Y aura-t-il assez de vaccins contre la grippe saisonnière ? Les appels à se faire vacciner sont nombreux pour éviter que l’épidémie de grippe ne s’ajoute à celle du Covid-19, et face à un risque de pénurie, l’État français a commandé un surplus de vaccins.
Avant le début de la campagne de vaccination contre la grippe mardi, une floraison d’appels a été lancée en faveur de cette vaccination, notamment par l’Académie de médecine, les sociétés savantes de pédiatries ou des députés de la majorité. Le but : éviter que des malades de la grippe ne s’ajoutent à ceux du Covid-19 et engorgent encore plus les hôpitaux.
Mais une demande trop forte pourrait entraîner des ruptures de stock, au risque de ne pas pouvoir vacciner les populations les plus vulnérables aux formes graves de grippe. Or, ce sont la plupart du temps les mêmes qui sont particulièrement touchées par le Covid-19.
Tout en rappelant la nécessité de la vaccination, l’Académie nationale de pharmacie avait mis en garde lundi contre « une psychose qui pourrait, via une demande trop importante, entraîner des ruptures ».
Demande mondiale
Dans une lettre du 20 août adressée à l’Ordre national des pharmaciens, la direction générale de la Santé leur demande de réserver les vaccins contre la grippe aux seules populations à risque ciblées par les recommandations vaccinales, a minima jusqu’au 30 novembre.
« Les pharmacies sont invitées à privilégier ce public-là », avait martelé le ministre de la Santé, Olivier Véran, jeudi lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Et d’évoquer également des éléments liés au calendrier. « Quelqu’un en pleine santé qui se ferait vacciner en octobre contre la grippe n’aurait pas de protection avérée contre le virus qu’il contracterait au mois de janvier », a estimé le ministre, sans toutefois préciser pourquoi cet argument ne s’appliquerait également pas aux personnes à risque.
Près de 16 millions de personnes à risque de contracter la grippe saisonnière (plus de 65 ans, personnes atteintes de certaines maladies, dont l’asthme, le diabète, obésité majeure, femmes enceintes…) sont destinataires d’un bon de prise en charge du vaccin, envoyés par l’Assurance maladie. En outre, 316 060 professionnels de santé libéraux en sont également bénéficiaires.
« Pour la première fois, en plus des commandes des officines, nous avons procédé à des sécurisations de commandes d’État et nous avons 30% de doses de vaccins en plus que les années précédentes », avait dit Olivier Véran lors d’une audition au Sénat le 24 septembre.
Alors que l’hiver approche, la compétition entre pays pour des vaccins risque de s’accroître. Cela a incité les laboratoires pharmaceutiques à augmenter leur production, comme Sanofi (+20%).
Double infection
Outre les vaccins InfluvacTetra (laboratoire Mylan) et VaxigripTetra (Sanofi Pasteur), disponibles sur le marché français, l’État a commandé des vaccins américains « haute dose », le Fluzone High Dose, indique-t-on au ministère de la Santé. L’autorisation d’importation dépend de l’Agence du médicament. Fin juillet, la Haute autorité de santé (HAS) avait recommandé d’intégrer à la stratégie de vaccination le Fluzone de Sanofi, destiné « aux 65 ans et plus et tout particulièrement les plus à risque, en cas de tensions d’approvisionnement ».
La grippe saisonnière touche chaque hiver 2 à 6 millions de Français et entraîne un grand nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations. Elle est responsable de 8 000 à 14 500 décès au cours des trois dernières saisons grippales, dont la très grande majorité chez des personnes vulnérables.
En outre, des co-infections (attraper en même temps le coronavirus et la grippe) ont été rapportées dans plusieurs pays. Le risque de décès a plus que doublé chez les personnes qui avaient le Covid-19 et également la grippe, selon la revue médicale BMJ.
LQ/AFP