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Virus : Madrid en pleine confusion après le rejet du bouclage partiel par la justice


Isabel Diaz Ayuso a aujourd'hui exhorté tous les habitants à rester dans les limites de la ville malgré une décision de justice qui a fait l'effet d'une bombe. (photo AFP)

La confusion s’est encore accrue à Madrid jeudi après le rejet par la justice du bouclage partiel de la capitale espagnole en pleine bataille contre la deuxième vague de Covid-19 en Espagne, l’un des pays européens les plus touchés.

La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre jeudi matin : le Tribunal supérieur de justice de Madrid a invalidé les mesures de confinement partiel en place depuis vendredi soir, jugeant qu’elles ne respectaient pas les « droits » et les « libertés fondamentales » des 4,5 millions de personnes concernées.

Depuis leur entrée en vigueur pour une durée de deux semaines, les habitants de la capitale et de neuf autres communes proches ne peuvent pas quitter la municipalité où ils résident, sauf dans quelques cas bien précis, principalement pour se rendre à leur travail, chez le médecin ou à l’école. Ils ne sont donc pas confinés chez eux, comme cela avait été le cas au printemps au moment de la première vague de la pandémie, mais leur liberté de circulation est fortement restreinte.

L’objectif est de briser la chaîne de contamination, afin de freiner la hausse vertigineuse du nombre des cas de Covid-19 dans la région de Madrid, l’une des capitales européennes les plus touchées par cette maladie avec près de 600 cas pour 100 000 habitants sur 14 jours, contre 257 dans le reste de l’Espagne, un taux déjà bien supérieur à la moyenne européenne. Sans le feu vert de la justice, la police ne pouvait pas infliger d’amendes aux personnes ne se pliant pas à ces mesures.

Ces dernières semaines, le même tribunal madrilène avait déjà validé d’autres mesures restrictives prises par les autorités régionales, par exemple l’interdiction des réunions de plus de six personnes. Mais cette fois-ci, il a estimé que les mesures de bouclage partiel n’avaient pas de « fondement légal » car elles ont été imposées par le gouvernement central, alors que la santé publique est du ressort des régions en Espagne. « Il ne suffit pas que les mesures soient proportionnées ou adéquates. Il faut qu’elles aient (…) une base légale », a expliqué le spécialiste en droit Federico de Montalvo à la télévision publique.

Chaos politique

Cette décision vient encore aggraver le chaos politique dans lequel est plongée depuis plusieurs semaines la lutte contre la pandémie à Madrid, où le gouvernement central de gauche de Pedro Sanchez et le gouvernement régional de droite défendent des politiques différentes pour stopper le coronavirus.

Le premier avait fini par imposer le bouclage partiel de la capitale et de neuf villes voisines au terme de tractations acharnées avec l’exécutif madrilène, qui s’y opposait, notamment par crainte de son impact économique.

Le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire (PP, opposition de droite), a une préférence pour les dispositifs limités visant les quartiers les plus touchés par le virus.

« Il y a une grande confusion, parce que moi, en ce moment, je ne sais pas si j’enfreins une règle ou pas », a réagi, quelque peu désabusé, un retraité madrilène de 70 ans, Carlos, auprès de l’AFPTV.

Après quelques heures de flottement, la présidente de la région de Madrid a demandé à la population de ne pas sortir de la ville malgré la décision de justice, afin de ne pas compromettre la lutte contre la pandémie.

Isabel Diaz Ayuso l’a incitée à « suivre toutes les recommandations sanitaires, en particulier dans les prochains jours avec le week-end prolongé » en raison de la fête nationale, qui sera célébrée lundi et donne normalement lieu à de grands chassés-croisés.

« Éviter une confusion encore plus grande »

La dirigeante du PP a aussi annoncé qu’elle renonçait à un recours déposé par la région devant un autre tribunal, l’Audience nationale, « afin d’éviter une confusion encore plus grande ».

D’Algérie, où il était jeudi en voyage officiel, Pedro Sanchez a simplement déclaré que le gouvernement allait « analyser » la décision de justice et voir « le chemin que nous pouvons prendre ».

« Il faut être conscient de la gravité de la pandémie à Madrid, être conscient qu’il faut maintenir ces mesures pour pouvoir rapidement ramener la situation sous contrôle dans la région de Madrid », a-t-il souligné.

Le nombre des cas connus de Covid-19 a dépassé cette semaine les 800.000 en Espagne, qui compte plus de 32.000 morts et est l’un des pays de l’UE ayant le plus grand nombre de cas par rapport à sa population.

AFP/LQ