La FLF a annulé dimanche matin l’intégralité de la 9e journée, dont il ne restait de toute façon plus que quatre rencontres à jouer sur huit prévues. Alors qu’une vague de tests est prévue aujourd’hui et demain chez les clubs touchés, la DN attend de savoir si elle va de nouveau devoir s’arrêter.
Courage, fuyons ! Entre un gouvernement qui offre à la FLF le luxe de choisir l’avenir de son élite en lui disant, en pleine crise sanitaire majeure, qu’elle peut continuer si elle le souhaite, et une fédération qui attend les communications officielles pour déterminer sa ligne de conduite, on a franchi un cap automnal : l’incertitude est finalement encore plus forte et perturbante qu’elle ne l’était en mars.
Dimanche, l’annulation de l’intégralité de la 9e journée de championnat dans la matinée alors que seules quatre des huit rencontres de DN restaient au programme – pourtant initialement maintenues vendredi –, a achevé de plonger le football luxembourgeois dans la perplexité la plus absolue et a occasionné les railleries. « La prochaine fois, s’ils veulent, ils peuvent attendre cinq minutes avant les coups d’envoi pour publier leur communiqué, s’est lâché Alain Gross, vice-président du RFCU. Parce que les bénévoles pour organiser un match, forcément, on n’a qu’à les sortir du tiroir et les ranger ensuite… C’est à se demander s’ils ont déjà géré un club… »
À Mondercange, on s’est retranché derrière la difficulté d’avoir à gérer de front l’organisation du congrès fédéral électif à Useldange (lire en page 21) et la hausse dramatique des cas de Covid qui a fini par rattraper les clubs de BGL Ligue en une semaine seulement. « On avait d’autres choses à faire, commente Joël Wolff, secrétaire général. Mais après analyse de la situation sanitaire, il n’était peut-être pas bienvenu d’organiser des rencontres avec 800 ou 1 000 personnes en tribunes. » Sur les huit matches au programme de la 8e journée de DN, il n’en restait, donc, plus que quatre. Rosport Progrès avait été le premier annulé. Trois positifs à Niederkorn. Differdange – RFCU avait suivi, le club de la capitale ayant vu revenir le virus dans ses rangs. Vendredi soir, Rodange – Strassen était passé à la trappe après que le club hôte a eu droit à son petit test positif, lui aussi. Ce week-end, Hostert – F91 est à son tour sorti de la programmation. En soi, la situation était déjà assez préoccupante pour l’avenir de la BGL Ligue, pourtant initialement passée entre les gouttes de la «censure sanitaire». Mais ce soir, il va falloir débattre de la suite, si suite il y a. Et les questions sont très, très nombreuses.
OÙ EN EST-ON DANS CE CHAMPIONNAT ?
La FLF et sa commission du calendrier ont encore largement le temps de voir venir en termes de journées de rattrapage pour les matches en retard. Et il y en a, quelques-uns, onze très exactement depuis le début de saison.
Le Progrès connaît déjà une des dates de ses trois reports : le 4 novembre contre le RFCU (Hamm F91 se jouera aussi ce jour-là, théoriquement). Le Swift et Rosport ne sont pas encore calés, le concernant. Des Racingmen très impactés aussi, attendent de savoir. Mais le retard est pour l’heure encore sous contrôle.
QUE VA FAIRE LA FLF CE SOIR ?
Le tout nouveau conseil d’administration aura une tâche d’autant plus difficile à gérer qu’il va intégrer de nouveaux membres et que son mode de fonctionnement habituel sera forcément légèrement affecté. Son souci : il n’y a pas une question à régler, mais de multiples questions. La mère de toutes : faut-il continuer. Leur corollaire : si la réponse est oui, comment ? Si la réponse est non, avec quel(s) risque(s) ?
Concrètement, les choses ont bien changé depuis mars et la première décision de mettre un terme à toutes les compétitions de la saison 2019/ 2020. À l’époque, il était possible de se projeter sur une fin de saison, ce qui soulevait des questions mais pas des impossibilités. Aujourd’hui, la nouvelle, celle de 2020/2021, ne fait finalement que commencer et il convient de la mener à terme.
« Il faut qu’on parle avec les clubs mais ce qu’on fera, c’est dur à dire », reconnaît Joël Wolff. Il faudra tout de même arrêter une solution de sortie de crise car c’est bien de cela dont il s’agit, sachant que la plupart des clubs passeront encore des tests ce prochaines heures ou demain afin de déterminer le nombre de cas positifs qui demeurent présents au cœur de leur effectif.
QUELLE EST LA POSITION DES CLUBS ?
À ce moment de l’histoire, la LFL a pris un poids tangible. Aujourd’hui, la fédération se retrouve presque dans l’obligation de leur demander leur avis avant de se déterminer. Or que veulent-ils faire? Eux-mêmes ne le savent pas encore clairement. Karine Reuter, la présidente de la Ligue, a exprimé son opinion personnelle. Selon elle, il faudrait continuer coûte que coûte. Dimanche, le traumatisme de l’annulation a finalement vite cédé la place à la nécessité de penser la suite. « Si on ne peut de nouveau pas jouer pendant un mois, ça va être une véritable catastrophe », disait Gilbert Goergen, vice-président du Fola et élu samedi au conseil d’administration de la FLF. Lui et son nouvel acolyte à Mondercange, Tun Di Bari, le président d’Etzella, ainsi que Leo Hilger (Strassen), maintenu à son poste lors du congrès d’Useldange, ont reçu des coups de téléphone toute la journée d’hier et les sensations qu’ils en ont retiré sont… extrêmement variées. Cela va de la volonté de tout arrêter, comme en mars, à l’impérieuse nécessité de se servir du blanc-seing fourni par le gouvernement – et d’ailleurs réitéré par Dan Kersch, le ministre des Sports, lors du congrès – pour poursuivre.
Il n’est pas exclu que la Ligue décide aujourd’hui de devancer cette réunion de Mondercange pour faire officiellement connaître sa position sur le sujet. Et le boulot des membres qui sont issus des clubs de DN, qu’ils soient nouveaux ou non, sera de « rapporter ce que nos membres nous ont dit », indique Tun Di Bari, qui admet que la « LFL a sa voix désormais » au conseil d’administration.
On ne sait donc rien à l’heure actuelle de la tendance qui l’emporte y compris au sein des principaux intéressés, pas dupes du fait que si le gouvernement leur laisse toute latitude pour s’autodéterminer, c’est parce que cela coûterait cher de remettre le couvert en prenant en charge les salaires de tous les joueurs dotés d’un contrat de travail, en cas de chômage partiel.
LA FLF DOIT-ELLE DÉFINIR QUAND ON PEUT JOUER OU PAS ?
Il y a un souci majeur à l’heure actuelle, mais ce n’est pas un souci négociable : la loi. Si un club se retrouve avec un positif à bord, il n’a pas d’autre choix que de mettre son effectif en quarantaine pour cinq jours. Autrement dit de voir son match annulé. Dans d’autres pays, ligues et fédérations sont parvenues à déterminer des seuils permettant de jouer avec les «négatifs» malgré les «positifs». La Division nationale peut-elle décemment espérer poursuivre sans que la FLF y ait recours ? Jusqu’à présent, cette dernière a toujours affirmé qu’elle procéderait au cas par cas, mais c’est surtout par impossibilité, visiblement, d’aller négocier auprès des autorités civiles les conditions qui lui permettraient de se ménager une marge de manœuvre qui ne soit pas celle dictée par les autorités sanitaires. En a-telle seulement envie en cette période où la solidarité est requise pour tous et par tous ?
Il va falloir régler ce problème car le dilemme est énorme pour une fédération laissée seule face à elle-même : continuer sans règles strictes, ce serait ouvrir la porte à un championnat potentiellement faussé avec de potentiels énormes retards de calendriers pour certains clubs.
PEUT-ON SE DIRIGER VERS UNE DN À HUIS CLOS ?
Personne ne semble plus l’exclure alors qu’en mars dernier, la plupart des clubs se réfugiaient derrière la nécessité d’engranger des recettes de billetterie et de buvette pour survivre. Il faut croire que l’impérieux besoin de mener cette saison à terme (ou en tout cas de l’emmener le plus loin possible) a quelque peu contribuer à atténuer la position des réfractaires.
La plupart des coaches qui soutiennent le besoin de jouer se réfugient derrière cette vérité (?) scientifique qui veut que le risque de transmission du coronavirus soit quand même plus élevé pour les spectateurs assis en tribune plutôt que pour les joueurs en train de courir sur la pelouse. Ce serai un crève-cœur, oui, mais un moindre mal. La DN a plus de matches à jouer cette saison avec ses 16 clubs, avec moins de temps disponible et en mai prochain, elle devra être capable de déterminer quels seront ses représentants en Coupes d’Europe. Et on doute que l’UEFA, toujours aussi moyennement concernée par le développement de la pandémie dans les décisions qu’elle prend, lui donne de nouveau le droit de plier sa compétition comme elle l’entend, comme au printemps dernier.
En outre, un arrêt serait extrêmement dommageable pour son attractivité, déjà bien entamée. Car jusqu’à preuve du contraire, le système de caméras censées être installées par RTL n’est toujours pas opérationnel et sa visibilité deviendrait minimale. Un mal à accepter pour continuer ?
Julien Mollereau