L’Autriche va instaurer une détention préventive ou une surveillance électronique pour les jihadistes présents sur son territoire en réponse à l’attentat meurtrier de la semaine dernière, a annoncé mercredi le chancelier Sebastian Kurz.
« Tant qu’elles ne sont pas déradicalisées et même si elles ont purgé leur peine, nous créerons la possibilité d’enfermer ces personnes pour protéger la population », a déclaré le chancelier conservateur devant la presse à la sortie du Conseil des ministres.
« Pour celles qui viennent d’être libérées, il y aura une surveillance électronique. C’est une forte ingérence, mais il s’agit à mon avis d’une étape nécessaire pour minimiser la menace qui pèse sur notre population », a ajouté le chancelier.
Il n’a pas précisé dans quelles circonstances il serait décidé d’appliquer la détention préventive plutôt que la surveillance électronique.
Le gouvernement autrichien a également annoncé un renforcement des outils permettant de déchoir de leur nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme détenant le passeport d’un pays tiers.
Il est par ailleurs prévu de leur retirer d’éventuelles aides sociales, ainsi que le permis de conduire et de créer un fichier pour contrôler les détenteurs d’armes.
Sebastian Kurz a obtenu des Verts, qui gouvernent en coalition avec lui et occupent le ministère de la Justice, qu’ils simplifient les dissolutions d’associations et les fermetures de mosquées en cas radicalisation démontrée.
Un registre d’imams va être créé, tout comme un fonds d’indemnisation des victimes du terrorisme, dans ce pays neutre de 8,9 millions d’habitants longtemps épargné par la menace jihadiste.
Une plateforme de signalement des activités jihadistes sur internet doit enfin voir le jour.
Devant le parlement en décembre
L’ensemble de ces réformes seront discutées début décembre par le Parlement autrichien, le gouvernement promettant de légiférer en respectant la Constitution et les droits fondamentaux.
Selon Sebastian Kurz, qui s’était rendu mardi à Paris pour évoquer avec le président français Emmanuel Macron la réponse européenne à la menace terroriste, environ 150 individus ayant rejoint la Syrie ou l’Irak pour combattre aux côtés du groupe Etat islamique ou tenté de le faire sont actuellement présents sur le territoire national.
L’auteur de l’attentat ayant coûté la vie à quatre personnes à Vienne la semaine dernière avait été incarcéré après une interpellation, alors qu’il projetait de rallier la Syrie, puis relâché après avoir purgé une peine de prison.
Ce jihadiste qui a été abattu par la police bénéficiait d’aides sociales et avait tenté de se rendre en Slovaquie en voiture pour se procurer un arsenal de guerre.
Une association et une mosquée ayant selon les autorités participé à sa radicalisation ont depuis été dissoutes et fermées sur ordre du gouvernement.
Par ailleurs, l’Autriche a saisi lundi 25 millions d’euros en liquide, selon la radio autrichienne publique Ö1, dans le cadre de perquisitions visant des représentants officieux des Frères musulmans et des proches du mouvement palestinien Hamas.
La radio rapporte que plusieurs anciens responsables du Conseil autrichien du culte musulman (IGGÖ) ont été visés par cette descente de police, ainsi qu’un fonctionnaire de l’institut en charge de la formation des professeurs de religion à l’école publique (IRPA).
Cette opération, aboutissement de plus d’un an d’enquête, n’avait aucun lien avec l’attentat de Vienne, avait précisé le parquet en début de semaine.