L’aéroport londonien d’Heathrow a annoncé mercredi avoir perdu pour la première fois sa place de numéro un en Europe en raison du choc de la pandémie, au profit de l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle.
Si tout le secteur souffre de la pandémie, le britannique est particulièrement pénalisé par la quarantaine imposée par le Royaume-Uni aux passagers en provenance de nombreux pays ainsi que par la mise en place de tests sanitaires chez ses concurrents. L’aéroport a subi une perte avant impôt de 1,5 milliard de livres au cours des neuf premiers mois de l’année, avec un chiffre d’affaires qui a fondu de 60% à 951 millions de livres.
Au total, 19 millions de passagers ont fréquenté l’aéroport sur la période, contre 61 millions sur les neuf premiers mois de 2019. C’est légèrement moins que les 19,27 millions enregistrés pour Roissy et tout juste au-dessus d’Amsterdam Schiphol (17,6 millions) et de Francfort (16,16 millions), selon des chiffres partagés par l’aéroport londonien. Pour l’ensemble de 2020, Heathrow s’attend à transporter 22,6 millions de passagers et 37,1 millions en 2021, très loin de ses prévisions d’avant la crise sanitaire.
L’aéroport a lancé un programme d’économies, en réduisant de 300 millions de livres ses coûts, notamment via des suppressions de postes, et en faisant une pause dans des projets d’investissement d’un montant total de 650 millions de livres. Il a également renforcé ses finances, si bien qu’il dispose d’une trésorerie de 4,5 milliards de livres et peut tenir 12 mois même sans chiffre d’affaires.
La question des tests pour les passagers
Pour le syndicat Unite, Heathrow devrait surtout puiser dans cet argent « pour protéger les emplois », accusant l’aéroport d’être surtout généreux envers ses actionnaires, dont le Qatar, et ses hauts responsables. « Le Royaume-Uni est à la traîne parce que nous avons été trop lents à adopter les tests pour les passagers. Les responsables européens ont agi plus vite et leurs économies en profitent », souligne quant à lui John Holland-Kaye, le patron d’Heathrow. L’aéroport espère toutefois pouvoir bénéficier de la promesse du gouvernement britannique d’introduire d’ici le 1er décembre un test pour les arrivées internationales.
Ce dispositif, qui ne convainc pas les compagnies aériennes, doit permettre de réduire de 14 jours à une semaine la période de quarantaine imposée par le Royaume-Uni à l’encontre de nombreux pays. Le patron d’Heathrow espère surtout que des tests rapides soient mis en place au départ avant de prendre le vol, ce qu’a également appelé de ses voeux le nouveau directeur général de British Airways Sean Doyle, seul moyen selon lui d’assurer la survie du secteur.
L’aéroport londonien, situé à l’ouest de la capitale britannique, était avant la crise sanitaire le numéro un incontesté en Europe et l’un des hubs mondiaux, avec une large clientèle touristique ou d’affaires.
LQ/AFP