Très investi dans la lutte contre le Covid dans notre football, le Dr Denis Langinier estime que rien n’aura changé fin novembre sans mesures supplémentaires.
Il est l’un des médecins qui ont beaucoup contribué, cet été, à construire le protocole sanitaire qui a permis aux clubs de BGL Ligue qualifiés pour les Coupes européennes de pouvoir s’aligner. Le docteur du Progrès Niederkorn estime que la fédération doit impulser l’utilisation des tests antigéniques assez rapidement pour optimiser les chances de la DN de continuer dans des conditions décentes.
Stopper le championnat pour un mois, selon vous, est-ce indiscutablement utile ou une fausse bonne idée?
Denis Langinier : Tout pouvait être envisagé, mais sans aller jusqu’à l’investigation policière, force est de reconnaître qu’en DN, actuellement, c’est le flou artistique dès qu’il s’agit de savoir qui teste et qui ne teste pas. Alors même si nous, au Progrès, on a continué pour protéger les joueurs, cette décision est juste. Pour une question d’équité sportive, pour éviter que l’on ne se retrouve avec des positifs sur le terrain, pour ne pas multiplier les contacts répétés entre équipes, c’était la bonne décision. C’est de la prudence.
Se contenter d’entraînements en groupes non restreints plutôt que de matches, cela peut-il changer la situation en DN?
L’avantage, c’est que cela donne des circuits plus courts même si la plupart des endroits dans lesquels les joueurs positifs ont été contaminés, c’est le cercle familial. Là, on minimise les risques. Cela fait sens.
Quelles sont les perspectives pour fin novembre? La situation aura-t-elle vraiment suffisamment changé pour que l’on puisse envisager de jouer ou ne peut-on pas faire l’économie de tests généralisés?
Je comprends que ces tests posent question puisque la donnée financière est importante. Combien de fois la CNS acceptera-t-elle encore de tester et de prendre en charge pour tout le football luxembourgeois? Si on continue d’y avoir recours, pourquoi ne pas le faire alors avec tous les autres sports? Et la caisse peut-elle se le permettre?
Le 22 novembre, il faudra une alternative aux tests PCR et avec un coût moindre. Sans cela, on repartira sur la même base
Quelle serait la solution?
Récemment, le Dr Mausen (NDLR : le président de la commission médicale de la FLF), dont j’apprécie le bon sens terrien, m’a envoyé des documents sur les tests antigéniques allemands. Alors, puisqu’il faut que la BGL Ligue fonctionne, pourquoi ne pas y avoir recours?
Vous voulez dire que la FLF, qui communique finalement très peu sur le sujet, réfléchit à un recours aux tests antigéniques pour optimiser les chances des clubs?
Elle y pense. En tout cas, elle aura cette réflexion et, d’ailleurs, ce serait bien que les médecins des clubs de DN soient consultés sur le sujet pour que cela ne soit pas quelques médecins, dans leur coin, qui proposent des alternatives. Mais la situation actuelle, c’est qu’avec les tests PCR, tout le monde va renâcler à payer. La CNS, la fédération et les clubs. Et reprendre le 22 novembre, ça ne me convient pas non plus si on doit en arriver à ce que les joueurs paient eux-mêmes leurs tests afin d’avoir bonne conscience avant de monter sur le terrain. Non, il faut une solution biologique pérenne pour savoir qui a les anticorps. Il faut une alternative aux tests PCR et avec un coût moindre. Sans cela, quand on repartira fin novembre, on sera sur la même base.
Quel est le coût d’un test antigénique et comment cela influerait-il sur l’organisation des clubs?
Eh bien là, dans les cabinets, on est déjà en train de les commander. On les fera sur place, avec un résultat en 30minutes après avoir piqué le bout du doigt, ce qui permettra de décharger les laboratoires. En France, ça coûte 15-20euros, c’est-à-dire au moins deux fois moins cher qu’un test PCR. Sous réserve que les résultats obtenus soient cohérents, le football luxembourgeois a l’obligation de s’y intéresser. Cela pourrait être l’alternative dont nous avons besoin.
Comment fonctionnez-vous actuellement au Progrès?
On a littéralement un minicabinet médical très réactif au club, avec généralisation d’un traitement “Didier Raoult“ amélioré immédiat s’il y a un doute (il rit).
Entretien avec Julien Mollereau
Face aux risques de blessures, il voudrait unir les médecins de DN
Niederkorn a subi depuis fin août beaucoup de blessures longues pour des causes insignifiantes. Et si les joueurs du pays avaient tous de petites faiblesses?
Voilà la BGL Ligue repartie pour (au moins) un mois d’arrêt. Pas total puisque les entraînements collectifs vont se poursuivre. Mais le fait est que le long confinement du printemps a peut-être laissé des traces que personne n’a vraiment pris soin de mesurer. Le Dr Langinier, pas fan de la «sémantique à deux balles» qui a accouché des notions de première et deuxième vagues, constate toutefois que ce qu’il a observé après la «première» mériterait d’être approfondi.
«Si je prends le cas du Progrès, je me demande si les organismes de nos joueurs n’en sont pas ressortis fragilisés. On a eu pas mal de blessures par chocs mais rien d’extraordinaire. Pourtant, des garçons se sont retrouvés sur le flanc pour deux semaines pour une simple béquille. On a vu sur les échographies des choses qu’on ne voyait pas pour ce genre de problèmes.»
Si bien qu’aujourd’hui, le médecin du Progrès aimerait profiter de la trêve internationale pour «organiser une réunion des médecins de clubs de DN pour qu’on puisse confronter nos données et voir quels sont les taux, notamment de blessures musculo-tendineuses. Il nous faudrait voir si ce qu’on a rencontré dans mon club se retrouve ailleurs. Car dans ce cas-là, ce ne serait plus un problème de préparation physique, mais médical. Cela nous forcerait à envisager des supplémentations par micronutriments pour faire remonter les capacités musculaires et d’endurance».
Souci, ce genre de concept coûte cher, nécessite des prises de sang non remboursées, l’achat de compléments, la consultation de nutritionnistes… Mais alors qu’on ne sait pas du tout où en seront les organismes après cette nouvelle pause sans matches, peut-être faudra-t-il l’envisager pour éviter les hécatombes. Or certains clubs (Niederkorn, Pétange, Etzella, Jeunesse, Hamm…), ces derniers mois, ont pris cher.
J. M.
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