Emmanuel Macron a sorti mardi le carnet de chèques pour répondre aux inquiétudes du sport français, annonçant des aides pour amateurs et professionnels mais aussi en souhaitant une réouverture des clubs à partir de décembre pour les enfants et les adolescents.
Alors que le secteur du sport se sent délaissé, voire méprisé depuis le reconfinement, le président a rappelé combien il « comptait » et a mesuré « la gravité » de la situation, a fait valoir l’Elysée à l’issue de plus de deux heures d’une visio-conférence avec les acteurs du sport.
Au total, près de 400 millions d’aides iront à tout le secteur, amateur, professionnel, salles de sport. Cette somme a été annoncée à diverses personnalités du sport lors de cette réunion en présence du président de la République, le Premier ministre Jean Castex, Jean-Michel Blanquer (Education), Roxana Maracineanu (Sports), Bruno Le Maire (Economie).
Pour aider tout de suite les clubs et associations, un « fonds d’urgence » de 15 millions d’euros, la même somme qu’avant l’été, a été débloquée pour aider les structures les plus touchées. Il a aussi donné son accord de principe à un « pass sport », une aide ciblée aux familles pour payer notamment les adhésions, qui serait mis en place en 2021.
Cette aide est réclamée par de nombreux acteurs, tant le comité national olympique français (CNOSF) que des parlementaires.
Les derniers chiffres remontés au CNOSF, sur 44.000 clubs sondés et sur ses quelque 160.000 associés (sur 300.000 clubs en France), montrent une baisse des adhésions de l’ordre de 20% depuis septembre. Pour endiguer les difficultés liées au bénévolat, qui anime de nombreux clubs et associations, 5.000 services civiques pourront être orientés vers le sport.
Autre annonce: la perspective de rouvrir le sport aux mineurs en décembre, si les conditions sanitaires le permettent, et avec des protocoles renforcés pour le sport pratiqué en intérieur. La demande émane aussi des médecins qui alertent sur les dangers de la sédentarité chez les ados et les enfants.
Les professionnels peuvent bien pratiquer leur discipline, fouler les pelouses et les parquets mais sans spectateurs, et donc sans recettes: c’est pourquoi l’aide pour compenser la billetterie a été confirmée pour près d’une centaine de millions d’euros. Plafonnée à 5 millions par clubs, elle a reçu l’aval de l’UE.
Depuis une dizaine de jours, Tony Parker, quadruple champion NBA et président du club de l’Asvel, monte au créneau, prévenant que sans aide, le basket allait mourir.
A la veille de cette rencontre, les ligues de basket, handball, volley et hockey sur glace, prenaient encore la plume pour crier au secours. En effet, tous les sports dont l’économie repose plus sur la billetterie que sur les droits télé, sont très inquiets.
C’est aussi le cas du rugby. Le président de la Fédération française (FFR), Bernard Laporte, a chiffré mardi sur France Inter les pertes pour sa fédération à 34 millions d’euros.
Les clubs vont pouvoir aussi bénéficier d’exonérations de cotisations sur les salaires pour les mois d’octobre, novembre et décembre (sans critère de baisse de chiffre d’affaires) à hauteur de 105 millions d’euros, une demande poussée par le ministère des Sports. Les stades pourront aussi recevoir du public à compter de janvier, en fonction de jauges adaptés, alors que les clubs se désolent du huis-clos imposé par le reconfinement.
Plan d’urgence ?
Jusqu’ici le sport avait 120 millions d’euros lors du plan de relance en septembre. Mais désormais, tout le secteur réclamait un plan d’urgence.
Au total (chômage partiel, fonds de solidarité, etc), le sport a reçu depuis le début de la crise 4 milliards d’euros d’aides, avait calculé le ministère, qui se défend d’être resté les bras ballants.
« On a souvent tendance a minimiser les impacts sociaux », a aussi fait valoir sur France Info le président du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris-2024, Tony Estanguet, évoquant « la santé, l’éducation et le lien social ».
« On ne crie peut-être pas assez fort. On ne portera pas un gilet jaune et on ne descendra pas dans la rue avec des pancartes », avait lancé récemment M. Masseglia devant des sénateurs.
Avant de prévenir toutefois: « par contre, dans tous les clubs, il y a beaucoup de citoyens qui ont envie que leur rôle soit reconnu. A partir du moment où il n’est pas reconnu, on fait d’eux des gens qui sont un petit peu en révolte contre le système ».
AFP