L’excellente coopération entre les Ponts et Chaussées, le CGDIS et la police s’est à nouveau exprimée dimanche matin, à l’occasion d’un exercice sécuritaire grandeur nature, dans le tunnel Markusberg.
Le rendez-vous était très attendu, pour différentes raisons. Tout d’abord de par les obligations d’ordre légal (européennes et nationales), qui enjoignent au Grand-Duché d’effectuer régulièrement (une fois par an pour la plupart des tunnels du pays) un exercice grandeur nature de ce type, dans un tunnel. Ensuite, à cause de la crise sanitaire, car le test de dimanche avait été planifié au mois de mai, avant d’être reporté. Et puis aussi, comme le souligne le directeur adjoint de l’administration des Ponts et Chaussées, Paul Mangen, «ces exercices sont très importants pour accumuler de l’expérience. De plus, le tunnel Markusberg, ouvert en 2003, est spécifique, car il présente une pente assez importante», dans le sens Luxembourg-Sarrebruck (A13).
Ainsi, des dizaines d’hommes des Ponts et Chaussées et du CGDIS, observés par des membres de la police grand-ducale, étaient prêts hier matin à s’attaquer à un scénario catastrophe. Tandis qu’en amont, les membres des Ponts et Chaussées avaient préparé le terrain d’entraînement, en plaçant des barrières et des déviations, pour bloquer le tunnel à la circulation, entre les sorties Mondorf-les-Bains et Schengen.
L’exercice, organisé par le CGDIS et placé sous la direction du capitaine Gilbert Hoffmann, mais également supervisé par le «chef des autoroutes», à savoir le responsable de la Division de l’exploitation de la grande voirie et de la gestion du trafic (DGT) auprès de l’administration des Ponts et Chaussées (qui met le tunnel à disposition), Serge Roos, pouvait démarrer à 9 h 03 précises.
Alors que l’accident fictif avait déjà été simulé, une fausse victime alerte la centrale du 112 depuis une des nombreuses cabines, appelées «niches», se trouvant dans le tunnel. Dans ce dernier, des balises au sol se mettent alors à clignoter, une sirène d’alerte se déclenche et les haut-parleurs se mettent à hurler en boucle et en plusieurs langues : «Attention, danger de mort, veuillez quitter le tunnel!»
Ventilation et double tube : un équipement vital
La voiture a pris feu et de la fumée se dégage de l’habitacle : le système crucial de ventilations se met en marche. «Cela est vital de faire dégager la fumée toxique à l’extérieur du tunnel, en évitant qu’elle ne stagne sous le plafond, et comme le tunnel est conçu selon deux tubes bidirectionnels, il n’y a pas de trafic en sens inverse dans ce tube. Les tunnels du Luxembourg sont d’ailleurs reconnus pour être les plus sûrs de l’UE», souligne Paul Mangen. De l’autre côté, au bout du fil, se trouve le central des secours d’urgence 112 de Luxembourg, à Gasperich, lequel a demandé des précisions au sujet de l’accident, pendant que les caméras du Contrôle et information du trafic sur les autoroutes (CITA) installées dans le tunnel, sont consultées.
Avant, pour lui, de dispatcher et, donc, de dépêcher des hommes venus des casernes des alentours, favorisant une intervention rapide : Remich, Schengen, Aspelt, Mondorf-les-Bains et Bettembourg. «Tout en sachant que les véhicules de secours n’activent pas la sirène et s’arrêtent aux feux rouges, par exemple, car il s’agit d’un exercice», dixit un membre des Ponts et Chaussées, il serait donc inapproprié de chronométrer l’arrivée des secours. Cela étant, voilà les premiers camions de pompiers arrivés très rapidement sur les lieux, depuis le second tube du tunnel, c’est-à-dire en sens inverse.
L’organisation est méticuleuse, chacun connaissant parfaitement son rôle à l’avance. La chaîne se met en place : les premières inspections, le périmètre de sécurité, la mise en place de balises de couleurs différentes à côté des victimes, ou encore des passages sécurisés, le déploiement et le raccordement des lances d’incendie, depuis le camion stationné dans le second tube du tunnel et cela, via l’un des nombreux points de passage sécurisés… jusqu’à l’évacuation des victimes (fictives). La machine est bien huilée et coordonnée. Au final, elle ne peut que rassurer les usagers de la route.
« Le test grandeur nature a très bien fonctionné »
Les conclusions des responsables des Ponts et Chaussées et du CGDIS sont unanimes : le test grandeur nature dimanche a été un succès, aussi bien d’un point de vue organisationnel que dans la rapidité d’intervention.
Voilà qui est rassurant : l’exercice réalisé s’est déroulé de la meilleure des façons prévues. Depuis l’alerte qui a été donnée à la suite de l’accident jusqu’à l’évacuation des victimes, en passant par la mise en place de barrages pour fermer l’A13 et de déviations, sans oublier le timing relatif à l’arrivée des services de secours sur les lieux du sinistre ni l’intervention en elle-même… la chaîne de commandement des secours a géré la situation de façon optimale.
«Une simulation parfaitement cordonnée»
Avant pour Christopher Schuh, le chef de département de la conduite opérationnelle au sein du CGDIS, d’estimer que le test est «un grand succès du point de vue de l’organisation, mais aussi de celui de la rapidité d’intervention des services de secours. Cette simulation a parfaitement été coordonnée». Et d’expliquer que la qualité des infrastructures luxembourgeoises ont également contribué à assurer le succès de cet exercice : «Les tunnels du Grand-Duché sont les plus sécurisés d’UE : deux tubes, un système de ventilation et une multitude de balises, fixées au sol, sur les deux « trottoirs » de chaque tube, qui se mettent à clignoter en cas du déclenchement d’une alerte. Et dans d’autres tunnels comme le tunnel routier du Saint-Gothard, il n’y a qu’un seul tube, et on ne peut faire de ventilation, car le trafic vient en sens inverse dans le même tube.»
En effet, la construction d’un second tube, approuvé par votation populaire en Suisse, permettra la rénovation du tube existant. Il devrait entrer en service fin 2026 et, à partir de 2030 dans le meilleur des cas, les deux tubes seront ouverts à la circulation, avec une voie par tube. De manière générale, Christopher Schuh est d’avis que l’exercice d’hier, «a montré une excellente organisation et coordination entre Ponts et Chaussées et CGDIS; bref, il a très bien fonctionné».
Le prochain exercice au tunnel du Cents
De son côté, le directeur adjoint de l’administration des Ponts et Chaussées Paul Mangen a confirmé les propos : «L’exercice grandeur nature a très bien été accompli.» Le prochain exercice de ce type se tiendra dans le tunnel du Cents, au printemps 2021. À noter, enfin, qu’une galerie et une niche d’entraînement seront opérationnelles, l’an prochain, au sein même du CNIS.
Claude Damiani