Exploit ! Le milieu de terrain d’Ehlerange a inscrit un triplé face à Berbourg (PH), éliminé (4-3) dimanche de la Coupe du Luxembourg, en partie à cause du petit-fils d’un ancien coéquipier de Michel Platini.
D’habitude, il y a plus de monde au stade Schuman, pour voir jouer Ehlerange, le 3e de Division 2 série 2, mais la grosse centaine de spectateurs présents pour ce match de Coupe contre Berbourg s’en souviendra peut-être comme le jour où un milieu de terrain reconverti avant-centre – «parce qu’on n’a pas d’attaquant», avoue son entraîneur, Mike Lohei – a abattu à lui tout seul un club installé deux échelons au-dessus. Mais qui prend trop de buts à l’heure actuelle (au moins trois sur ses quatre dernières rencontres) pour résister au jour de grâce d’un petit jeune de 24 ans.
Après 15 secondes, Étienne Treviglio avait déjà volé un ballon et ouvert le score. Il remporte ensuite un duel avec le gardien adverse en partant parfaitement dans le timing, sur la profondeur d’une passe de Joao Maltez. Puis profite d’un incroyable travail de son ailier gauche (Kevin Mordiconi, auteur d’un petit pont et d’un grand pont sur l’action) pour jaillir plein axe du plat du pied. Ses trois premiers buts de l’année valent un seizième de finale.
Papy jouait avec Michel Platini à Jœuf
«Oui, je faisais un petit blocage avant. J’ai raté beaucoup de duels», sourit Treviglio, qui venait de passer sept rencontres sans marquer. «Mais ce n’est pas sa faute», appuie Lohei. «Étienne, c’est un gars magnifique et footballistiquement au-dessus des autres.»
Au-dessus peut-être, mais humble. Quand l’ancien international espoirs Mirko Albanese a expliqué qu’il n’avait plus les moyens de venir et que le club s’est retrouvé sans numéro 9, Treviglio s’est lancé dans «un dépannage». Il a pris par contre «des conseils» auprès de l’ancien joueur du FC Differdange 03. «Il m’a dit ce qu’il fallait faire, puisque normalement, c’est Mirko qui devrait être là. Il m’a dit de ne pas trop décrocher, parce que j’ai trop tendance à m’éloigner de la pointe, de garder le ballon pour permettre à tout le monde de remonter, mais de ne pas hésiter à y aller si je voyais une opportunité, de flairer les coups sur la profondeur…» Donc, merci Mirko, aussi.
Treviglio ne vient pas de nulle part non plus. Il a juste très mal pris la naissance du Titus Pétange en 2015. Formé par le CSP auquel il était «très attaché», il a refusé d’aller «enfiler un maillot de Lamadelaine» pour finir ses années de juniors et a donc filé à… Rodange, où il a raté «le moment charnière». Pas motivé à l’idée de jouer dans une équipe réserve, ce petit-fils d’un ancien coéquipier de Michel Platini à l’époque où le légendaire milieu de terrain jouait encore dans son club de Jœuf («ensuite, mon grand-père est parti à Homécourt et ils jouaient l’un contre l’autre»), il a filé rejoindre des potes à Ehlerange et cinq ans après une fusion qui l’a finalement laissé sur le bord du chemin, son petit moment de gloire… c’était samedi.
En attendant peut-être la montée, en fin de saison? «On n’en est pas là. Ces dernières saisons, on s’est souvent retrouvés 2e ou 3e et on n’est pas monté pour autant. On a toujours été trop vite en besogne et dans cette équipe, on a tous appris à ne pas s’enflammer», calme Treviglio. Recruter un 9 cet hiver pourrait lui semblerait optimiser les chances de son club «et cela ferait moins léger». Léger, ce n’est sûrement pas le mot qu’utiliseraient les défenseurs de Berbourg pour évoquer leur bourreau.
Julien Mollereau