Les nouvelles mesures sanitaires vont porter un coup dur au secteur de l’événementiel qui s’apprête encore à vivre des mois difficiles, mettant même en péril une institution comme le salon Vakanz.
Depuis le mois de septembre, le secteur de l’événementiel tente de trouver un second souffle, mais les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement risquent de l’asphyxier. Étant donné l’interdiction des rassemblements (et des évènements) de plus de 100 personnes, mais également de de toutes les activités de restauration lors des manifestations, l’événementiel va connaître des jours plus que difficiles.
«Nous avons clairement une marge de manœuvre encore plus réduite avec les nouvelles mesures. Même en organisant un évènement de 80 personnes, on ne peut pas leur donner à manger et à boire ou les amener au restaurant», soupire le président de la Luxembourg Event Association (LEA), Charles Schroeder, qui ne cache pas que «le chiffre d’affaires dans le secteur est proche de zéro».
Pour rappel, les acteurs de l’événementiel du pays se sont rassemblés, il y a quelques mois, en une fédération afin de trouver des solutions à la crise du moment. En septembre déjà, les sociétés spécialisées dans l’événementiel avaient largement communiqué pour souligner qu’elles étaient en mesure d’organiser des évènements sécurisés et tablaient sur les fêtes de fin d’année et les fêtes du personnel dans les entreprises pour créer de l’activité. Même si les acteurs de l’événementiel étaient autorisés à encadrer les évènements du pays, les clients ne se sont pas bousculés pour planifier le traditionnel repas de fin d’année du bureau ou encore la mythique fête de fin d’année du groupe.
Huit événements d’ici la fin de l’année
«On a bataillé pendant plusieurs semaines pour montrer que l’on pouvait faire des évènements sécurisés. Aujourd’hui, l’année est clôturée en espérant pouvoir être en vie en 2021», lance le gérant d’une société d’événementiel de la capitale. «Désormais, les perspectives les plus optimistes sont pour le printemps 2021 ou pas avant avril. Et encore, c’est en imaginant qu’un vaccin soit homologué en janvier, tout en sachant qu’il faudra plusieurs mois pour rendre disponible le vaccin pour tous», souligne Charles Schroeder.
Du côté de Luxexpo The Box, qui depuis le déconfinement a réussi l’exploit d’attirer un peu plus de 40 000 visiteurs sur ses évènements, les dernières heures ont été intenses. «Nous avons passé en revue les nouvelles mesures afin de savoir ce qu’il était possible de faire. À notre agenda, nous avons encore douze évènements jusqu’à la fin de l’année. On pense, si l’organisateur le souhaite, que huit évènements sur douze peuvent se tenir», assure Morgan Gromy, le directeur de Luxexpo The Box.
«Mais ça reste des évènements qui vont strictement respecter la loi. Ce sera de très petits évènements et parfois avec un aspect symbolique pour les institutions qui souhaitent maintenir l’évènement», précise toutefois Morgan Gromy. À noter que pour Luxexpo The Box, certains «évènements» sont juste des réunions d’entreprise et non pas de grandes manifestations. «Effectivement, pour nous, que l’évènement soit privé ou à l’agenda public, petit ou grand, cela reste un évènement», explique le directeur de la structure située au Kirchberg.
Le salon Vakanz «sans doute pas en janvier»
Par contre, Luxexpo The Box va renoncer à certains projets. «Nous devons renoncer à des projets que nous avions inventés le mois dernier. Nous avions deux-trois idées novatrices, dont deux axes qui nous tenaient à cœur pour la fin d’année. Nous voulions organiser un évènement pour les personnes âgées pour trouver un moyen de leur proposer de passer une fête de fin d’année hyper sécurisée et organisée. On a aussi annulé un grand projet autour d’un nouveau modèle de fête d’entreprise», explique Morgan Gromy.
Enfin, dernière victime collatérale, le salon Vakanz initialement prévu du 15 au 17 janvier. «Le prochain grand évènement sera le salon Vakanz, mais sans doute pas en janvier», lâche le directeur de Luxexpo The Box. «Nous allons mener une grande réflexion sur notre calendrier 2021 et 2022. Malheureusement, nous allons avoir le temps pour la réflexion. Le salon Vakanz est le premier salon sur lequel nous allons nous pencher pour revoir le concept, sa date et son format. Nous savons faire un évènement qui respecte les règles sanitaires. On sait que le public, on l’a observé sur nos derniers grands évènements, est fortement demandeur. La contrainte est aujourd’hui sur le marché.
Pour Vakanz, on est tributaires du marché du tourisme», explique Morgan Gromy, tout en restant prudent : «Rien n’est encore décidé. Mais nous savons qu’il n’y a pas de catalogue qui se prépare en ce moment avec des offres touristiques claires. Et je ne sais pas si la clientèle est prête actuellement à acheter en janvier des vacances pour l’été et l’automne prochains sans avoir de précisions sur l’avenir. Donc, on envisage le report de quelques mois du salon Vakanz, en fonction des acteurs du tourisme», termine Morgan Gromy.
Rappelons que le secteur de l’événementiel au Luxembourg représente près de 3 000 emplois directs.
Jeremy Zabatta
Un an sans évènements au Wex
En Belgique, à Marche-en-Famenne, le Wex a décidé de reporter ses trois plus grands évènements devant se dérouler entre janvier et mars prochains, à savoir les salons Batimoi, Municipalia et Horecatel. Ils représentent près de 60 % du chiffre d’affaires de la structure privée, qui est l’équivalent de Luxexpo The Box en Wallonie. «L’impact économique s’annonce énorme, car en tant qu’entreprise privée, et à l’inverse d’autres acteurs, le Wex n’a droit à aucune aide et vit sur ses réserves», a indiqué le spécialiste de l’événementiel dans sa communication officielle.