La sortie de la crise économique, provoquée par la pandémie du Covid-19, passera notamment par un niveau d’investissement record de la main publique. Mercredi, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a dévoilé les contours du budget de l’État 2021. Un déficit cumulé de 1,7 milliard d’euros est attendu.
Dans la foulée de la déclaration du Premier ministre sur l’état de la Nation, mardi, il est revenu ce mercredi au ministre des Finances de chiffrer les perspectives d’avenir dressées la veille par Xavier Bettel. «Le budget 2021 est un budget exceptionnel pour une époque exceptionnelle. Le gouvernement a su ficeler un paquet à la hauteur des défis que représente cette crise inédite pour notre pays. Le budget 2021 met l’accent sur la solidarité avec les salariés et les entreprises, le renforcement des infrastructures, le logement et la relance durable, grâce à des investissements à un niveau record», résume Pierre Gramegna.
Comme d’habitude, le dépôt d’un projet de budget de l’État se veut très technique. Le ministre des Finances a cependant tenu à souligner que «la bonne situation financière a non seulement permis de prendre les mesures nécessaires pour s’attaquer à la crise sanitaire mais aussi de maintenir les objectifs que le gouvernement s’est fixés à plus long terme». Les investissement vont se concentrer sur la solidarité, le logement, le développement durable et la compétitivité. «Il serait faux de réduire les dépenses à un moment où les entreprises se posent des questions existentielles», insiste le trésorier en chef de l’État, qui assume pleinement le choix de clôturer l’année budgétaire 2021 sur un nouveau déficit majeur.
Des dépenses globales de 21,8 milliards d’euros
«Ce sont les investissements qui vont aider le Luxembourg à surpasser plus rapidement la crise», enchaîne Pierre Gramegna. Comme annoncé dès mardi par le Premier ministre, un programme d’investissement ambitieux constituera l’épine dorsale du budget 2021. L’État va investir 2,7 milliards d’euros, soit l’équivalent de 4,3 % du PIB. Il s’agit d’un «record historique», met en avant le ministère des Finances dans un communiqué. «En effet, ce niveau dépasse de loin celui de l’avant-crise, qui oscillait autour de 3,7 % du PIB», ajoutent les services du ministre Gramegna.
Après avoir débloqué 22,9 milliards d’euros pour cette année 2020, les dépenses globales de l’État central vont légèrement baisser à 21,8 milliards d’euros en 2021 (-4,9 %). Pratiquement la moitié des dépenses (48 %) du budget 2021 est dédiée aux prestations sociales, subsides et subventions dans le domaine social. Les investissements publiques représentent 13 % du budget global.
Le ministère du Logement va disposer en 2021 d’une enveloppe de 263 millions d’euros, soit 11 % de plus qu’en 2020. S’y ajoutent 141 millions d’euros qui vont alimenter le Fonds spécial de soutien au développement du logement. En 2024, ce même Fonds sera doté de 248 millions d’euros. Pour la seule construction de logements abordables, 136 millions d’euros sont prévus.
Une enveloppe de 547 millions d’euros est réservée pour des investissements dans le domaine de la mobilité et du climat. L’accent est mis notamment sur le développement continu du réseau ferroviaire et du tram, de même que sur la mobilité douce.
Le Fonds pour le financement des infrastructures hospitaliers prévoit en 2021 des dépenses de l’ordre de 61 millions d’euros. Cette enveloppe va progressivement augmenter pour atteindre en 2024 les 153 millions d’euros. Ce budget sera notamment consacrée à l’extension du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) et la construction du futur Südspidol à Esch-sur-Alzette.
Le Fonds pour l’emploi va être alimenté de 150 millions d’euros supplémentaires pour atteindre un budget de 1milliard d’euros. En 2019, un budget initial de 711 millions d’euros avait été fixée.
La dette publique va passer à 18,9 milliards d’euros
Le budget 2020 de l’Administration publique (cumul de l’État central, de la Sécurité sociale et des communes) va se solder par un déficit de 4,4 milliards d’euros. Pour 2021, le ministère des Finances table sur une «amélioration significative» du solde. Le déficit sera réduit de plus de la moitié et atteindra 1,7 milliard d’euros. En 2018 et 2019, l’Administration publique avait dégagé des soldes positifs de 1,841 milliard d’euros et 1,543 milliard d’euros.
En parallèle, la dette publique va continuer à augmenter pour atteindre fin 2021 18,9 milliards d’euros ou 29,4 % du PIB. «Si on retire les 3 milliards d’euros votés par la Chambre pour financer les mesures Covid, la dette retombe à 15,9 milliards d’euros ou 24,7 % du PIB», précise le ministre des Finances. Indépendamment de cette opération comptable, Pierre Gramegna se dit conscient que la dette publique «va osciller ces prochaines années autour des 30 % du PIB». Il s’agit de la barre fixée par le gouvernement pour éviter au pays de s’endetter outre mesure. «Malgré tout, il s’agit d’une meilleure perspective que celle d’établir un paquet d’austérité empreint d’idéologie ou de renoncer aux innovations et investissements», martèle le ministre.
Le vote prévu en décembre
Après le dépôt formel du budget, les travaux en commission parlementaire vont commencer. Le rapporteur du budget 2021 est François Benoy (déi gréng). La Chambre des députés sera appelée à voter le budget courant décembre.
David Marques
Tous les détails du budget de l’État 2021 sont à retrouver sur le site officiel du gouvernement : budget.public.lu