Le Luxembourg entame ce jeudi matin 20 jours de privations après un vote étriqué à la Chambre. Majorité et opposition ne sont pas d’accord sur le chemin à emprunter pour endiguer le virus.
La semaine écoulée, le Luxembourg a enregistré 3 851 infections au Covid-19, contre 4 013 cas pour la semaine du 9 novembre. La moyenne hebdomadaire est passée de 573 à 550 contaminations. Le taux de positivité a connu une légère baisse de 5,92 % à 5,53 %, le taux de reproduction a par contre légèrement augmenté de 0,97 à 1. Le taux d’incidence sur 100 000 habitants est passé de 641 cas par 100 000 habitants à 615 cas. Les plus de 75 ans sont les plus fortement touchés par le virus, tandis que les 60-74 ans voient leur taux d’incidence baisser pour la troisième semaine de suite. La moyenne d’âge des 3 851 résidents ayant contracté le virus la semaine écoulée est de 39,8 ans, celle des 37 personnes décédées est de 83 ans.
C’est avec ces chiffres en toile de fond que la Chambre des députés a débattu et finalement validé, mercredi soir, le reconfinement partiel. La fermeture de l’Horeca, des théâtres et cinémas, tout comme les autres restrictions décidées par le gouvernement sont en vigueur jusqu’au 15 décembre inclus.
Déi Gréng très critiques
Fait plutôt inhabituel, déi gréng se sont montrés très critiques à l’égard de la cohérence du paquet de mesures. Dans l’opposition, les avis divergent aussi, mais chaque parti a identifié des raisons pour voter contre le texte de loi. Le CSV soutient ainsi les mesures prises dans leur globalité, mais déplore le manque de justifications chiffrées renseignant sur l’apport des restrictions. ADR, déi Lénk et Parti pirate fustigent le maintien du couvre-feu et les ingérences dans la sphère privée. Déi Lénk cautionne la fermeture de l’Horeca et la forte limitation des activités de loisir, mais dénonce le choix de fermer théâtres et cinémas alors que les lieux de culte peuvent rester ouverts.
«Il est très difficile de trouver le bon équilibre», constate la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Elle est venue rappeler à la tribune de la Chambre que l’hiver s’annonce rude : «L’Organisation mondiale de la santé estime que le pic naturel de la deuxième vague d’infections interviendra en janvier. Le virus va sévir.» Une raison de plus pour limiter dès à présent les interactions sociales. «Il n’existe pas de recette miracle. Notre seul choix est d’agir là où on peut éviter au mieux les infections», poursuit la ministre.
Georges Engel (LSAP) en remet une couche en qualifiant de «pénibles» les discussions sur les restrictions dans le cadre privé. «Celui qui argumente que chaque ménage doit pouvoir accueillir plus de deux personnes n’a pas compris la gravité de la situation», martèle le chef de la fraction socialiste. «Je comprends l’incompréhension de certains. Mais nous, en tant que majorité, nous ne pouvons pas tenir compte des cas individuels. On se doit de protéger le pays», enchaîne Gilles Baum, le chef de fraction du DP.
Pour Josée Lorsché « rien n’est gravé dans le marbre »
Comme indiqué plus haut, Josée Lorsché était la seule représentante de la majorité à se montrer très critique. Elle a à son tour remis en question la différence de traitement entre culture et cultes. «Rien n’est gravé dans le marbre. Nous nous devons de sortir du cercle vicieux des restrictions. On a besoin d’une plus grande prévisibilité en adoptant un plan d’action reposant sur différents paliers. Cela évitera la guéguerre sur les mesures», avance l’élue de déi gréng.
Claude Wiseler (CSV) reproche une attitude «trop attentiste», voire de l’«amateurisme», au gouvernement. Pour Marc Baum (déi Lénk), la majorité a «quitté le chemin de la rationalité» après avoir déjà abandonné toute «proportionnalité». Jeff Engelen (ADR) estime que le gouvernement devrait se limiter à intervenir dans la sphère publique. Marc Goergen (Parti pirate) maintient, lui, qu’il faudrait agir davantage dans les transports publics et prolonger les vacances de Noël de 10 jours.
«Je continue de travailler dans l’intérêt général de tous. Des erreurs sont possibles, c’est inévitable. Il faudra les analyser par la suite», se défend la ministre Lenert. Au plus tard le 15 décembre, l’utilité du reconfinement partiel s’affichera noir sur blanc.
David Marques