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[Cyclisme] Majerus : «J’ai appris un truc, ça ne sert à rien de planifier !»


"On a vu que les courses australiennes ont déjà été annulées. Attendons de voir si le reste du calendrier se déroule comme prévu", confie la championne luxembourgeoise (photo : Editpress).

Christine Majerus a pu reprendre l’entraînement  en France. Mais elle doute encore  de la possibilité de s’aligner en cyclo-cross avec les aléas du virus.

La multiple championne nationale vient juste de sortir de sa pause hivernale après la saison routière ponctuée par une 16e place dans Bruges-De Panne, le 20 octobre dernier. Habituellement, Christine Majerus, qui termina quatrième des Mondiaux de Valkenburg en 2018, juste un an après sa septième place à Belvaux, insère le cyclo-cross dans sa préparation. Mais qu’en sera-t-il cet hiver?

Comment appréhendez-vous la période actuelle ?

Christine Majerus : C’est très compliqué. C’est dans la continuité de toute l’année, on ne peut pas planifier les choses. Il y a des compétitions annulées et des compétitions encore incertaines. Cela n’arrête pas de changer. Dans cet ordre d’idées et après une année où je n’ai cessé de passer d’un plan A à un plan B, avec au final des scénarios finalement imprévisibles, je me suis dit que ça ne servait à rien de planifier quoi que ce soit pour cet hiver. J’avais une petite trame, j’espérais courir un peu en cyclo-cross en guise de préparation physique car c’est plus sympa. J’avais donc prévu de courir au Luxembourg. Comme il n’y aura pas de course d’ici à la fin de l’année, ce plan a donc été éjecté à nouveau. Donc je me suis décidée à reprendre une préparation de base pour la prochaine saison de route. Je reviens de deux semaines de coupure.

Pourriez-vous participer à des épreuves internationales en Belgique ?

Si, en décembre, il y a des possibilités qui n’entraînent pas trop de travail logistique, je pense que j’irai courir quelques courses. Mais il ne faudra pas que cela me demande trop d’énergie logistique et financière. Sinon, je laisserai tomber. Je ne me suis pas trop intéressée aux règlements qui ont changé souvent. Mais je crois qu’en tant que professionnelle, les organisateurs seraient dans l’obligation de m’accepter. C’est un aspect positif, mais il reste à voir comment ça pourrait se présenter au niveau des tests. Cela devient difficile dans tous les pays, la situation se complique.

Pour le moment, il y a bien des épreuves en Belgique…

Oui, pour le moment. Mais là, je sors juste d’une coupure après ma saison de route donc cela n’a pas de sens de s’aventurer sur ce circuit-là en ce moment. Je veux reprendre ma préparation physique sans trop me poser de questions et si je vois que la forme vient et me montre que je peux aller me comparer aux spécialistes en décembre, je le ferai. Mais pour le moment, ma première  priorité est de reprendre ma préparation pour la prochaine saison de route. Si c’est possible d’intégrer du cross en décembre en Belgique ou dans un autre pays, je le ferai mais c’est sans obligation et sans certitude.

Je reste optimiste

Avec votre équipe Boels (NDLR : qui s’appellera SD Worx en 2021), vous avez des stages qui sont prévus ?

Pour le moment, il n’y a rien de prévu. Tout dépendra, je pense,  de la façon dont la saison de route va pouvoir repartir ou non. Voir des courses comme la Vuelta continuer montre qu’il y a une volonté de continuer d’organiser le sport professionnel. Les protocoles sont stricts. C’est plutôt positif en vue de la saison de route prochaine. Je reste optimiste. Je pense que notre équipe attend plus d’informations de la part de l’UCI (Union cycliste internationale) et des différents organisateurs. On a vu que les courses australiennes ont déjà été annulées. Attendons de voir si le reste du calendrier se déroule comme prévu. C’est tout le circuit qui en dépend. Pas seulement les coureurs. Il y a les équipes, les sponsors. Je sais que le sport amateur est encore moins bien loti que le sport professionnel et je compatis. Pour nous, c’est hyper compliqué, mais pour le sport amateur, c’est encore pire. C’est une année de perdue mais leur vie n’en dépend pas. Là, dans le peloton professionnel, je vois que pas mal de filles, certaines en limite d’âge, ont mis un terme à leur carrière. La situation actuelle a accéléré le processus. Ce n’est pas seulement des compétitions qu’on rate, mais certains et certaines n’auront pas de contrat la saison prochaine. C’est compliqué…

À la différence du confinement du printemps dernier, la France, où vous résidez, autorise les sportifs professionnels à s’entraîner à l’extérieur. Appréciable ?

Oui. Lorsque le dernier confinement a été annoncé, ce n’était pas très clair et j’avais prévu de revenir au Luxembourg si cela avait été comparable au premier confinement. Finalement, nous avons des autorisations à présenter en cas de contrôle. Je me balade donc à l’entraînement avec un classeur sur mon dos et trois attestations (elle rit). J’ai fait deux sorties et je n’ai pas été contrôlée… Si j’ai appris un truc, c’est que ça ne sert à rien de planifier !

Entretien avec Denis Bastien