Poursuivi pour avoir abusé de trois de ses filles au Luxembourg et aux Philippines pendant de longues années, le sexagénaire avait pris 12 ans de réclusion, dont quatre avec sursis, en première instance. Lundi après-midi, la défense du sexagénaire a réclamé la traduction du jugement rendu il y a 18 mois…
«J’ai été condamné. Mais je n’ai eu aucune explication. Voilà pourquoi, je suis là aujourd’hui.» Ce n’est pas la première fois que la Cour d’appel doit se pencher sur l’affaire du sexagénaire poursuivi pour avoir abusé sexuellement de ses trois filles (33 ans, 27 ans et 25 ans aujourd’hui) au Luxembourg et aux Philippines pendant de longues années. Et la nouvelle tentative de lundi après-midi n’a de nouveau pas abouti.
Condamné à 12 ans de réclusion, dont quatre avec sursis, en première instance, le père s’est en effet présenté à la barre avec son avocat pour réclamer la traduction du jugement. «Il y a eu violation des droits de la défense, car il ne l’a pas obtenue dans le délai d’appel», a constaté Me Roby Schons. «Si une personne ne comprend pas la langue de procédure, le jugement doit être traduit d’office. Mais cela n’a pas été fait.» Et d’embrayer : «Cela équivaut à une décision de justice non motivée.» Voilà pourquoi la défense demande d’annuler la décision de première instance.
Quatrième refixation : «C’est franchement anormal»
Le parquet général s’y oppose et constate surtout que depuis le prononcé en date du 8 mai 2019 par la 13e chambre criminelle la traduction en anglais n’a été demandée ni par le prévenu ni par l’avocat. «Et aujourd’hui, lors de la quatrième refixation devant la Cour d’appel, soit 18 mois plus tard, on demande la traduction, c’est franchement anormal…» «Dire qu’il faut annuler le jugement, car il n’est pas motivé, c’est complètement faux, estime par ailleurs sa représentante. Car il est bien motivé dans sa version originale.» Elle propose à la Cour d’appel de constater que la traduction qui aurait dû être faite d’office ne l’a pas été et de renvoyer l’affaire devant la chambre criminelle pour que la traduction puisse être ordonnée par son auteur comme le prévoit le code de procédure pénale…
La Cour d’appel se prononcera le 9 décembre. Avant de prendre cet incident en délibéré, elle n’a toutefois pas manqué de demander au prévenu : «Voulez-vous la traduction de notre décision?» «Yes», a-t-il répondu.
Cette affaire n’a pas fini d’occuper la justice. Car de l’arrêt de la Cour d’appel dépend l’issue du procès des deux sœurs poursuivies, elles, pour avoir projeté de tuer leur père aux Philippines en 2012. Fin juillet 2020, la 9e chambre correctionnelle a en effet décidé de ne pas se prononcer (sursis à statuer) en attendant le sort définitif du père…
Fabienne Armborst