Le Luxembourg doit gagner à Nicosie et ne pas prendre de buts serait un bon début. Avec quelle défense ? Celle de Podgorica ? Et un flanc gauche qui déborde sur l’axe ?
Anthony Moris est gardien de but et tous les gardiens de but n’ont qu’une obsession : ne pas en prendre. Belle affaire quand, sur leurs dix-sept dernières rencontres internationales, les Roud Léiwen n’en ont terminé qu’une seule sans encaisser. C’était contre Chypre, le 10 octobre dernier (2-0) et avant de défier ce même adversaire à Nicosie, cela nous ramène à Moris. Avant de monter dans l’avion, il a un peu trahi la charte morale et individualiste du gardien de but pour privilégier le bien-être de la sélection : «J’ai largement préféré notre match au Monténégro (1-2), défensivement parlant, même si on a pris un but.»
Anthony Moris a-t-il déjà l’autorité morale qu’eut en son temps Jonathan Joubert ? On ne le croit pas encore capable d’influencer les choix de Luc Holtz, mais au-delà de la production défensive de ses coéquipiers à Podgorica, il convient de rappeler un élément majeur du casting de ce match : Mica Pinto s’était glissé à gauche, à la place de Dirk Carlson, qui avait lui coulissé vers l’axe. C’est dans cette configuration que le Grand-Duché a, effectivement, livré quelque chose de grand.
Entendons-nous bien, jamais Luc Holtz n’a avoué qu’il aurait tenté ce coup si Vahid Selimovic, exceptionnel en septembre et pas mal contre Chypre, n’avait été suspendu contre le Monténégro, un match qui, désormais, fait référence. Mais on a désormais le droit de se poser la question de savoir si, en l’absence récurrente de Maxime Chanot, une autre version défensive, différente de celle qui a lancé cette campagne de Nations League, ne va pas s’imposer.
Pas de Malget, pas de Hall, pas de Gilson
Contre l’Autriche, mardi soir, Carlson a joué à gauche ? Peut-être, mais Lars Gerson, lui, a évolué à droite de l’axe, là où il évoluait à Podgorica alors que la plupart du temps ce n’est pas là que Luc Holtz le positionne. Et quand il est entré, Selimovic (qui a traversé un mois compliqué avec son club de l’OFI Crète) s’est mystérieusement installé… dans l’entrejeu. Ce ne sont que des signes et l’on sait bien ce qu’en fait généralement Luc Holtz : il les foule au pied s’il a la garantie que cela peut dérouter son adversaire.
C’est là toute son histoire de sélectionneur depuis son arrivée en 2010. Surprendre. Johan Walem, son adversaire, qui est le seul à ne plus pouvoir espérer remporter ce groupe 1, doit aujourd’hui se demander s’il aura affaire à la défense luxembourgeoise de l’aller (impeccable en première période mais bancale en deuxième) ou à celle du dernier match de groupe disputé par les Roud Léiwen, qui était alors à moitié surprenante mais plutôt efficace.
Un indice toutefois : Holtz ne s’est pas senti obligé de rappeler Gilson Delgado, qui avait fait le nombre au dernier rassemblement. Malget et Hall, qui ont déjà joué à gauche de l’axe, ne sont pourtant pas là pour apporter ce profil de joueur physique d’impact et gaucher de surcroît en ce qui concerne Hall. C’est peut-être que Carlson, quasi parfait face au Monténégro, a convaincu tout autant que Pinto juste à côté de lui (et à son poste de prédilection). Encore une fois, la révolution pourrait venir de la gauche.