Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Parler de médiocrité au sujet du match du Luxembourg contre Chypre, ce serait trop fort. Après la défaite contre le Liechtenstein, on savait pertinemment que Luc Holtz remettrait sur le terrain sa formation titulaire. Rien de surprenant. Mais il y a plusieurs réflexions qui s’imposent. Chronique de Sébastien Grandjean.
Déjà concernant le poste de Mica Pinto, dans le couloir, en tant que milieu gauche. Le problème, c’est qu’il a tous les réflexes de l’arrière latéral qu’il est. Il manque de la créativité qu’on attend à cet endroit du terrain en sélection nationale, à un poste qui a une importance capitale. Mica Pinto me semble être un joueur qui doit avoir le ballon dans les pieds, et pas le demander dans la profondeur. Or dans l’animation de cette équipe, c’est pourtant important. Je ne sais pas si cela peut être une solution à ce poste.
En début de match, les Chypriotes ont mis une grosse pression sur la relance luxembourgeoise et ça a pas mal embêté l’équipe pour ressortir, pendant dix bonnes minutes et c’est resté, finalement, le fil conducteur de tout le match. On se rend compte qu’avec un ou deux joueurs capables de faire le geste juste dans les trente derniers mètres, pas sûr que le Grand-Duché ait gagné ce match, alors qu’il a pourtant eu beaucoup d’occasions et que son succès est mérité.
Deville serait un peu sacrifié
Mais voilà, il a eu de grosses lacunes dans l’animation offensive, avec notamment des frères Thill qui ont semblé très émoussés, ou un Gerson qui a passé son temps à rouspéter après tout le monde. Tiens d’ailleurs, je m’arrête un instant pour le dire : ce n’est pas la bonne attitude. C’est néfaste et pas constructif. Ni pour son équipe, ni pour lui. Il a d’ailleurs raté tout ce qu’il a entrepris. Soyons clair : Gerson a, aujourd’hui, le statut de plus grand professionnel de l’histoire du Luxembourg. Le garçon va disputer la Ligue des champions. Il ne PEUT PAS avoir ce genre d’attitude. Un grand joueur, sur un match comme samedi contre Chypre, doit marquer deux buts.
Danel Sinani, par exemple, n’a pas fait un grand match, mais il a été froid. Si on le met en face, le score est peut-être inversé. Là, il y a victoire, d’accord mais on pourrait le dire comme ça : il y a victoire, mais… On est resté sur notre faim au niveau du contenu.
Revenons sur Gerson. Je pense qu’il faut le laisser jouer ses un contre un. C’est là qu’il est bon, quand il rentre dans un défi frontal avec un adversaire direct. Il serait plus performant que face à deux gars qui en plus, à Chypre, n’étaient pas nés de la dernière pluie. J’estime qu’il devrait garder son côté et pas l’axe. C’est pareil pour Sinani, qui doit lui venir de la deuxième ligne pour être le plus efficace et qui ne peut pas être aligné en pointe. Non, il nous faut trouver un vrai n°9, un gars qui prend de la place et qui en fait pour les autres et leur permet de garder leur élément de surprise. Mais il faudra être clair avec ce joueur, qui pourrait être Deville : il sera un peu sacrifié, comme Giroud en équipe de France. Il ne sera peut-être pas décisif en termes de buts mais ses mouvements feront de la place pour les meneurs…
Sébastien Grandjean
