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Uber Eats peine à se faire une place à Thionville


Bruno Clément s’est mis à la page Uber Eats pour répondre aux attentes d’une partie de sa clientèle, « es plus jeunes». (photo RL /Armand Flohr)

Boudé, pour ne pas dire plus, par la majorité des restaurateurs thionvillois… Alors que la période paraît propice à son offre de service, Uber Eats n’a que des miettes de ce marché en plein essor que constitue la livraison de repas à domicile.

Une présence discrète. Uber Eats ne parade pas sur la place thionvilloise. «Non, je ne travaille pas avec eux. Déjà que les rentrées d’argent sont faméliques en ce moment…», marmonne un restaurateur implanté en cœur de ville. Le propos illustre le désintérêt massif de la profession.

Localement, la plateforme numérique paraît au régime sec alors même que son cœur de métier, la livraison de repas à domicile, a le vent en poupe en cette période léthargique.

30 % de l’addition

Pierre-Emmanuel, à la tête de la table italienne Le Resto , située place Turenne, met les pieds dans le plat : «Sur le plan financier, on ne s’y retrouve pas en faisant appel à leurs services», pointe-t-il. Une référence à la supposée gourmandise du prestataire de services. Sur chaque commande, Uber Eats prélève un montant avoisinant les 30 % de l’addition finale.

La dîme n’est pas au goût du restaurateur, «qui plus est en cette période où l’on joue notre survie». Cette ponction explique en partie la cote de désamour du géant américain en territoire thionvillois. Mais une autre donnée négative, soufflée à demi-mot par de nombreux patrons de restaurants, relèverait de la prestation en elle-même. «Sans vouloir généraliser, les livreurs qui officient à Thionville ne sont pas ceux de Paris, Reims ou Montpellier», avance Pierre-Emmanuel.

Avant de préciser sa pensée : «Certains sont habillés d’une manière un peu négligée, d’autres livrent en… vélo. Ils ne sont clairement pas du métier, ils n’ont pas la rigueur et la présentation requises.» Un confrère, qui s’exprime sous le sceau de l’anonymat, embraye : «Même avec une livraison, on véhicule l’image de notre établissement. Et ça ne colle pas à mes attentes.»

«Mieux que rien»

Une parole discordante interrompt ce concert de critiques. Elle émane de Bruno Clément. Le gérant des Moulins Bleus a pris la roue d’Uber Eats quelques jours avant le reconfinement. Une stratégie qu’il juge, globalement, payante : «Uber Eats s’adresse en priorité à notre clientèle jeune. Il faut savoir s’adapter aussi à leur manière de consommer.»

Satisfait de la réactivité des livreurs, «en moyenne cinq minutes pour venir chercher la commande», Bruno prend un soin tout particulier à leur rappeler les codes du métier : «Je fournis un ice bag à ceux qui n’en ont pas. Et je vérifie, en bout de chaîne, la satisfaction du client.»

Un onglet, qui orne l’interface numérique de la société, lui permet d’ailleurs d’évaluer la prestation du livreur : un pouce levé ou un pouce dirigé vers le sol en guise d’appréciation. Au total, la part des livraisons assurée par Uber Etats approcherait les 30 % de son débit actuel : «C’est mieux que rien, surtout dans le contexte tendu du moment.»

Jean-Michel Cavalli (Le Républicain lorrain)