Voici donc la grande question dès qu’on lance le mot «futur» : «Que va-t-il se passer avec l’humanité ? La vérité, c’est qu’on croit que la première personne qui ne mourra jamais est déjà née, qu’elle est déjà parmi nous…», écrit J. R. dos Santos.
Cette réponse à la grande question nous est apportée par José Rodrigues dos Santos, à l’occasion de son nouvel et huitième roman, Immortel. Il fut reporter de guerre et depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, J. R. dos Santos, 56 ans, né à Beira (Mozambique), est la star du «20 Heures» de la RTPI, le journal télévisé le plus regardé au Portugal.
Il est également écrivain, auteur tenu pour l’un des meilleurs d’Europe dans le genre du thriller. À ce jour, sa saga Tomas Noronha a été traduite en18 langues, il s’est fait connaître avec La Formule de Dieu (2 millions d’exemplaires vendus dans le monde) dont une adaptation pour le cinéma est en cours de finalisation, et viennent de paraître au Portugal les deux volumes d’un diptyque historique, Le Magicien d’Auschwitz et Le Manuscrit de Birkenau, à peine publiés et déjà en tête des ventes à Porto et Lisbonne…
Récemment, lors d’une présentation d’Immortel, J. R. dos Santos confiait : «Mon nouveau roman parle d’un évènement réel, d’un scientifique qui a annoncé la naissance des bébés génétiquement modifiés, et qui a disparu. Avec ce point de départ, je raconte l’histoire de la transformation de l’humanité selon les scientifiques, et nous arriverons à un point où l’humanité comme nous la connaissons à ce jour va cesser d’exister et une autre humanité va apparaître. La première personne qui ne mourra jamais est déjà née, voilà le futur…»
En ouverture de son nouveau roman où l’on retrouve Tomas Noronha (rencontré une première fois dans La Formule de Dieu) dans le rôle du néophyte curieux de tout, l’auteur portugais glisse également que «toutes les informations scientifiques présentées dans ce roman sont vraies». Ainsi, le décor est dressé.
On résume : après avoir annoncé la naissance de deux bébés génétiquement modifiés, un scientifique chinois disparaît. La presse internationale s’en émeut et s’interroge, les services secrets de différents pays enquêtent… et puis un homme qui se présente comme scientifique travaillant pour la Darpa – l’agence pour les projets en recherche avancée de la Défense américaine –, contacte à Lisbonne le cryptologue Tomas Noronha pour (l’aider à) retrouver le scientifique chinois.
L’humanité touche-t-elle à sa fin ?
Rapidement, Noronha pointe les véritables enjeux du gouvernement de Pékin qui, vraisemblablement, a eu connaissance d’une étude réalisée en 2015 par le US Census Bureau et qui a révélé que «pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, sur l’ensemble de la planète, le nombre de personnes de plus de 65 ans était supérieur à celui des enfants de moins de 5 ans, une tendance particulièrement marquée en Asie et qui avait tendance à s’accentuer. Les gens avaient commencé à ne plus faire d’enfants et l’humanité s’acheminait à grands pas vers la vieillesse.»
Oui, avec Immortel, J. R. dos Santos s’interroge : l’humanité touche-t-elle à sa fin ? Si oui, a-t-elle mis en place les moyens d’un nouveau départ ? S’appuyant sur une documentation aussi dense que précise, l’auteur s’est donc lancé dans l’univers de l’intelligence artificielle. On lit : «Nous savons que la conscience n’est pas le produit de la magie, et la preuve qu’il est possible de la créer c’est que la nature l’a fait. Si la conscience est apparue dans la biologie, elle peut parfaitement apparaître dans la technologie. Certains scientifiques considèrent qu’internet se réveillera un jour. Cette hypothèse a été envisagée en premier lieu par Teilhard de Chardin, le philosophe français qui, bien avant internet, avait parlé de l’émergence d’un cerveau planétaire qui réunirait toute l’humanité de façon dématérialisée. Il nomma noosphère ce cerveau planétaire que nous appelons aujourd’hui internet.»
Avec une rigueur impeccable et un style quasi rocambolesque, il développe dans ses moindres recoins la thèse selon laquelle la science est toute proche de percer l’ultime mystère de la vie humaine. Mieux : de réussir à mettre à mort la mort. Oui, comme l’indique le sous-titre du roman de J. R. dos Santos, «le premier être humain immortel est déjà né»…
De notre correspondant à Paris, Serge Bressan