chance de récolter les fruits d’un travail qui a clairement été effectué au fil des rassemblements de la sélection. Cette fois, il fallait se sortir des griffes de la Slovaquie, le pays hôte, qui n’avait fait qu’une bouchée du Kosovo deux jours plus tôt. Pour espérer un autre résultat que face à l’Islande, les coéquipiers de Clancy Rugg devaient d’abord prendre un bon départ, histoire de rester dans le match. Et éviter de craquer face, encore une fois, à une formation entièrement composée de joueurs professionnels.
Tout devait être parfait
«L’objectif, c’est de gagner un match. Mais tout devra être parfait», avait annoncé Ken Diederich avant le début de ce séjour dans la bulle. Et samedi, même si tout n’a pas été parfait, on n’en était quand même pas très loin. Appliqués, à l’image d’un impeccable 12/12 sur la ligne des lancers, adroits, comme en témoignent les 39 % à trois points (dont 1 joli 3/6 pour Philippe Gutenkauf), présents sous le panier (43 rebonds contre 38, dont 9 pour Alex Laurent) et altruistes (18 passes, dont 5 pour le seul Ivan Delgado), les hommes de Ken Diederich, qui a pu compter sur un Oli Vujakovic au four et au moulin (7 pts, 7 rebonds, 4 passes, 2 interceptions en 35’41“), ont livré une partition pleine.
Rapidement handicapé par un problème de fautes face à l’Islande, Alex Laurent a cette fois réussi à éviter cet écueil. Il a pu s’exprimer à plein pendant 37’34“, le temps de noircir la feuille de stats avec 13 points, 9 rebonds, 2 passes et 3 interceptions. À l’issue de la première rencontre, le joueur des Dukes de Klosterneuburg s’était félicité de voir que chaque remplaçant avait apporté quelque chose en sortant du banc. Samedi, sur les neuf Luxembourgeois à avoir foulé le parquet, sept ont marqué. Vous avez dit banc efficace…
En Slovaquie, on retrouvait des joueurs comme Mario Ihring, qui évolue régulièrement en Coupe d’Europe et qui a terminé meilleur marqueur de son équipe samedi (22 points), l’intérieur de la Joventut Badalone Vladimir Brodziansky et ses 211 cm sous la toise, sans oublier un autre jeune géant, Tomas Pavelka (2,16 m), déjà apparu dans l’équipe première de Valence. Mais face à eux, les petits Luxembourgeois ont fait ce qu’ils savent faire de mieux : faire rapidement circuler la balle pour perturber au maximum la défense adverse. Jouer vite, faire montre d’une solidarité sans faille, qui leur permet de remporter la bataille des rebonds face à des joueurs beaucoup plus grands, ne pas hésiter à s’engouffrer dans les brèches, à l’image d’un Thomas Grün très incisif. Et se jeter avec envie dans chaque possession : «Sur chaque ballon, on avait faim», se réjouit le technicien luxembourgeois.
Dans les faits, ça donne une rencontre où le Luxembourg a pratiquement toujours été devant (près de 27 minutes), un match dans lequel la Slovaquie ne s’est jamais échappée bien loin (+5 au maximum de son avance). Et quand il a fallu faire la décision, ce sont bien les joueurs grand-ducaux qui se sont mis en évidence. On pense à ce tir à trois points signé Ben Kovac, le plus Slovaque des Luxembourgeois, parfaitement servi par un très bon Ivan Delgado, pour donner 11 points d’avance à 2 minutes de la fin.
Dernières minutes tendues
Un bel avantage. Mais chat échaudé craint l’eau froide. Et tout le monde avait encore en tête la dernière rencontre à la Coque, au mois de février dernier, quand le Kosovo pointait également à bonne distance du Luxembourg à quelques minutes de la fin… avant que les coéquipiers de Thomas Grün ne se fassent déborder pour essuyer une cruelle défaite.
Samedi, les dernières minutes ont été tendues, la Slovaquie est parvenue à revenir à quatre longueurs… mais, envoyés sur la ligne, ni Thomas Grün d’abord ni Clancy Rugg – très présent avec 23 points, 8 rebonds, 1 interception et 2 contres– n’ont tremblé. Et le dernier panier slovaque n’y a rien changé : le Luxembourg a bien signé son premier succès dans cette campagne (77-73).
Une victoire ô combien méritée si on regarde la prestation d’ensemble des joueurs grand-ducaux depuis le début de ces préqualifications. Deux points qui valident l’énorme travail effectué par cette bande de potes. Qu’on retrouvera au mois de février prochain pour les deux derniers matches. Ce sera normalement au Kosovo, puis à la Coque, face à l’Islande.
Romain Haas
Ils ont dit : «Je voulais ce genre de responsabilités»
THOMAS GRÜN : (sur ses deux lancers à la dernière minute) «J’étais assez confiant. Je me suis forcé à penser que j’allais rentrer les deux lancers. Je ne voulais pas avoir le moindre doute. En même temps, je voulais ce genre de responsabilités.»
BEN KOVAC : «C’était un super sentiment, car on était les underdogs face à un pays plus peuplé et avec plus de pros. Peu de monde pensait qu’on pouvait les battre, mais au sein de l’équipe, on savait qu’on avait les compétences et la volonté pour le faire. (Sur son tir à trois points pour en donner 11 d’avance à 2 min de la fin) On n’a pas un système pour un joueur spécifique. Mais on a bien exécuté notre action, il restait quatre ou cinq secondes pour tirer. J’avais confiance dans le fait que j’allais le mettre. À ce moment, même si on sait que tout peut aller très vite, j’avais le sentiment qu’on avait fait tourner le match en notre faveur.»
LUXEMBOURG : 27 paniers, dont 11 à trois points,12 lancers sur 12, 17 fautes dont 1 antisportive : Kovac (12e).
GRÜN 17, LAURENT 13, VUJAKOVIC 7, RUGG 23, GUTENKAUF 9 puis Delgado 3, Schmit, Kalmes, Kovac 5.
SLOVAQUIE : 27 paniers, dont 10 à trois points, 9 lancers sur 10, 20 fautes, 1 éliminé : Krajkovic (40e).
MUSLI 2, IHRING 22, BRODZIANSKY 20, KÖRNER 7, KRAJKOVIC 19 puis Abrham 3, Bachan, Rozanek, Pavelka, Juricek.
Arbitrage de MM. Rohacky (Aut), Praksch (Hon) et Földhazi (Hon).
Évolution du score : 5e 8-9, 10e 15-16, 15e 24-22, 25e 45-40, 30e 51-52, 35e 63-59