Samy Picard, président de la FLBB, évoque la situation actuelle et la décision de tout mettre en pause. Il tient à souligner la bonne communication avec les clubs. Et les autres fédérations.
Comment vivez-vous la situation actuelle ?
Disons que j’avais beaucoup plus de stress en fin de semaine. On voyait le nombre des infections journalières en hausse et on savait qu’il fallait agir, que ce soit le monde sportif ou le gouvernement qui allait décider de nouvelles restrictions.
Vous aviez anticipé la situation ?
Oui, nous avions déjà pris contact avec les présidents des clubs ainsi qu’avec les autres fédérations pour voir si elles étaient impactées de la même façon. Et vendredi, quand on a eu les nouvelles du gouvernement, on a tout de suite ouvert un meeting Zoom avec le conseil d’administration à 17h. Et à 17h30, c’était avec les présidents des clubs, qui étaient à peu près tous du même avis, à savoir que ça n’avait pas de sens de jouer encore quelques matches au risque de nouvelles contaminations. J’avais promis aux clubs qu’il y aurait toujours un dialogue et que les décisions ne se prendraient pas sans eux, car ce sont eux qui sont les plus concernés. Il fallait agir rapidement car certaines personnes étaient déjà parties en déplacement sur des matches.
On sent que la communication est quelque chose qui vous tient à cœur ?
J’avais annoncé avant d’être élu que j’allais communiquer. Que je serais transparent avant de prendre des décisions importantes. Mais là, on a simplement annulé une journée qui aurait de toute façon, été fortement touchée.
Pourquoi avoir décidé d’annuler toutes les rencontres, y compris de première division, alors que le gouvernement recommandait cette disposition pour toutes les divisions, hormis les premières ?
Il y avait plusieurs raisons. D’une part, on avait la moitié des rencontres qui étaient d’ores et déjà reportées, donc ça c’est un argument. Un autre était le fait que même si le couvre-feu n’était pas encore en vigueur, cela faisait partie des recommandations à suivre à partir de vendredi. Et si nous, fédération, on commence à planifier des matches à 21h, on incite les gens à ne pas respecter ce couvre-feu. Quand on était en réunion, on a vu aussi ce que faisaient les autres fédérations, comme le hand, le volley et le foot. Et si certaines avaient initialement décidé de faire jouer leur première division, on a vu qu’en définitive, tout le monde a pris la même décision que nous. C’était mieux de tout arrêter.
Si on voit les chiffres à la hausse, ce serait un peu irresponsable de continuer le championnat le week-end prochain
Si on regarde bien, le basket avait été relativement épargné les premières semaines à la différence du hand et du foot. Voyez-vous une explication ?
Si on compare avec le handball par exemple, nous avons beaucoup de cas chez les équipes seniors alors qu’eux ont été fortement impactés dans les catégories jeunes. Mais l’évolution des cas positifs en basket suit plus ou moins la courbe générale, avec l’accélération globale du nombre de cas. Ça suit la tendance dans tout le pays.
Vous avez décidé de tout arrêter pendant un week-end alors que le hand et le volley stoppent tout trois semaines. Quelle sera la suite ?
On va déjà attendre de voir les textes promis vendredi. On ne sait pas grand-chose finalement. Certains disent que seules les formations de premières divisions peuvent jouer, d’autres que seules les équipes premières peuvent le faire. Il reste encore beaucoup de choses à clarifier. De toute façon, nous avons toute confiance en notre ministre des Sports. Dès qu’on aura connaissance des textes, on va se réunir, consulter les clubs pour voir si cela fait du sens de continuer ou pas. Ce sera en fin de compte une question financière. Il faut voir si les clubs peuvent se permettre des matches sans spectateurs. Et combien de temps. Cela devient vraiment compliqué car la période n’était déjà pas optimale. Les finances ont fortement été impactées à cause de la crise, le sponsoring est en baisse.
Autre souci, le calendrier était déjà très fourni. Quelles sont les solutions avec tous ces matches à reprogrammer ?
Nous avons plusieurs pistes. Mais d’abord il faut réfléchir si cela fait du sens ou non de continuer le championnat. On doit voir si l’équipe nationale jouera effectivement au mois de novembre, si finalement ce n’est pas le cas, cela peut nous libérer de la place pour jouer. Maintenant, il faut aussi voir ce que font les autres fédérations. Il faudrait que toutes aient une ligne cohérente afin de reprendre tous ensemble en même temps. En tout cas, on travaille dans cette direction, on se consulte, c’est la bonne manière de faire.
Vous vous attendiez à cette situation ?
Je savais bien qu’on traversait une période très difficile et que cette saison allait être compliquée. Tout le monde pouvait s’attendre à des complications. Mais je ne m’y attendais peut-être pas aussi tôt. Maintenant, ça ne change pas grand-chose que ça arrive maintenant ou à la mi-novembre.
Personne ne sait si cela sert à quelque chose d’arrêter pendant un mois car on ne sait pas du tout si la situation se sera améliorée d’ici là
Avez-vous des retours de joueurs sur la situation et si oui, que vous disent-ils ?
Les feed-back que je reçois c’est notamment que personne ne sait si cela sert à quelque chose d’arrêter pendant un mois car on ne sait pas du tout si la situation se sera améliorée d’ici là. Il y a de plus en plus de sportifs réticents à l’idée de jouer à cause de leur emploi. Se retrouver en quarantaine à cause du basket, ce n’est pas l’idéal et c’est également à prendre en considération. Si on élabore un concept pour continuer à jouer, il faut que tout le monde soit à bord, sinon ça ne sert à rien.
Vous évoquez les quarantaines. Parle-t-on de quarantaine basket ou de quarantaine totale ?
En fait, en tant que fédération nous n’avons pas l’autorité pour prononcer une quarantaine totale. On s’est concertés avec le ministère de la Santé pour mettre une procédure en place. Ils ont dit qu’ils regardaient 48 heures en arrière et si une personne est testée positive, tous les gens en contact direct sont mis en quarantaine.
Donc on s’est dit que pour faciliter les procédures, on allait dire que si un joueur était testé positif, le club regardait s’il avait participé à un entraînement avec ses coéquipiers 48 heures avant et dans ce cas, on a le droit de reporter le match. En théorie, la quarantaine, c’est cinq jours, le sixième on passe le test et il faut attendre le septième pour avoir les résultats. On a mis ça en place pour faciliter la procédure. Et pour aider au traçage, on a demandé aux clubs d’établir le listing de chaque joueur présent à l’entraînement avec l’ensemble de ses coordonnées pour le joindre facilement en cas de besoin.
Selon vous, y a-t-il un risque qu’il n’y ait plus de basket cette saison ?
Cela dépend des clubs. Ce sont eux qui aideront à prendre cette décision, qui sera en grande partie impactée par les finances. J’ai personnellement le sentiment que jouer des matches, même avec 100 spectateurs, ce n’est pas faisable.
Jouera-t-on le week-end prochain ?
Je ne le pense pas. Maintenant, il s’agit de mon opinion personnelle. Si on voit les chiffres à la hausse, ce serait un peu irresponsable de continuer le championnat le week-end prochain. En plus, ce serait délicat d’être le premier championnat à reprendre alors que tout le monde est à l’arrêt. Il faut une communication avec les clubs et les autres fédérations pour regarder la suite des évènements.
Entretien avec Romain Haas