Le ministre de l’Éducation Claude Meisch a justifié, chiffres à l’appui, sa politique sanitaire ce jeudi matin. On fait le point.
Il était temps de faire un bilan intermédiaire de la politique sanitaire du ministère de l’Éducation nationale, après six semaines, et une remontée nette de la courbe des contaminations au Luxembourg. « Fort est de constater que le virus évolue plus fortement depuis quelques semaines, a admis Claude Meisch ce jeudi matin. 120 000 personnes sont concernées dans l’Éducation nationale, entre les élèves et le personnel. Nous devons donc nous interroger sur notre gestion à notre échelon aussi ».
Claude Meisch a évoqué un nouveau rapport sur le sujet. Dans ce rapport, les statistiques (basées sur les établissements publics et privés appliquant le programme public) montrent différents points :
- Est-ce que les écoles contribuent à la propagation du virus ? Non. « L’évolution de la courbe des contaminations dans le milieu scolaire évolue de façon générale comme la contamination de la population dans la société », a noté un expert intervenu après le ministre. Pas plus fortement.
Mais il faut aller plus loin, en étudiant la part de la contamination par tranche d’âge par rapport à la part de contamination de l’ensemble de la population jeune dans la population totale. « La part des jeunes testés positifs par tranche d’âge est inférieure à la part des jeunes positifs (0-19 ans, cf graphique) dans la population totale. L’école n’est donc pas le moteur du virus, elle n’a pas contribué à la propagation accélérée du virus de ces dernières semaines : c’est très important de le dire. »
- Quel impact chez les plus petits ? « Dans le fondamental, la propagation du virus est beaucoup moindre que dans le secondaire : c’est une évolution qui ne nous surprend pas, car elle correspond à la connaissance de la science actuelle ». La part de contamination dans le cycle 1 (plus petit) est d’ailleurs moindre que chez les plus grands (cycle 2 et plus) dans le fondamental. « La problématique » de l’absence de mesure chez les plus petits (qui ne peuvent pas respecter les gestes barrières) n’en n’est donc pas une.
- Et concernant le secondaire ? Si des nouvelles mesures sont à prendre, c’est plutôt dans cette branche, puisque le fondamental ne pose pas de soucis. Etrangement, les élèves des filières générales sont moins touchés et donc moins relais que dans les filières techniques. « Probablement les élèves du technique sont parfois plus âgés », a précisé l’expert mandaté par le gouvernement. Par ailleurs, c’est dans les classes supérieures du secondaire que les contaminations sont les plus fortes (cf graphique ci-dessous : en jeune les classes inférieures du secondaire, en vert les classes supérieures).Si nouvelles mesures il devait y avoir, ça serait donc sur le secondaire et dans les classes où les élèves sont les plus âgés.
Hubert Gamelon
Le scénario 1 du Luxembourg «efficace»
L’idée de ne pas appliquer directement des mesures de quarantaine quand un cas de virus est avéré dans une classe, « contrairement à d’autres pays », est un choix payant estime le ministre. Sur la base du rapport, il a montré que des mesures de type scénario 1 (masque permanent dans la classe touchée, interdiction de fréquenter la cantine etc. mais pas de quarantaine) ont permis de stopper la propagation du virus, tout en continuant à enseigner. « On laisse une place minimale au virus et une place maximale à l’enseignement », a résumé Claude Meisch. Des études concernant l’impact des scénarios 1 ont été faites sur des gros établissements du secondaire, « comme un lycée de 1600 élèves du Sud du pays », mais de façon anonymisées.
Cette politique n’a pas empêché la mise en place de scénario 3 (quarantaine) de façon occasionnelle dans le pays. C’est le modèle dit « évolutif » qu’a choisi le Luxembourg.