Le lac de la Haute-Sûre a été pris d’assaut cette année encore. La pandémie a accéléré la recherche de solutions aux problèmes tant logistiques qu’écologiques liés à cette forte fréquentation.
Qui n’a jamais trempé ses pieds dans le lac de la Haute-Sûre par une chaude journée d’été? Cette activité accompagnée en général de boissons fraîches et de viandes grillées a presque le statut de tradition pour de nombreux résidents luxembourgeois. Comme on va au marché de Noël ou à la Schueberfouer, on doit aller au moins une fois par été au Stauséi. Enfin, ça c’était avant la pandémie de Covid-19.
En cet été particulièrement ensoleillé, les Luxembourgeois se sont laissé tenter en masse par les plages ombragées et l’eau fraîche au point d’en oublier les règles de distanciation sociale et les mesures d’hygiène mises en place pour contrer le virus. La police avait dû intervenir à la fois pour réguler le trafic entre les parkings de Lultzhausen et Insenborn ainsi que pour rappeler les règles de santé publique.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, s’était même rendu sur place le 25 juillet afin de se rendre compte de la situation après qu’un système de réservation de places a été mis en place les samedis et les dimanches sur les six plages pour réguler l’afflux de baigneurs. Le concept de «Vakanz Doheem», les vacances à domicile, prôné par le ministre du Tourisme a été un peu trop bien suivi.
«Le samedi et le dimanche, il fallait avoir réservé sa place pour accéder au lac. Les places étaient limitées à une pour dix mètres carrés. Sur un week-end, nous pouvions accueillir au maximum 5000 personnes, donc moins que la fréquentation des week-ends lors d’un été normal», rappelle Paul Ihry, le gestionnaire de l’office régional de tourisme du nord du pays.
Des réflexions à mener
Le ministère de l’Aménagement du territoire va organiser prochainement une réunion rassemblant les différents ministères concernés, les administrations et les communes bordant le lac pour réaliser un bilan des actions mises en place cet été et pour déterminer comment s’organiser à l’avenir.
«Les différents parcs naturels et les différents acteurs du secteur sont très concernés par la situation, indique Paul Ihry. Reste à savoir quelle sera la situation l’année prochaine. Vivrons-nous toujours en situation de crise sanitaire? En ce qui me concerne, cela ne me paraît pas improbable que le système des réservations soit maintenu à l’avenir. Mais sous quelle forme et avec quelles améliorations, nous y réfléchissons encore. Les réunions se succèdent pour trouver des solutions aux nombreux problèmes qui sont apparus, qu’il s’agisse du parking, des réservations, des déchets…»
Certaines solutions ont déjà été mises en place cet été comme la navette gratuite qui faisait le tour du lac, entre autres. Et certains problèmes ne sont pas apparus avec la pandémie, comme le stationnement sauvage, par exemple.
La question de la sécurité
L’afflux de visiteurs n’est pas sans conséquences sur la nature environnante. La création d’un poste de ranger a notamment été évoquée, mais rien n’aurait encore été décidé pour le moment. Le parc naturel de la Haute-Sûre a pour mission la promotion du tourisme et la protection de l’environnement naturel, de la flore et de la faune. Différents organes et fonctions ont été créés pour y parvenir, comme le partenariat de cours d’eau Haute-Sûre, la station biologique ou les animateurs Natura2000 et eau potable.
Un concept de sécurité concernant la fréquentation du lac de barrage en été est réalisé chaque année en partenariat avec les différentes communes et la direction régionale nord de la police. Ce concept est régulièrement revu et adapté. Une réunion à ce sujet devrait avoir lieu en début d’année prochaine, selon les ministres de l’Environnement, de la Sécurité intérieure et de l’Aménagement du territoire, en réponse à une question parlementaire de trois députés libéraux.
Les unités locales de police qui participent à l’effort collectif en assurant une présence régulière et rassurante autour du lac y sont intégrées. «Cela correspond à la méthode efficace et économique en matière de ressources d’un commissariat temporaire comme il en existe depuis longtemps au sein de la police pour assurer une prévention garantie et la proximité avec les citoyens quand un évènement local de grande envergure et limité dans le temps le requiert de manière objective», répond Henri Kox, le ministre de la Sécurité intérieure.
Sophie Kieffer
L’office de tourisme Éislek défend son territoire
Au printemps dernier, l’office régional du tourisme ORT Éislek avait lancé une campagne en partenariat avec l’Horesca sous le hashtag «Endlech nees» (NDLR : «enfin à nouveau» en français) pour donner des pistes de découverte de la région une fois le confinement levé. Elle s’est mélangée à la campagne du ministère du Tourisme «Vakanz Doheem» et aux mesures qui l’ont accompagnée.
«Le bon de 50 euros nous a d’ailleurs été très bénéfique et a permis de compenser les pertes dues à une baisse de fréquentation pendant la première partie de la saison», souligne Paul Ihry. «Il a sauvé la saison.»
Une application pour smartphones dédiée permet aux visiteurs de se renseigner sur la région en toute sécurité sans avoir à manipuler de prospectus.