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France : perspectives sombres pour le tourisme à la Toussaint


La résurgence du virus fait planer le doute sur les envies de voyage (Photo : AFP).

Le gouvernement a encouragé les Français qui le veulent et le peuvent à partir en vacances lors de la Toussaint, mais les contraintes sanitaires pèsent pour le moment sur les prévisions du secteur touristique, notamment dans les grandes métropoles frappées par un couvre-feu.

« J’incite les Français à réserver » pour les vacances de la Toussaint, avait déclaré lundi le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, promettant que le gouvernement allait « tout faire » pour que la saison touristique « jusqu’à Noël puisse se dérouler ».

« Les professionnels ont réitéré leurs engagements (…) que les réservations annulées ne coûtent rien aux Français », avait-il ajouté.

Mais les incertitudes sanitaires, en pleine remontée en puissance du Covid-19, bousculent malgré tout les plans de nombreux Français.

Lundi 12 octobre, quand a eu lieu le Comité interministériel consacré au secteur du tourisme (CIT) cinq jours avant les vacances, le taux de réservation n’était que légèrement supérieur à 13% (13,3% en régions, 13,9% en Ile-de-France), contre environ 47% un an plus tôt (37,9% en régions, 55,9% en Ile-de-France), selon le cabinet spécialisé MKG Consulting.

« La tendance est assez catastrophique pour le tourisme urbain, et le fait d’avoir un couvre-feu n’arrange pas les choses », confirme auprès de l’AFP Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.

Les chiffres de MKG le disent: c’est particulièrement le cas pour Paris et sa région, déjà amputés du tourisme étranger.

Mais pas seulement: « il y a aussi un impact pour des métropoles qui avaient eu tendance à ne pas trop mal s’en sortir cette année, comme celles d’Aix-Marseille ou de Montpellier », observe Didier Arino. « Elles avaient réalisé un été tout à fait correct et se retrouvent prises dans cette tourmente et dans un cycle de nouveau négatif ».

Bretagne et Normandie dynamiques

Depuis minuit samedi, les habitants de l’Île-de-France et des métropoles de Lyon, Lille, Toulouse, Montpellier, Saint-Etienne, Aix-Marseille, Rouen et Grenoble ont pour obligation de rester chez eux entre 21h à 6h, sauf dérogations, notamment pour les personnes qui rentrent du travail, font valoir un impératif de santé ou rendent visite à un proche en situation de dépendance.

Le tourisme rural peut-il bénéficier de la situation? Dynamique durant l’été, il « ne représente pas des volumes considérables à cette période de l’année », rappelle Didier Arino. Mais les zones littorales restent selon lui dynamiques, plébiscitées notamment par les Franciliens désireux d’échapper au couvre-feu. C’est le cas pour la Normandie ou la Bretagne par exemple.

Car le gouvernement n’a pas interdit les déplacements dans le pays, et certains territoires ont voulu anticiper un afflux de touristes, comme la station balnéaire huppée du Touquet-Paris-Plage, qui va instaurer à son tour un couvre-feu. En Loire-Atlantique et Vendée, les préfectures ont pris des mesures pour élargir l’obligation de porter le masque.

Ce phénomène d’exode des zones de couvre-feu « peut permettre une accélération des réservations de dernière minute, mais au global on est encore à des niveaux de -40% de réservation par rapport à l’an dernier », un recul « important », observe encore Didier Arino.

C’est d’autant plus dommageable pour le secteur que les vacances de la Toussaint étaient de plus en plus plébiscitées par les Français ces dernières années, avec environ 8 millions de départs l’an passé.

Enfin, les départs à l’étranger restent faibles: les Français sont beaucoup moins attirés par les grandes villes européennes à l’heure du Covid, et les départs en vol long courrier sont très compliqués, entre destinations fermées et mesures de quatorzaine.

Inquiétant, pour un secteur touché de plein dans son activité depuis plusieurs mois.

Au 25 septembre, parmi les mesures d’urgence débloquées par le gouvernement, 758,3 millions d’euros ont été accordés via le Fonds de solidarité à 527.834 entreprises, soit un montant moyen de 1.437 euros versés.

Quant au Prêt garanti par l’Etat (PGE) « tourisme » géré par Bpifrance, « qui peut se contracter sur 10 à 12 ans », a rappelé M. Lemoyne sur Europe 1, il a été attribué ou pré-attribué à 187.767 entreprises pour un montant global de 18,4 milliards d’euros, ce qui fait un montant moyen de 97.473 euros.