Les réactions de l’opposition au discours sur l’État de la Nation, prononcé mardi par le Premier ministre, se font particulièrement acerbes. Un exercice au contraire salué par la majorité.
« On est resté sur notre faim »
Martine Hansen (CSV) : «Le Premier ministre s’est contenté de dresser un état des lieux. Il a décrit la situation actuelle et a rappelé les points inscrits dans l’accord de coalition. Avec ces deux seuls éléments, une grande partie des deux heures de discours était déjà écoulée. Une série de mesures ciblées ont bien été annoncées, mais une véritable perspectives pour la relance post-Covid fait toujours défaut. On a néanmoins besoin de perspectives claires dans le domaine de l’économie, de l’environnement, du logement et des finances publiques. On est clairement resté sur notre faim. L’impact financier des mesures annoncées reste lui aussi à évaluer. La suppression de certaines échappatoires fiscales est certainement à saluer, mais je crains que d’autres échappatoires ne finissent par s’ouvrir. Les véritables solutions manquent.»
« On mise sur un statu quo »
Fernand Kartheiser (ADR) : «J’ai eu l’impression d’avoir assisté à une paraphrase de l’accord de coalition. Le gouvernement manque de la flexibilité nécessaire pour s’attaquer en profondeur à cette crise. On mise plutôt sur un statu quo. Ce qui me dérange également, c’est la minimisation de la situation des finances publiques. La gravité qu’aura la dette publique sur les futures générations est énorme. Il existe aussi encore un manque de clarté en ce qui concerne la réforme du régime des Fonds d’investissement spécialisés. Par contre, je me dois de saluer l’idée d’introduire un test de durabilité en amont de l’arrivée de nouvelles industries et entreprises. Il s’agit d’une revendication de longue date de l’ADR. Notre objectif commun reste la lutte contre la crise sanitaire, mais les méthodes pour y parvenir diffèrent fortement.»
« Un discours libéral »
Marc Baum (déi Lénk) : «Par rapport à 2019, le Premier ministre n’a pas livré de meilleure copie. Il est décevant de voir le manque de répondant face à la gravité de la crise. Il s’est contenté de faire une rétrospective des deux dernières années pour pouvoir se taper sur l’épaule. Très peu de perspectives pour sortir de la crise ont été énoncées. Xavier Bettel a répété le programme de coalition comme si c’était une litanie. La situation est très inquiétante, mais on n’a rien entendu sur la lutte contre le chômage, qui risque d’exploser, la lutte contre les inégalités sociales ou la pauvreté. Son discours était on ne peut plus libéral. La Place financière a pris bien plus de place que le logement. La déclaration n’a pas été en relation avec la situation à laquelle le pays doit faire face.
« Un manque de leadership »
Sven Clement (Parti pirate) : «On est désormais habitué au manque de substance des déclarations sur l’état de la Nation. Beaucoup de chiffres qui étaient connus de longue date ont été évoqués. Bon nombre de constats ont également été dressés, mais ce n’était pas forcément les bons. Le Premier ministre refuse toujours de parler de crise du logement en évoquant de simples problèmes, mais aussi de crise climatique en parlant uniquement de changement climatique. On n’a rien entendu non plus sur les pistes en vue de la relance de l’économie. La déclaration a été bien plus une rétrospective. Je me suis même dit à un moment qu’il s’agissait d’un « best of » des discours de la ministre Paulette Lenert. Xavier Bettel a manqué à tous les égards de leadership. Les gens s’attendent à plus en cette période de crise.»
Le Quotidien
« Un discours très engagé »
Gilles Baum (DP) : «Nous avons entendu un discours très engagé d’un Premier ministre qui est décidé à sortir le pays de cette crise. Nous savons ce qui nous attend. L’objectif majeur est de sauver des emplois et permettre aux entreprises de garder la tête au-dessus de l’eau. En même temps, les mailles du filet social doivent être renforcées. Dans ce contexte, il est important de prolonger le chômage partiel en 2021 et d’introduire de nouvelles aides ciblées. Le discours s’est caractérisé par une vision à long terme, que ce soit au niveau de l’équité fiscale, de la protection du climat ou de la création de logements abordables. Tout ce qui a été dit me remplit d’optimisme.»
Georges Engel (LSAP) : «D’aucuns affirment que le Premier ministre a parlé deux heures pour ne rien dire. Je ne partage pas cet avis. Xavier Bettel a évoqué toute une série de choses. Il a dressé un bon bilan de la situation à laquelle le pays fait face, mais a aussi annoncé les mesures pour avancer. Nous voulons tous un retour à une plus grande normalité. C’est l’objectif que nous poursuivons. En tant que LSAP, on se réjouit plus particulièrement que le Premier ministre ait souligné l’importance d’un État-providence fort. Notre modèle social a fait ses preuves. La crise a prouvé que l’on avait plus que jamais besoin de solidarité. De plus, avec l’abolition du régime des stock-options, l’État va récupérer 105 millions de recettes, argent qui pourra être investi, notamment dans le domaine du climat.»
Josée Lorsché (déi gréng) : «Un long discours était une nécessité au vu des multiples crises auxquelles le pays est confronté. Pour tout évoquer en détail et présenter des solutions, il a fallu du temps. Le Premier ministre a même procédé à un changement de paradigme par rapport à ses discours antérieurs sur l’état de la Nation. La cohésion et l’équité sociale tout comme une économie plus résiliente sont nécessaires pour éviter de nouvelles crises. La protection de l’environnement est un autre facteur majeur, tout comme le renforcement de notre système de santé.»