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Trump à quitte ou double

Le roi du bluff parviendra-t-il à dégainer un énième coup de maître ? Coup de poker menteur, certes, mais quand même. Lors du dernier débat avant la présidentielle américaine, Donald Trump a radicalement changé de stratégie. Meilleur à la relance, moins dans la surenchère. Il y a quelques semaines, à la peine dans l’opinion et les sondages, il abattait alors une carte inattendue. Cet atout qu’il planquait sous le bouton de manchette. Voilà donc qu’il attrapait le Covid et s’en tirait miraculeusement, après un week-end express sous étroite surveillance médicale. Quinte de toux royale. Sans complication ni séquelle, rien. Il est sorti de l’hôpital frais et frétillant comme un gardon. Orchestrant son retour triomphant sur le devant de la scène dans un show à l’américaine, façon Independence Day. «Je suis immunisé, peut-être pour la vie», a-t-il claironné.

C’est gros comme une Maison-Blanche, mais ça passe. Partout ailleurs, ce serait le flop assuré. Il n’en faut pas davantage là-bas pour déplacer les foules aux meetings. Le président n’est – quoi qu’il en dise – certainement pas un surhomme, mais assurément un superhéros aux yeux de ses supporters, en larmes, aveuglés par tant de bravoure. L’as des as, le seul capable de «dominer» un virus devant lequel la planète entière se couche.

Tous les électeurs ne sont pas acquis à sa cause, loin s’en faut. Il doit surtout faire main basse sur les retraités. Des septuagénaires, comme lui, sans doute pas aussi armés face à la maladie qu’une assurance santé précaire ne suffit pas à combattre. Il a donc déclaré son soutien aux seniors, «les gens que je préfère», promettant de leur donner accès gratuitement aux mêmes traitements qui lui ont sauvé la mise. Un autre joli coup qui pourrait payer. Pas le choix, du reste, pour un flambeur qui joue à quitte ou double.

«Joe l’endormi» va donc devoir se lever très tôt ce matin s’il veut que le monde lui appartienne. Les projections le donnent vainqueur. Le pari est risqué face à Trump, maître d’un jeu dont il aura dicté les règles jusqu’au bout.

Alexandra Parachini