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Virus : Naples et sa région « à genoux »


"La Campanie pourrait passer directement en 'zone rouge'", sans passer par la case intermédiaire, orange, écrit vendredi le principal tirage de la péninsule, le "Corriere della Sera". (Photo : AFP)

Hôpitaux débordés, patients traités dans leur voiture ou agonisant dans les ambulances: Naples et sa région, la Campanie, durement frappées par la nouvelle vague de Covid-19, pourraient passer vendredi en « zone rouge » et se retrouver sous cloche.

« La Campanie est à genoux », s’est alarmé Luigi Di Maio, ministre italien des Affaires étrangères originaire de la région, dans une interview vendredi au quotidien La Stampa.

L’Italie, premier pays en Europe touché par l’épidémie de Covid-19 en février, a enregistré près de 45 000 décès pour plus d’un million de cas.

La Campanie compte pour environ 10% des 30 000 à 40 000 nouveaux cas recensés actuellement chaque jour dans la péninsule, ce qui correspond peu ou prou à son poids dans la démographie nationale.

Mais son système de santé est notoirement, chroniquement, défaillant, et la situation est aujourd’hui dramatique à Naples, sa bouillante capitale dominant la Méditerranée, avec des files de voitures devant les urgences et des infirmières distribuant de l’oxygène sur un parking…

« Nous n’avons presque plus de lits disponibles », constate Rodolfo Punzi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Cotugno, rencontré en ses murs par l’AFPTV.

« Malheureusement, la maladie nécessite des hospitalisations longues et c’est pourquoi il y a un faible taux de rotation. Les urgences souffrent de cette faible rotation et se remplissent de personnes qui doivent être hospitalisées mais aussi de personnes qui pourraient être soignées à leur domicile », ajoute Rodolfo Punzi.

Selon une étude publiée par le ministère de la Santé en début d’année, juste avant l’émergence de l’épidémie, la Campanie est l’avant-dernière région italienne en termes de qualité des soins offerts, devant la Calabre.

Cette semaine, les images amateur montrant le corps d’un octogénaire retrouvé mort dans les toilettes de l’hôpital Cardarelli de Naples ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux.

« Cette vidéo met en lumière les innombrables mensonges proférés et répétés au sujet de la santé en Campanie. Nous avons peur, nous appelons à l’aide », a lancé le prêtre Don Maurizio Patriciello, connu pour son engagement en faveur de l’amélioration du maillage médical dans sa région.

Confiner le pays

Le gouvernement envisage de déployer, avec l’aide de l’armée, des hôpitaux de campagne dans les zones les plus touchées.

Cette situation qui s’aggrave, en Campanie mais pas uniquement, oblige de nouveau les médecins de certains hôpitaux, comme au plus fort de la première vague de l’épidémie, au printemps, à choisir qui soigner.

Ce problème a même été souligné jeudi soir par le Premier ministre français, Jean Castex, qui a demandé à « éviter à tout prix le drame de prises en charge dégradées » de malades « comme nous pouvons l’observer par exemple en Italie depuis quelques jours ».

La péninsule est actuellement divisée en trois zones, jaune, orange et rouge, en fonction de la gravité de la situation épidémiologique.

En « zone jaune », celle où les restrictions sont les plus faibles, « la Campanie pourrait passer directement en ‘zone rouge' », sans passer par la case intermédiaire, orange, écrit vendredi le principal tirage de la péninsule, le Corriere della Sera.

Moins de la moitié (9) des 20 régions italiennes sont désormais en « jaune », le reste du pays étant divisé entre orange et rouge.

Un couvre-feu à 22h est imposé sur tout le territoire et les restaurants et bars ferment à 18h.

Les restrictions se font de plus en plus nombreuses au passage d’une couleur à l’autre, pour arriver au confinement partiel dans les zones rouges avec autorisation de sortir uniquement pour travailler et pour des raisons de santé et la fermeture de la plus grande partie des commerces.

Les organisations patronales, les associations de commerçants, d’indépendants, de travailleurs du secteur culturel, ainsi que certains présidents de régions, s’opposent aux restrictions, mais un nombre croissant de responsables politiques et scientifiques réclament un tour de vis.

« Nous appelons à confiner immédiatement tout le pays. L’augmentation du nombre de décès et de malades en soins intensifs est excessive », a ainsi récemment déclaré Filippo Anelli, président de la Fédération italienne des ordres de médecins (FNOMCEO).

AFP